RONA continue de faire des vagues médiatiques

Les quatre lettres RONA excitent toujours de manière démesurée la faune journalistique. Il y a eu 300 mises à pied sur 22 000 employés et le ciel tombe. Gérald Filion, Pierre McSween, Luc Ferrandez et bien d’autres y sont allés de leur interprétation. Et bien sûr, comme porte-parole et témoin-clé de l’industrie, Richard Darveau, président de l’AQMAT, a été interpellé.

La première à sortir la nouvelle a été la journaliste Nathaelle Morrissette dans La Presse+.

Interviewé à chaud et n’ayant pas encore reçu de communiqué de la part de RONA, Richard Darveau y est allé de cette affirmation :

« L’annonce des coupes survient après que le marché de la rénovation et de la construction a été dopé durant la pandémie et alors qu’apparaissent les impacts de l’inflation et des taux d’intérêt qui perdurent. La nouvelle me tracasse, bien sûr, mais ce qui me surprendrait le plus serait de constater que les autres bannières ne procéderont pas à des mesures semblables. »

Un communiqué officiel du siège de RONA a, sur un ton laconique, il faut le dire, a soutenu que les 300 mises à pied et la fermeture des deux centres de distribution allaient donner plus d’agilité et plus d’efficacité à l’entreprise.

Le chroniqueur Pierre McSween à l’émission de Paul Arcand, a déduit pour sa part que la recherche absolue d’une plus grande profitabilité de la part de Sycamore Partners – et de tout fonds d’investissement – semble s’être fait sur le dos des employés de RONA dont plusieurs auraient été sacrifiés.

 

C’est avec ce peu d’information que M. Darveau s’est prêté à une entrevue radio sur les ondes du 98,5 avec l’animateur Luc Ferrandez. Les deux hommes ont échangé quelques balles notamment pour se demander jusqu’à quel point les décisions avaient été prises à Boucherville ou à New York, sur l’état réel du marché de la rénovation et de la construction actuel et à venir, sur l’impact à long terme des économies financières découlant des mises à pied et de la fermeture de deux centres de distribution alors que les consommateurs s’attendent à voir beaucoup d’employés dans les commerces et que les manufacturiers désirent compter sur une logistique efficace.

Puis, les langues se sont déliées, des membres ont communiqué avec l’AQMAT, tant des marchands affiliés que des fournisseurs québécois. Toutes les confidences convergeaient dans une direction : c’est définitivement une décision parachutée à partir de New York, mais qui s’imposait, RONA étant jugé bureaucratique par rapport à ses concurrents.

Ceci a conduit le président de l’AQMAT à se prêter à plusieurs entrevues :

Aux émissions matinales de TVA, Salut Bonjour et Le Québec matin, Richard Darveau a émis quelques hypothèses : « Est-ce qu’il y aurait de l’impatience quelque part. S’il est vrai que le marché est au ralenti parce que l’inflation perdure, les taux d’intérêt pour emprunter pour des réno comme les taux hypothécaires tardent à baisser, les observateurs s’entendent pour dire que la crise du logement sera adressée par tous les gouvernements. Il me reste à espérer que Sycamore ne veut pas provoquer un retour trop rapide sur son investissement. »

En soirée, sur les ondes télé de LCN, à l’émission « À vos affaires » animée par Simon Philibert, le porte-parole de l’AQMAT ne s’est pas dit inquiet pour les postes coupés en raison du manque de main-d’œuvre dans les quincailleries. Il s’est surtout évertué à rappeler que les marchands affiliés ont besoin d’une bannière en santé et que les récentes actions pour replacer le logo RONA au centre du marketing et ce, d’un bout à l’autre du pays, étaient bien perçues.

Enfin l’animateur-vedette Gérald Filion, à l’émission Zone Économie diffusée à RDI, a demandé à Richard Darveau si les coupures étaient attribuables à l’état du marché de la rénovation et de la quincaillerie ou au propriétaire, Sycamore, une firme d’investissement qui cherche à améliorer le rendement?

