RenoRun à la recherche d’un acheteur ou d’une entente avec ses créanciers

La montréalaise RenoRun lancée en 2017 afin d’approvisionner en matériaux les chantiers de construction sans que les entrepreneurs doivent se déplacer en quincaillerie vient de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Elle tente présentement des arrangements avec ses créanciers. L’événement survient un an après que l’entreprise de livraison expresse ait bénéficié d’une ronde de financement de 200 millions de dollars canadiens auprès d’investisseurs confiants en son avenir.

Le Globe & Mail rapporte que la dernière tentative de financement est morte après le refus d’Investissement Québec d’allonger 30 millions de dollars américains.

RenoRun bénéficie de 30 jours, soit jusqu’à la fin d’avril, pour fournir un plan de relance satisfaisant ses créanciers ou pour s’entendre avec un acheteur.

À l’heure actuelle, peu de contexte est donné aux déboires de RenoRun, une entreprise membre du groupement TIMBER MART, dont le président-directeur général, Bernie Owens, n’a pas voulu émettre de commentaires.

Après avoir eu le vent dans le dos pendant le pic pandémique de la maladie à coronavirus (COVID-19), le modèle d’affaires de celle qui promettait de livrer le jour même toute commande placée avant 11 h est peut-être victime d’un mauvais montage financier.

Dans La Presse, le PDG, Eamonn O’Rourke, à l’automne 2022, se confiait quant à ce qu’il analysait être « un contexte commercial fondamentalement changé » en cours d’année, où de surcroit plane une « incertitude macroéconomique » non négligeable qui aurait précipité l’objectif de rentabilité de l’entreprise.

Desservant le grand Montréal et le grand Toronto ainsi que certaines agglomérations aux États-Unis comme Boston et Chicago, la firme s’était présentée aux membres de l’AQMAT en proposant plus de 20 000 matériaux de construction rapidement accessibles par application mobile. Non seulement d’autres marchés étaient prévus de s’ajouter, mais une inscription en Bourse faisait partie de ses projets.

Six années pour le moins rocambolesques

Si le futur de RenoRun est présentement fragile, son histoire n’a pas été de tout repos. Bref récapitulatif.

2017 :

  • Mars : première livraison effectuée à Montréal et lancement de l’application RenoRun;
  • Juin : Embauche du premier employé;
  • Novembre : Récolte de 1M CAD$ en préfinancement et début des opérations à Toronto.

2018 :

  • Juillet : Récolte de 3M CAD$ en préfinancement;
  • Mai : Atteint un millier d’utilisateurs.

2019 :

  • Novembre : Récolte de 22M CAD$ en financement de série A et lancement de l’abonnement PRO;
  • Prix Betakit 2019 : parmi les dix entreprises montréalaises à surveiller.

2020 :

  • Novembre : Début des opérations à Boston.

2021 :

  • Novembre : Début des opérations à Philadelphie;
  • Août : Début des opérations à Chicago;
  • Mars : Lancement de l’abonnement PRO+;
  • Été 2021 : Premier investissement d’Investissement Québec.

2022 :

  • Deux sommes importantes d’Investissement Québec : la première fois à l’été 2021, la seconde en 2022, pour un total de 14 millions CAD$ en équité et notes convertibles.
  • En 2022, RenoRun a récolté 142 millions USD$ ou 200 millions CAD$ dans une ronde de financement menée par la firme d’investissement new-yorkaise Tiger Global Management;
  • Depuis l’obtention de ce financement, RenoRun – qui comptait alors 500 employés – a procédé à plusieurs vagues de mises à pied;
  • Été 2022 : Licenciement de 12% de son effectif, soit 72 employés;
  • Octobre 2022 : Licenciement de 43% de son effectif, soit 210 employés dont 80 au Québec.

2023 :

  • Aux prises avec des difficultés financières, RenoRun a déposé la semaine du 30 mars 2023 un avis d’intention de faire une proposition en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.
  • Avril 2023 : Licenciement de 53 employés.

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