On ne saura jamais exactement ce que les Shafia ont fait, mais on a des preuves à la tonne de ce qu’ils ont dit. C’est essentiellement sur la base de leurs propos qu’ils ont été jugés. Ce fut suffisant.
On a su dans les moindres détails monstrueux ce que le docteur Turcotte a fait, sans savoir ce qu’il a dit. Il s’en est pourtant tiré quasi indemne de ses meurtres avoués et pas du tout accidentels.
Troisième cas d’espèce: la peine de prison à perpétuité de Robert Latimer, sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans, pour avoir mis un terme à la vie de sa fille qui ne pouvait ni marcher, ni parler, ni s’alimenter. Il a tout dit sur ce qu’il a fait.
Dans la nouvelle orthographe, je pense que le mot justice deviendra un jour invariablement pluriel…
Pendant ce temps, sous le manteau de son immunité parlementaire, le sénateur Boisvenu incendie les salles de presse et les deux chambres haute et basse à Ottawa, cela pour avoir affirmé que chaque assassin devrait avoir accès à une corde dans sa cellule. Il sera sans doute jugé, mais n’écopera d’aucune peine.
Finalement, les mots et les actes de tous et chacun ont des poids bien relatifs.
Je pense que je vais me taire et ne plus bouger. Au cas où.
Mais non. Il faut continuer à parler et à agir. Se commettre au boulot comme à la maison. Intervenir en son âme et conscience. Et espérer que notre notion du bien et du mal coïncide avec le juge ou les jurés du moment.