En 24 heures à peine, hier, 62 dirigeants d’entreprises manufacturières et quelques distributeurs, de tailles variées, mais toutes fournisseurs de quincaillerie ou de matériaux, ont répondu à quatre questions concernant la crise sanitaire et une dernière sur un projet ambitieux pour peut-être faire les choses autrement à l’avenir dans notre industrie.
Selon Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT, un boum est à prévoir au niveau manufacturier à partir de l’été, cela pour deux raisons liées à la COVID-19 : « D’une part, les arrivages asiatiques dont ont normalement besoin nos quincailliers pourraient tarder, voire ne pas arriver. D’autre part, c’est écrit dans le ciel que le gouvernement du Québec voudra combler le retard en provoquant de grands travaux publics d’infrastructures et d’institutions ».
Quelques-uns des commentaires :
- « La définition d’un bien essentiel dans un commerce essentiel, ce n’est pas la même pour tous. »
- « Bien que reconnu essenciel, notre entreprise a quand même dû réduire ses opération de 25 %. »
- « La production est fermée, mais on répond aux demandes à partir de notre inventaire. »
- « Encore hier (8 avril), on a dû se battre avec la CNESST à cause d’une plainte de notre syndicat qui disait qu’on n’était pas essentiels. »
- « Sans avoir été forcé de fermer, car les règles en Ontario sont différentes, nous avons par contre adapté nos méthodes et la grande majorité de nos employés sont présentement en télé-travail. »
Quelques-uns des commentaires :
- « C’est surtout au Québec que nous sommes affectés. »
- « Nous sommes à mettre en place nos propres procédures pour assurer la sécurité de nos employés pour la relance. »
- « Aucune roulotte de chantier ne devrait être permise pendant les risques de propagation et des quarts de travail différents. »
- « Certains chantiers gouvernementaux, comme le REM, seront bien encadrés sur le terrain, mais je vois la gestion sanitaire plus difficile sur les chantiers résidentiels avec tous les quarts de métier différents qui doivent se fréquenter. Et souvent provenant d’employeurs différents. »
- « Les deux mètres de distanciation, ça va être LE défi. »
- « Les chantiers extérieurs seront plus faciles à gérer. »
Quelques-uns des commentaires :
- « Réaliser en trois trimestres ce qui est fait en quatre trimestres! »
- « Dans les dernières années, la saison a vraiment repris autour de juin. »
- « Je crois que nous aurons une vague dans les premières semaines pour les projets à livrer, mais pour les nouvelles commandes qui étaient censées partir, certaines seront en suspens, faute de financement de la part du citoyen payeur. »
- « La pandémie représente un problème, mais nous allons passer au travers et devons accepter que les résultats ne seront pas à la hauteur des prévisions initiales. »
- « On voulait profiter justement de cette baisse d’activité pour refaire nos stocks. 30 % de nos employés ne se présentent pas et on était déjà à court! »
Quelques-uns des commentaires :
- « Nous sommes déjà à développer un modèle similaire pour notre entreprise, mais l’effet de levier d’un groupe serait drôlement intéressant. Tenez-nous au courant! »
- « Les produits que nous produisons sont très poussiéreux et pesants… difficile pour commander en ligne et livrer par courrier. »
- « Certaines entreprises n’utilisent pas d’outils technologiques et encore moins informatiques, alors ceci est un grand défi pour notre industrie. »
- « C’est une avenue qui doit être approfondie pour nous et mérite de revoir notre modèle d’affaires et notre positionnement. »
- « La nature de nos produits rend difficile de jumeler le transport avec d’autres produits. »
- « C’est le temps que cessent les guerres de prix entre les marchands. On devrait vendre directement et éviter la distribution. »
- « Peut-être que nous allons en venir à ça, mais le magasin en « briques et mortier » va demeurer, surtout en matière de matériaux. Donc, selon moi, pas pour tout de suite. »
Notes de l’AQMAT : le projet qui sera débattu en profondeur pendant l’année pour une décision au prochain congrès de l’AQMAT (3 novembre) ne vise nullement à se substituer aux ventes traditionnelles en magasin. La vente en ligne et l’utilisation d’un mode particulier de transport resteront des options, pas des obligations. Son but le plus louable vise à donner accès aux quincailliers à toutes les gammes de produits de tous les fournisseurs afin de complémenter l’offre proposée par les acheteurs de leur bannière.
Un dernier commentaire de M. Darveau sur la pandémie et ses suites : « Je pense que l’un des effets collatéraux de la crise sera de créer une opportunité unique non seulement économique, mais aussi sociétale. Le secteur des matériaux représente l’un des rares écosystèmes verticaux, avec l’agro-alimentaire, où on peut livrer à l’utilisateur final pratiquement un produit fini, ce qui n’est plus possible dans l’automobile, le vêtement, les articles de sport, etc. De ce fait, je suis porté à croire que tout projet de solidarisation des chaînes de valeur et d’approvisionnements sera bien vu par les deux niveaux de gouvernement. »