Verdict des quincailleries: le vol est devenu un fléau, l’AQMAT mandatée pour agir

En quelques jours, par Internet, pas moins de 82 marchands ont répondu à notre douzaine de questions relatives au vol à l’étalage et à son petit frère, le recel. À l’unisson, ils disent « Il faut prendre les moyens pour enrayer ce fléau ». Et l’AQMAT est clairement identifiée comme leur bras armé.

La direction de l’AQMAT s’est montrée satisfaite de constater dès la première question que seulement quatre répondants considèrent que le vol à l’étalage et la fraude sont une fatalité, qu’on ne peut faire grand-chose face pour enrayer le phénomène.

Triste de lire ce commentaire: «Voler, c’est devenu un travail pour certains.» Les vols ne peuvent être éradiqués, mais il faut prendre des moyens pour les éviter.

L’inflation comme accélérant des crimes

Plus du deux tiers (68 %) des répondants constatent une augmentation forte ou légère des vols en cette période inflationniste.

Réponse

Proportion (%)
Aucun changement significatif 32
Légère augmentation 46
Forte augmentation 22
Légère diminution 0
Forte diminution 0

Plus du deux tiers (68 %) des répondants constatent une augmentation forte ou légère des vols en cette période inflationniste.

L’un des commentaires «(…) Avec les taux d’intérêt élevés et la pénurie de main-d’œuvre (difficile d’être vigilant partout en magasin), nous constatons une recrudescence ».

Un plus faible ratio employés/clients contribue à faire augmenter le vol en magasin

À peu près dans les mêmes proportions (66 %) sont « d’accord » pour dire qu’une quincaillerie ou un centre de rénovation avec moins de personnel représente une menace supplémentaire face au vol en magasin.

Quelques commentaires à témoin:

« Les voleurs viennent sur les heures de repas, sachant que la moitié du personnel est absent »

« Dans nos magasins, les vols ont surtout lieu la fin de semaine, lorsque ce sont majoritairement des étudiants sur le plancher »

« Si les employés ne sont pas formés adéquatement, les risques demeurent présents. »

«Mieux vaut cinq employés actifs qui donnent un excellent service client que dix qui discutent ensemble, absorbés par leurs téléphones et qui répondent aux clients seulement quand on leur pose une question »

Observation de Richard Darveau: «La question du ratio employés/clients est au cœur de notre recommandation à l’effet d’ouvrir moins d’heures pour mieux servir les clients.»

Réponse Proportion (%)
D’accord 66
Plus ou moins d’accord 22
Pas d’accord 1
Je ne sais pas

11

Plus du tiers des vols et fraudes impliqueraient des employés

Si tous les répondants vivent d’espoir et de confiance à l’égard de l’intégrité de leur personnel, un bon nombre entretiennent des doutes, parfois des preuves contre eux.

Réponse Proportion (%)
De 0 % à 10 % 61
Entre 10 % et 25 % 15
Entre 25 % et 33 % 7
Entre 33 % et 50 % 11
Entre 50 % et 75 % 6
Entre 75 % et 100 % 0

La moitié ont réduit la vérification des antécédents criminels ou n’en font jamais

Vérifier les antécédents criminels n’est pas gratuit ni immédiat. La moitié des répondants avouent candidement ne pas en effectuer. « C’est pourtant la première et le moins chère des barrières pour réduire les crimes en magasin », indique le président de l’AQMAT.

La pénurie de main-d’œuvre a pour effet que 28 % des répondants ont dû baisser la garde à l’embauche en réduisant les vérifications à leur plus simple expression.

Réponse Proportion (%)
Oui 28
Non 50
La vérification des antécédents judiciaires n’est pas un choix généralisé chez nous 22

L’un des commentaires édifiants:  « Hélas, on embauche immédiatement lors de la première entrevue. Une grande majorité des bonnes pratiques ont pris le bord ».

En revanche, presque unanimement (93 %), les marchands croient en l’honnêteté de leurs fournisseurs et ne les croient pas impliqués dans des vols ou des fraudes les concernant.

Des pertes de chiffre d’affaires variables, selon la taille des quincailleries

Aucune surprise face à des résultats épars au sujet des coûts du vol à l’étalage tant les membres sont variés en pieds carrés et en catégories de produits, comme l’illustre le tableau ci-dessous.

Réponse Proportion (%)
Moins de 25 000 $ 66
Entre 25 000 $ et 100 000 $ 27
Entre 100 000 $ et 250 000 $ 4
Entre 250 000 $ et 500 000 $ 1
Plus de 500 000 $ 2

 

 

«Les marchands ne saisissent pas tous que le manque à gagner tributaire d’un vol représente plus que le profit envolé, il s’agit du prix payé pour acheter cette marchandise», déplore M. Darveau.

