« Trop cher pourrait casser » – Richard Darveau en entrevue média

Les travailleurs de la construction disent « Trop fort casse pas ». C’est sans doute vrai. Mais trop cher pourrait casser. C’est avec cette expression que Richard Darveau a lancé un cri d’alarme au gouvernement par le truchement des médias cette semaine. « Les prix des matériaux étant trop élevés et les délais étant trop longs, les consommateurs et les entrepreneurs commencent sérieusement à penser à reporter, voire à annuler leurs travaux. Il faut agir, et maintenant ».

Exploitation du potentiel québécois

L’argumentaire soutenu par l’AQMAT face au double phénomène des prix aux plafond et des attentes prolongées pour obtenir des matériaux de bois en quantité suffisante et à temps afin de soutenir un printemps dopé en rénovations et en constructions consiste à provoquer l’intervention de l’État à deux niveaux.

Cliquez ici pour prendre connaissance de la lettre adressée au premier ministre.

D’abord, en urgence, il faudrait inventer une formule incitative qui convainc les consommateurs et les « contracteurs » de ne pas reculer dans leurs intentions de travaux. « On veut discuter avec le Conseil du Trésor et les ministères concernés de solutions fiscales ou d’une forme de crédit qui puisse compenser en quelque sorte les prix trop élevés des matériaux ».

Richard Darveau en appelle aux principes du Panier Bleu : « On voit partout des initiatives d’achat local où des entreprises d’un même secteur, d’une même rue offrent des cartes-cadeau ou autre forme de rabais aux clients qui décident d’acheter un certain volume ou à une certaine fréquence. Il n’y a aucune raison pour le gouvernement de ne pas saisir l’occasion de dire aux Québécois : « Ne retardez pas vos rénos, n’annulez pas vos constructions, les prix sont chers, c’est vrai, mais on va vous aider ».

Ce pourrait être un crédit temporaire pour soutenir les achats en bois du Québec pendant les six ou neuf prochains mois. Ce pourrait aussi être un avantage fiscal que les consommateurs et les entreprises déduisent de leur rapport d’impôt en fin d’année 2021.

Gérald Filion, animateur Zone Économie, ICI RDI et Richard Darveau, président et chef de la direction, AQMAT

Vers des relations durables entre scieries et cours à bois

L’AQMAT souhaite par ailleurs qu’on s’attaque à la vulnérabilité devenue permanente de toute l’industrie de la construction québécoise face à des prix en montagnes russes et à des délais de livraison devenus ingérables.

Le porte-parole de l’AQMAT martèle que la pandémie est venue amplifier un problème qui était déjà présent et qui perdurera une fois la COVID-19 maîtrisée, à savoir que dans plusieurs catégories de produits, les marchands et leurs clients font face à des quasi-monopoles où quelques entreprises ont beau jeu de dicter leurs prix et leurs délais.

En entrevue média, M. Darveau n’hésite pas à qualifier de loufoques des situations où d’importantes cours à bois situées dans des régions-ressources, parfois à moins de 50 kilomètres d’une scierie, n’arrivent même pas à convenir de contrats d’approvisionnement fiables et à prix juste avec leur voisin.

D’autres marchands s’indignent devant la difficulté d’obtenir des grades supérieurs de bois, le niveau « Premium » étant souvent réservé à l’exportation.

Parmi les pistes de solution à plus long terme avancées par l’AQMAT, il y aurait l’idée de bonifier la Stratégie nationale de production du bois (SNPB) rendue publique avant les Fêtes par le ministre Dufour d’objectifs d’approvisionnement du marché domestique. « Toute la demande d’augmentation en coupes de bois semble viser à mieux satisfaire le marché américain. En tout cas, aucun des axes et des objectifs de cette politique n’oblige ni n’incite explicitement les joueurs forestiers à travailler avec les centres de rénovation où s’approvisionnent les bricoleurs et les entrepreneurs en construction », déplore M. Darveau.

Puisque la récolte se fait surtout sur des terres publiques, il semblerait normal, aux yeux de l’AQMAT, que les besoins nationaux soient d’abord satisfaits. Comme on le fait d’ailleurs avec l’hydro-électricité : la société n’est nullement empêchée de vendre à l’extérieur, mais des balises ont été posées pour protéger les consommateurs et les entreprises d’ici.

« Le bois des forêts publiques tombe selon nous dans le giron du bien commun », insiste l’AQMAT.

Quant aux dizaines de milliers de producteurs sur forêts privées, sous-utilisés et visiblement frustrées de ne pas apporter une plus grande contribution à la santé socio-économique de leurs coins de pays, l’AQMAT est d’avis qu’ils seraient fort heureux de discuter avec une coalition composée de marchands et de leurs clients professionnels pour convenir de contrats liant toutes les parties dans la durée et sur une base tarifaire négociée pour arriver à de justes prix pour tout le monde.

« On nous dit que 70 millions de pieds cubes supplémentaires pourraient être transformés en matériaux de construction venant des multiples producteurs privés sans aller de l’avant avec l’augmentation des coupes proposées dans la SNPB. Voilà un arrivage qui ferait du bien sur le marché ! », s’exclame le président de l’AQMAT.

Le prix n’est pas le seul enjeu. Les formats des matériaux disponibles en sont un autre. Si un partenariat existe, on pourrait non seulement s’entendre sur des prix corrects, mais aussi sur les types de matériaux qu’on aura le plus de besoin à telle période ou dans telle région.

Le débat doit donc aussi déboucher sur l’intelligence de l’information disponible. Si on trouve tout plein de sources de type rétroviseur où on apprend ce qui s’est passé en termes de construction ou de prix il y a trois mois ou un an, notre industrie demeure trop pauvre en données prédictives.

Un dossier à suivre.

Pour voir, lire ou entendre Richard Darveau en entrevue, cliquez sur les liens ci-dessous »


Entrevue Radio Canada

Entrevue Gérald Filion RDI

Entrevue Patrick Lagacée FM 98,5

Article La Presse

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