Réponse : « C’est certain qu’elle l’année 2024 ne sera pas une grande cuvée dans la quincaillerie surtout si on la compare aux années de pandémie 2020 à 2022 où c’était des chiffres record tant pour les marchands affiliées que pour le groupement et pour leurs fournisseurs. Le fonds d’investissement qui a acheté l’entreprise il y a un an, au vu des trimestres actuels, se sont peut-être dits : on n’a plus les chiffres qu’on avait. Je crois qu’ils ont écouté leurs marchands et leurs fournisseurs qui disent depuis des années : il y a du gras à couper chez RONA. Les affiliés veulent des ristournes de leur groupement pour investir et acquérir une deuxième ou même troisième succursale. et pour que cet argent puisse voir le jour, il faut que le propriétaire, donc Sycamore Partners, puisse faire des profits. Et quant aux fournisseurs, on nous dit que les centres de distribution sont  moins utiles qu’ils l’étaient lorsqu’ils ont été créés parce qu’il y a moins de grandes surfaces dans le réseau et un peu plus de marchands de moyenne et de petite grandeurs qui n’utilisent pas vraiment ces infrastructures. »

« Mais que devient ce fleuron, RONA, a demandé M. Filion, ajoutant que lorsqu’on regarde depuis 12 ans, ça été rocambolesque avec la tentative avortée d’acquisition par Lowes en 2012, l’acquisition qui a marché en 2007, la fermeture de magasins en 2019 et après, Lowe’s Canada a été acquis par Sycamore fin 2022, des postes coupaient aujourd’hui, que devient RONA 12 après toutes ces mésaventures? »

Réplique de M. Darveau : « Et vous n’avez pas relevé le fait que Sycamore l’a acheté pour une bouchée de pain, pour une fraction du prix que Lowe’s l’avait acheté. Parmi les mystères, pourquoi la Caisse de dépôt qui était partie prenante a laissé ce fleuron comme vous dites à un empire américain? Et puis quand est arrivé cette volonté de Lowe’s de se départir de ses propriétés canadiennes, pourquoi il n’y a pas eu de joueurs québécois ou canadiens sollicités? Pourquoi les marchands eux-mêmes n’ont pas été invités à lever la main? Il reste, monsieur Filion, qu’on a un fonds investissement qui quand même depuis sa création il y a une quinzaine d’années garde assez longtemps ses propriétés. Ce ne semble pas une entreprise qui flippe des compagnies trop rapidement. Ça nous donne confiance. »

Coup de théâtre : départ éclair de deux vice-présidents

En dernière heure, l’AQMAT a appris que le PDG de RONA, Andrew Iacobucci, récemment nommé par Sycamore Partners, a convoqué Jean-Sébastien Lamoureux et Marc McDonald, tous deux vice-présidents principaux depuis sept ans. Dans le cas de M. Lamoureux, le départ est immédiat. M. McDonald, quant à lui, reste en poste jusqu’au printemps.

 

Commentaire de Richard Darveau : « Quand on sait que l’un s’occupait des marchands affiliés et l’autre des RH, il y a lieu de s’interroger sur les intentions de Sycamore en ces matières! »

One comment on “RONA continue de faire des vagues médiatiques

  1. François Richard on

    Durant ce temps les marchands affiliés, doivent continuer de composer chacun avec leur réalité de marché, en plus des exclusivités web, nous avons aussi trop souvent a gérer la compétition au sein de notre propre bannière .
    Les Rona Entrepôt ( qui sont tous corporatifs) nous nuisent au niveau de la disponibilité des stocks, c’est très fréquent et frustrant d’avoir une rupture de stock sur un produit, surtout lorsque l’on s’aperçoit que les grandes surfaces sont pleines à craquer.C’est devenu plus difficile d’avoir le sentiment de confiance et de partenariat avec notre groupement.
    Le plus triste c’est qu’une partie de notre clientèle en tienne compte lorsqu’il est question de faire un choix où elle feront leurs achats…
    Je souhaite que l’année 2024 soit une année qui nous rendra fier nous les affiliés d’avoir l’enseigne de Rolland et Napoléon à l’avant de nos magasins.
    Je m’ennuie de Robert Dutton….,

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