Allons-y d’un exemple simple: il faudra qu’un marchand vende cinq autres articles au prix de 100 $ chacun s’il s’en est fait voler un sur lequel il espérait une marge de 20 %. En effet, en réalisant cinq fois 20 $ de profit, il aura réussi à renflouer le prix d’achat du premier item (80 $) et le profit qu’il devait faire sur sa vente (20 $). « C’est à ce prix fort et à tous ces efforts que ce marchand reviendra au point zéro. »

La revente de la marchandise comme agent facilitateur

Bien que l’opinion des marchands sur le rôle joué par le recel varie d’un répondant à l’autre, il demeure que tous s’entendent pour dire que c’est un facteur à prendre en compte.

Réponse

Proportion (%)
Moins de 25 % 44
Entre 25 % et 50 % 24
Plus de 50 %

32

 

« Tout a changé quand ces sites ont accepté de vendre de la marchandise neuve plutôt que juste du stock de seconde main. »

Les plateformes comme Marketplace de Facebook contribuent à faciliter l’écoulement de la marchandise volée

Face à l’absence d’encadrement des marketplaces virtuels, à leur simplicité opérationnelle, à leur faible tarification et surtout au relatif anonymat qu’elles offrent aux « vendeurs », c’est dans une proportion de 89 % que les répondants affirment que les plateformes web du type marketplace facilitent l’écoulement des articles de quincaillerie et matériaux de construction volés.

Réponse

Proportion (%)
D’accord 89
Plus ou moins d’accord 10
Pas d’accord 1
Je ne sais pas 0

 Dans la foulée, 84 % des répondants appuient l’intention de l’AQMAT de demander à l’Office de protection du consommateur de prévenir les citoyens sur de pareils sites web qu’ils sont passibles d’emprisonnement par complicité s’ils achètent de la marchandise volée.

Certains marchands nuancent toutefois l’effet de la démarche:

« Ça peut sûrement aider, mais ça n’arrêtera pas les voleurs. Les procédures judiciaires sont trop compliquées pour qu’un commerçant s’implique »

« Les chances de se faire « poigner » sont minces. La police a d’autres chats à fouetter ».

Les répondants donnent le feu vert à leur association

Les 82 répondants ont exprimé un appui très majoritaire à deux projets de représentation politique ayant pour effet d’aider les quincailliers – et les autres commerces – à réduire le vol à l’étalage.

D’une part, plus des trois quarts des répondants (78 %) souhaitent que l’AQMAT intervienne auprès du Procureur général du Canada, également ministre fédéral de la Justice, pour que des moyens soient pris afin de décourager les receleurs de diffuser des annonces sur des sites comme Marketplace de Facebook.

Réponse Proportion (%)
D’accord 78
Plus ou moins d’accord 13
Pas d’accord 4
Je ne sais pas 5

Un sceptique dit « On ne peut pas être contre la vertu, mais il y a toujours quelqu’un pour trouver un moyen de contourner les lois ».

D’autre part, presque neuf répondants sur dix soutiennent l’intention de l’AQMAT de faire des représentations auprès du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec afin d’aider les marchands à se doter de meilleurs moyens technologiques pour lutter contre le vol et la fraude?

Réponse

Proportion (%)
D’accord 89
Plus ou moins d’accord 6
Pas d’accord 2
Je ne sais pas 2

 

Vos histoires de vol inusitées, voire loufoques

Les voleurs et les fraudeurs sont inventifs, il faut bien leur donner cela. L’AQMAT vous partage plusieurs des stratagèmes que vous avez portés à notre attention lors des derniers jours, parce que ne dit-on pas qu’un quincaillier parano en vaut deux !

  • Certains voleurs se servent des articles en magasin ou encore des outils que les marchands mettent à la disposition de la clientèle : le contenu de boîtes volumineuses est vidé, puis rempli de plus petits items, non sans valeur. Des paniers pleins à rebord, mais couverts d’un tapis.
  • Rien n’empêche d’emmener son propre matériel si cela permet de rester « incognito ». L’exemple d’une dame qui s’est servie d’un siège d’auto pour bambins pour dissimuler plusieurs produits est frappant. Et que dire d’une boîte de carton entrée vide, puis remplie dans les allées.
  • D’autres se tournent vers leurs propres vêtements. Cela peut engendrer des situations délicates : ne fouille pas dans un soutien-gorge qui veut!
  • Exemples d’échappatoires plus élaborées: changer les codes à barre sur des objets de valeur, sortir par la porte de secours, s’infiltrer par le toit du commerce, ou bien profiter du saisonnier extérieur pour entreposer des articles à récupérer plus tard.

À l’AQMAT, on est resté perplexes devant ce cas: Un client est venu utiliser le photocopieur du marchand, a fait ses copies en toute quiétude, puis est reparti avec la machine sous le bras en souhaitant « Bonne journée! » aux employés.

Décidément, il faut avoir des yeux tout le tour de la tête!

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