Quand j’ai commencé à écrire ce blog la nuit dernière, le mercure frôlait les – 40. Ici, à Saskatoon, dans les Prairies, où se déroule justement le Prairie Showcase, organisé par nos collègues de WRLA. Puis j’ai recommmencé la rédaction ce soir alors qu’il fait un doux – 23. Et dans les trois jours à venir, les prévisions annoncent des – 15, – 10 et – 2. Cool.
Ah! comme il serait bon que fondent ainsi les statistiques liées à la paperasse gouvernementale que doivent remplir, et remplir encore, les entreprises.
Il y a de l’espace amplement pour rapetisser le nombre de gestes imposés aux entreprises par les paliers gouvernementaux et leurs agences. À preuve, amusons-nous à les chiffrer de différentes manières:
– en 2010, les entreprises québécoises ont dû remplir 35 millions de formalités administratives;
– depuis 1996, le nombre de lois québécoises régissant les entreprises est passé de 450 à 557. Cela exclut le fédéral et le municipal;
– la conformité administrative coûte 6500 $ par année par employé pour les entreprises qui comptent moins de cinq employés; pour les PME qui comptent de 5 à 19 employés, le coût annuel moyen par employé décroit à 3280 $, mais demeure fort élevé;
– on estime à 7,5 milliards de dollars, soit 2,4 % du produit intérieur brut de la province, le manque à gagner des entreprises québécoises en raison de la multiplication des règlements;
Donc, plus les entreprises sont petites, plus elles sont pénalisées par toutes ces formalités. Or, selon StatCan, 86,5 % des entreprises actives au Québec en 2009 comptaient moins de 20 employés.
Pour les manufacturières exportatrices, la situation n’est pas plus pâle quand on ajoute la sécurité accrue, depuis le 11 septembre 2011.
Et pour donner à César ce qui lui revient, la paperasserie administrative moderne n’est plus nécessairement synonyme de papier. Elle revêt des allures légères car virtuelles, électroniques, mais n’en est pas moins de la paperasse à lire, à comprendre, à remplir après des recherches de données, à acheminer par un mode quelconque…
Comme on le voit, peu importe sous quel angle on regarde les chiffres, ils sont monstrueux en soi. Et ça ne s’améliore pas quand on se compare avec le reste du monde. Selon le rapport « Doing Business » de la Banque Mondiale, le Canada est moins performant que des pays comme Singapour, Hong-Kong, l’Islande ou l’Arabie Saoudite quand vient le temps d’aider ses entreprises à obtenir leurs permis, commercer avec les pays voisins, régler des différends, etc.
Le rapport de la Commission d’enquête fédérale et dans la foulée, celui signé par l’ex-ministre Michel Audet à l’échelle du Québec vont-ils sérieusement paver la voie à des changements majeurs ? Comment l’espérer alors que des grosses pointures comme Robert Dutil et Bernard Lemaire ont aussi vu leurs rapports s’empoussiérer…
Est-ce une équation impossible que celle de protéger les droits des citoyens, l’environnement et tout le reste sans pour autant alourdir les procédures et rendre le fait d’entreprendre plus coûteux et complexe?
Je n’ai pas les réponses. Elle sont dans les mains de la classe politique; quoique, à bien y penser, elles sont dans les nôtres aussi en cette veille de campagne électorale.
Le moment est bien choisi d’aiguiser nos crayons et d’astiquer nos souliers de cuir verni pour focaliser nos efforts sur une dizaine de mesures administratives touchant le plus grand nombre et les pourfendre, plutôt que de les subir.
On vous revient bientôt avec un sondage là-dessus. Virtuel, bien entendu, pour éviter de la nouvelle paperasse!