Baisse des exportations et/ou dumping, les droits compensateurs de 20 % imposés par les États-Unis entraîneront certainement des conséquences sur le marché du bois-d’oeuvre canadien. Un sondage commandé par l’AQMAT entre le 3 et le 5 mai montre que les membres s’attendent généralement à ce que les marchands paient leur bois plus cher, même peut-être beaucoup plus cher.
Des 38 répondants à l’enquête, 10 croient que le prix du bois d’oeuvre va monter tandis que 25 sont plutôt d’avis qu’il va descendre. Quatre d’entre eux n’ont pu se prononcer sur la question.
Deux des trois acheteurs de bannières répondants croient que les prix vont grimper de 6 à 10 %.
Sept marchands sur dix s’attendent également à payer plus, à des taux variables, bien que 30 % croient exactement le contraire.
Pour appuyer leurs prévisions inflationnistes, les répondants soutiennent que les grands marchands tiennent leur inventaire au plus bas et qu’avec la difficulté à exporter vers les États-Unis, les moulins auront des surplus qu’ils devront écouler. Les autres invoquent que la demande américaine en croissance pour la construction résidentielle a pour effet que nos moulins ne resteront pas pris avec leur bois, d’où des prix relativement stables malgré tout.
Un sarcastique ajoute : « De toute façon, les prix sont déjà tellement hauts, peuvent-ils encore monter? ».
Le dernier mot revient aux producteurs de bois. Six des huit interrogés s’attendent à des baisses forcées de leur prix de vente, un croit qu’il va monter ses prix et le huitième est incertain. Parmi les commentaires, citons ceux-ci :
« La rareté du bois canadien va faire monter le prix du bois américain, ce qui rendra de nouveau nos produits compétitifs. »
« Les délais d’expédition raccourcissent, les acheteurs se font faire de belles offres. »
« L’Ouest a moins de stock à dumper chez nous. »
« Il y aura des fermetures à cause des surplus de copeaux. » « La confusion contribue à maintenir un niveau de prix élevé. Des soubresauts dans les deux directions sont à prévoir pendant les six mois à venir. »
Des droits compensateurs qui changent tout
Après dix ans de paix commerciale, le cinquième conflit sur le bois d’œuvre est sur le point d’éclore, avec l’imposition attendue de droits compensateurs (et rétroactifs dans certains cas) de l’ordre de 20 % de la part des États-Unis.
Le département américain du Commerce donne donc raison au lobbying américain qui soutient que, par ses régimes provinciaux de droits de coupe sur les terres publiques, le Canada subventionne son secteur forestier.
Toutes les entreprises forestières établies au Canada devront payer 19,88 %, une mesure applicable rétroactivement sur une période de 90 jours. En clair, pour l’ensemble des moulins à scie du Québec et du Canada, s’ils veulent continuer à entrer leurs produits en terre américaine, ils devront acquitter aux douaniers les taxes sur leurs exportations effectuées depuis janvier.
Pour un moulin de taille petite à moyenne, cela signifie qu’ils devront signer un chèque de 5 millions de dollars avant qu’ils ne soient autorisés à traverser du bois à partir du mois de mai qui cogne à la porte. Pour des sociétés plus grandes comme Eacom ou Tembec, ce paiement est susceptible de représenter plus de 20 millions de dollars.
Centres de rénovation et moulins à scie : un écosystème bancal
« Alors que s’amorce l’offensive américaine contre nos producteurs de bois, il y a lieu de se demander si nous, acteurs économiques, travaillons suffisamment ensemble ou pire, si nous ne travaillons pas les uns contre les autres », s’interroge à voix haute M. Darveau.
L’AQMAT entend proposer aux deux paliers de gouvernement un programme permettant d’encourager l’achat de produits de bois faits au Québec et au Canada afin d’aider nos moulins à diversifier leurs débouchés et offrir aux consommateurs et entrepreneurs un meilleur éventail de produits d’ici.