Deux sondages confirment l’appétit des quincailleries pour les produits locaux et la solidarité avec leurs fournisseurs

Hautement préoccupés par la guerre commerciale qui semble s’installer avec les États-Unis – et possiblement avec la Chine en contre-coup – quincailliers et fabricants réclament des actions des groupements d’achat, des gouvernements… et de leur association patronale.

L’AQMAT a mené deux enquêtes express pour prendre le pouls des marchands et de leurs fournisseurs en quincaillerie et matériaux. En quelques jours, 32 manufacturiers et 62 marchands viennent de répondre à cinq questions.

On peut accéder à tous les détails du sondage pour les marchands ici et pour les fournisseurs ici,  mais résumons les plus grands consensus.

C’est dans une proportion de 87,5 % que les fournisseurs se disent préoccupés par la crise qui se dessine dont 59 % se disent même « Très préoccupés ».

Du côté des quincailliers, le taux grimpe à 90 %, mais la strate « Très préoccupé » a été répondue par 37 %.

Ce graphique synthétise les réponses des deux groupes sondés.

Les manufacturiers craignent particulièrement la hausse des prix des composants, 72 % classant cette éventualité en première ou en deuxième position des effets négatifs de toute hausse substantielle de tarifs ou de barrières commerciales.

La réduction évidente de leurs ventes aux États-Unis est aussi appréhendée, mais dans une moindre mesure puisque tous les répondants ne vendent pas tous sur le marché américain.

On voit ici, dans l’ordre d’importance perçue par les fournisseurs, les effets négatifs que pourraient entraîner des tarifs ou d’autres types de barrières aux douanes.

En toute logique, les marchands s’attendent à payer leurs marchandises plus cher, 76 % des répondants plaçant cet effet négatif de l’imposition de tarifs ou de barrières comme leur principal ou second souci.

Conséquemment, une bonne partie des 62 répondants s’attendent à une baisse de leur chiffre d’affaires et de leur marge bénéficiaire, 48 % plaçant ces possibilités en première ou deuxième position des effets négatifs appréhendés.

Les quincailliers craignent également, parmi les effets négatifs que pourraient engendrer tout nouveau tarif douanier une plus grande rareté de marchandises ainsi qu’un effet sur l’embauche.

Les stratégies face à la nouvelle réalité « trumpienne » se rejoignent tant du côté des marchands que des fournisseurs : augmenter l’offre de produits québécois et canadiens rejoint plus de 90 % des détaillants alors qu’augmenter les ventes domestiques fait consensus pour deux manufacturiers sur trois.

On constate en parallèle un certain appétit de la part des marchands de découvrir des produits hors de l’Amérique du Nord (53 %).

Dans cette bourrasque, près de 41 % des manufacturiers avouent devoir sans doute augmenter leurs prix de vente.

La première des stratégies imaginées tant par les centres de rénovation que leurs fournisseurs cible les produits d’ici.

Craignant une perte de confiance des consommateurs dans l’économie court terme et malgré le nouvel intérêt de leurs clients pour les produits locaux, la moitié des manufacturiers envisagent une baisse des commandes des centres de rénovation.

La même prudence se constate du côté des quincailliers, les deux-tiers anticipant une perte d’achalandage si le conflit Canada-États-Unis perdure; même que 55 % d’entre eux identifient parmi les risques de pertes celle d’une réduction de l’offre en produits américains, au grand dam des consommateurs et des professionnels qui forment leur clientèle.

Si le Canada et leur voisin s’engagent dans un conflit long, des pertes semblent inévitables. Et personne ne sait si les gains compenseront… ni quelle sera l’aide de l’État.


Attentes envers leur association patronale

Le portrait des opinions étant maintenant dressé, qu’est-ce que les répondants attendent de l’AQMAT?

De l’avis des marchands, alors que s’annonce une crise commerciale et que sévit déjà une autre crise, celle du logement, trois actions prioritaires doivent être menées de front avec une quasi égale importance, soit, dans l’ordre :

  • une pression sur tous les niveaux de gouvernement pour plus de stimulation de l’activité de rénovation et de construction;
  • plus d’information sur l’état du marché en temps réel afin de réagir plus promptement;
  • toujours plus d’information sur les produits fabriqués localement.

Du point de vue des fournisseurs ayant complété l’enquête, les attentes d’actions de leur association sont moins diffuses, leur premier choix étant clairement ceci : faire pression sur les bannières pour augmenter leurs achats domestiques (62,5 %).

Commentaire de Richard Darveau, président de l’AQMAT : « Si le soutien aux manufacturiers québécois et canadiens a toujours été entendu clairement, ce qui a d’ailleurs motivé la création du programme « Bien fait ici » juste avant la COVID, ce qui est marquant aujourd’hui, c’est l’appel des marchands en produits locaux, un peu en écho à la place que les épiciers ont commencé à faire aux fermes de leurs régions depuis quelques années ».

À ce sujet, le récent changement du logo de « Bien fait ici » pour embrasser la couleur du drapeau canadien porte fruit, un regain d’engagement de la part des bannières et des manufacturiers est actuellement manifeste.

En corolaire, M. Darveau remarque aussi « un certain désir de découverte pour les produits venant de tiers pays et une volonté des manufacturiers de réviser leurs sous-traitants pour trouver des alternatives à leurs partenaires américains ou asiatiques ».

L’AQMAT sera proactive avec un bon dossier dans le prochain magazine exposant des produits étrangers à considérer.

 


 

Une nouvelle activité appelée la Pause-café, tenue demain, jeudi, de 10 h à 10 h 15, devrait permettre de mobiliser les troupes autour de quelques actions motrices. Les membres peuvent s’inscrire gratuitement ici.

 

 

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