Le Blog de Richard: s’attaquer à la crise du logement en trois temps

« D’abord, s’assurer que tout Québécois ait un toit. Un simple toit. Ensuite, améliorer la qualité du parc immobilier tout en préservant que tout citoyen possède les moyens de se loger convenablement. Enfin, réunir des conditions gagnantes pour qu’un plus grand nombre devienne propriétaire.

C’est dans cet ordre, et non l’ordre contraire, qu’une société dite évoluée et distante de la barbarie d’autrefois devrait penser et agir. Mais ce n’est pas ce qui se passe on focalise d’abord notre énergie sur les statistiques d’accès à la propriété en déplorant la plupart du temps que le ratio locataires/propriétaires soit plus élevé au Québec qu’ailleurs au Canada.

Puis on s’investit en lobbying pour forcer les gouvernements à faciliter l’achat d’une maison par la classe qui a assez d’argent pour quitter le statut de locataire. En douce, on établit un rapport entre statut social et propriété résidentielle au point de stigmatiser le locataire comme un paria.

Des centaines de milliers de familles québécoises vivent sinon dans des taudis, du moins dans des conditions où le confort et la sécurité indignes d’un pays riche

Les sommes dépensées pour aider les plus riches à accéder à la propriété nous distraient de la nécessité de s’attaquer à la vétusté des logements existants; cette priorisation a pour effet que des centaines de milliers de familles québécoises vivent sinon dans des taudis, du moins dans des conditions où le confort et la sécurité indignes d’un pays aussi riche que le nôtre ne sont pas présentes.

Il y a pire conséquence, que j’illustrerai en trois chiffres froids :

– au moins 200 000 Canadiens dorment dehors au cours d’une année donnée ;

– on dénombre au Québec plus de 10 000 itinérants à temps plein ;

– jusqu’à 1,3 million de Canadiens a vécu l’itinérance ou une situation de logement extrêmement instable au cours des cinq dernières années ;

– on estime que trois personnes peuvent être considérées comme des sans-abri cachés pour chaque personne sans-abri qu’on récence dans les statistiques.

Ai-je besoin de rappeler que ce pays c’est longtemps l’hiver ?

Je préside l’AQMAT et je veux bien être bon joueur auprès de nos collègues des associations de constructeurs de maisons pour que les chantiers reprennent et que ceux et celles de la classe moyenne qui en ont les moyens jouissent de leur propre propriété. C’est mon cas, je fais partie de cette classe. Mais de grâce, même nous au patronat, soyons solidaires des pauvres et des mal-lotis dont l’existence devrait nous envoyer en plein visage notre propre faillite comme société.

Quoi faire ?

Construire plus, bien sûr. Sauf que la quantité ne réglera rien si on ne prend pas soin de veiller à ce que soient construits des habitations qui sont à l’image de la diversité des besoins dans la population et de ses capacités budgétaires. Ce rôle de péréquation, c’est à l’État québécois de le jouer avec l’étroit engagement des municipalités, gouvernants qui par définition ont été créés pour que prévale l’intérêt commun.

Construire plus, bien sûr. Rénover mieux serait encore mieux

L’éventail de l’offre devrait contenir sur le plan physique des logements en location et à l’achat, des maisons de chambres et de grands appartements pour les familles nombreuses, des configurations de plain-pied ou sur plusieurs étages.

D’un point de vue social, la mixité devrait s’imposer, car c’est du fond des ghettos que naissent les rébellions ; on se doit d’éviter d’exclure les plus vulnérables. Le concept urbanistique de « ville en 15 minutes » devrait être généralisé. Il prône une organisation où les habitants ont idéalement accès à leur travail, leur magasinage, leurs soins, leur éducation et leurs loisirs en moins d’un quart d’heure de marche ou de vélo. Voilà une manière d’aider les plus pauvres à boucler leur budget et à veiller à leur santé en ayant pas ou peu besoin d’une voiture.

Rappelons qu’un Québécois sur dix consacre plus de la moitié de ses revenus à payer son loyer. La situation subie par ces 150 000 ménages a comme conséquences probables des carences au niveau de l’alimentation et des loisirs, ce qui entraîne des pertes de santé et plus d’engorgement dans nos hôpitaux. Rénover mieux serait encore mieux. Des études sérieuses prouvent que plus de 100 000 logis devraient subir des rénovations majeures, voire urgentes. L’éléphant dans la pièce peut se résumer ainsi : au Canada et au Québec, le logement est une marchandise alors que dans un certain nombre de contrées, le logement est considéré comme une infrastructure sociale structurante et essentielle.

L’économie de marché fonctionne bien ici, avec un PIB par citoyen dans le peloton de tête mondial. Mais imaginez qu’on sorte le logement de son état de marchandise et qu’on établisse de nouvelles règles où il convient non plus de s’enrichir sur des locataires, mais tout simplement d’arriver à loger tout le monde décemment. L’Organisation des Nations Unies a reconnu pour la première fois le droit au logement dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Elle a depuis réaffirmé le droit au logement dans sept traités fondamentaux relatifs aux droits de la personne. En outre, près de trente pays ont enchâssé dans leur constitution le droit au logement décent. Cependant, le droit au logement n’est enchâssé ni dans la Loi constitutionnelle de 1867 ni dans la Charte canadienne des droits et libertés. Aucune province ni aucun territoire du Canada n’inscrit le logement en tant que droit en lui-même dans son code des droits de la personne ou dans d’autres lois. Quand on sait cela, on comprend mieux le cul-de-sac actuel appelé la crise du logement.

Les voix s’élèvent pour demander des États généraux de l’habitation pour tous

Nos élus ne se sentent pas obligés d’agir auprès des sans-abris ni des mal-lotis. Les voix s’élèvent pour demander à Québec ou à Ottawa d’organiser les États généraux de l’habitation pour tous. L’AQMAT sera aux premières loges pour soutenir une telle initiative, même pour y jouer un rôle utile. Je sais d’avance que nos quincailliers, nos distributeurs et nos fabricants de matériaux seront heureux de soutenir indirectement un plan d’action avec possiblement le vote de certaines lois, voire d’un changement aux chartes des droits ou à la Constitution elle-même afin que s’améliorent les conditions d’habitat de tous nos concitoyens, des plus riches aux plus pauvres. »

One comment on “Le Blog de Richard: s’attaquer à la crise du logement en trois temps

  1. diane nadeau on

    Je suis en accord avec vous , c est fondamental un abri , il y aura toujours des personnes plus démunies et notre société ne doit pas fermer les yeux , par contre dans nos campagne nous ne vivons pas tellement cette situation . Je crois qu il serait temps de se reconnecter avec la nature pour offrir une qualité de vie aux personnes et familles qui le désirent . Le travail manquent pas ici non plus et la criminalité est pratiquement inexistante . Plusieurs villages offres des incitatifs pour la constructions j ai personnellement acheté un terrain de 97 000 pc a l encan pour la somme cent dollar en 2020 et je me suis construit une nouvelle résidence . Mon cinéma de campagne est un magnifique ciel étoilé ! Bonne journée

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