L’AQMAT interpelle les associations d’entrepreneurs et les syndicats pour un engagement sans compromis à l’égard de la santé des travailleurs afin que les chantiers rouvrent aussitôt que possible, mais pas à n’importe quelle condition.
« Chaque secteur économique subit la crise, mais celui de la construction est possiblement plus critique et mérite des actions d’ampleur et d’urgence », soutient Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT, organisme qui représente l’ensemble des quincailleries et centres de rénovation du Québec ainsi que les fabricants qui les approvisionnent.
Comme on le sait, l’effervescence de Noël dans la construction, c’est plutôt au printemps et au début de l’été qu’elle se manifeste. En une dizaine de semaines, marchands et manufacturiers devraient réaliser jusqu’à la moitié de leur année financière. C’est en effet en ce moment et jusqu’à la mi-juin que se construisent le plus d’habitations et que le pic des rénovations survient.
« Ça devient vraiment problématique parce que la fenêtre de travail en construction neuve ne dure pas longtemps, sans compter l’échéance du 1er juillet pour 30 % de la population qui normalement déménage à cette date et à droit d’accéder à un logement en bon état », rappelle M. Darveau.
Selon l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), l’écosystème de la construction doit démontrer au gouvernement du Québec, et en particulier aux ministres de la Santé et des Services sociaux ainsi qu’au ministre de l’Économie et de l’Innovation, que ses acteurs prennent en main avec tout le sérieux attendu l’enjeu des risques de propagation du virus afin de pouvoir opérer des chantiers sains à l’issue du décret qui prend fin le 13 avril.
« On n’est plus dans la logique de la santé d’abord, mais de la santé, un point c’est tout », affirme le porte-parole de l’AQMAT.
L’impact des chantiers de construction interrompus sur les ventes au détail
Selon un sondage express conduit par l’AQMAT le 1er avril, c’est à hauteur de 62 % que les affaires des commerces sont affectées par la fermeture des chantiers de construction. Pire, 12 % des 97 centres de rénovation qui ont répondu à l’enquête le jour même considèrent que leur commerce est menacé de disparaître si les chantiers demeurent trop longtemps fermés.
M. Darveau ne cache cependant pas sa surprise d’apprendre que seulement 41 des répondants ont confiance que les entrepreneurs sont capables d’adopter des moyens adéquats pour contrôler les risques de propagation sur leurs chantiers. « Il est là l’enjeu. Il faut que nos gens qui sont en première ligne développent 100 % de confiance dans leurs clients entrepreneurs ».
Les associations d’entrepreneurs et les syndicats en construction doivent changer cette perception, martèle l’AQMAT, et prendre tous les moyens pour que les « contracteurs » s’engagent sur le chemin du zéro risque.
Les barèmes de prévention en état de crise existent
Depuis que les chantiers ont été fermé par décret au Québec jusqu’au 13 avril, l’Institut national de santé publique a émis une série de mesures de prévention de la COVID-19 en contexte de chantier de construction, donc applicables en ce moment, c’est-à-dire pendant que les risques de transmission communautaire sont élevés. Ses recommandations sont confirmées par les autorités de santé publique comme aptes à protéger la santé des employés et de ceux qui fréquentent les chantiers.
La douzaine de mesures est accessible dans un document en ligne. Cliquer ici pour le consulter.
La direction de l’AQMAT demande aux employeurs et à la partie syndicale d’agir complémentairement, dans le respect de leurs rôles et statuts respectifs, mais dans un souci d’intérêt suprême pour la société.
Après avoir consulté plusieurs entrepreneurs, l’AQMAT en conclut qu’avec de la bonne volonté et de l’ingéniosité, chacune de ces mesures d’aménagement du mode et du temps de travail est applicable en propre, sinon en employant des procédés palliatifs.
Un exemple parmi tant d’autres : si deux travailleurs doivent être près l’un de l’autre pour un ouvrage, tel une infirmière qui injecte un patient, le port du masque des personnes impliquées compense pour l’impossibilité de respecter la règle de la distanciation sociale.
L’AQMAT rappelle qu’il ne s’agit pas de s’endetter en modifiant de façon permanente la manière de se comporter sur un chantier, mais de prendre les dispositions nécessaires tant et aussi longtemps que les autorités de santé publique maintiendront l’état d’alerte à la propagation.
Un appel aussi aux marchands et à leurs bannières
L’AQMAT implore les quincailleries et les acheteurs de leurs bannières à veiller à approvisionner en quantité suffisante les articles et accessoires les plus susceptibles d’aider les employeurs à fournir aux travailleurs de leurs chantiers tout ce dont ils ont besoin pour se sentir hors de tout risque de contracter le virus.
Parmi les équipements qu’il presse d’avoir en inventaire lorsque le signal de réouverture sera éventuellement donné, la liste ci-dessous dressée par l’APCHQ et que nous reproduisons avec sa permission nous semble un bon point de départ.
L’AQMAT a initié le groupe Chantiers sanitaires sur Facebook, il y a une semaine, avec comme principal but de générer un dialogue entre les entrepreneurs et leur centre de rénovation local. Près de 140 entreprises ont immédiatement adhéré.
« On demande aux marchands de quincaillerie et de matériaux de s’organiser pour disposer des stocks et du service afin de pouvoir desservir les professionnels qui accepteront de jouer le jeu de travailler avec zéro compromis pour la santé de leurs travailleurs dès que le premier ministre du Québec donnera le signal de rouvrir les chantiers ». – Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT