Prolongations

On les aime bien les surtemps quand ils permettent au Canadien de gagner in extremis, comme dans le match d’hier contre les méchants (Bruins de Boston).

On aimera tout autant la prolongation demandée et obtenue de la CEOGCPIC, mieux connue sous son nom complet de Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, encore mieux connue comme la Commission Charbonneau.

C’est de la très belle télé-réalité. Mais c’est pas la raison pour laquelle la série doit rester à l’antenne plus longtemps. 

C’est parce qu’on est encore au début du commencement. 

L’effet domino de telles entrevues en direct s’amorce avec tous ces gens qui s’auto-condamnent et regrettent, sans avouer, acceptant de se sacrifier pour la pérennité de leur entreprise ou de leur employeur. Geste gratuit, s’il en est, autant que Bernard Trépanier est bel et bien bénévole.

Il faut que les travaux progressent pour permettre aux commissaires, à la machine publique et aux médias d’accoucher d’un modus operandi plus éthique quant à l’OGCP (octroi et gestion des contrats publics).

Rares sont nos marchands qui soumissionnent pour des contrats avec l’un ou l’autre des quatre paliers de gouvernement (municipal, MRC, province et fédéral), mais il y en a. Et on en voudrait plus, si les dés ne sont pas pipés. 

Plus nombreux sont nos membres manufacturiers qui tentent leurs chances lors d’appels d’offres publics et parapublics. Ils le font avec un doute, depuis toujours, un peu comme lorsqu’on hésite avant de poser sa candidature pour un emploi car on se demande si tout est arrangé. 

Imaginez si les enveloppes techniques et financières étaient vraiment évaluées au mérite et sur la base d’une pondération connue. Imaginez si les donneurs d’ouvrage connaissaient vraiment leur sujet pour bien rédiger les offres afin de contrer toute requête d’extra farfelue. Pour cela, faut cesser de sabrer dans les compétences de la fonction publique, nos chiens de garde.

Imaginez si les règles de légitimité et de bonne réputation qu’impose maintenant l’Autorité des marchés financiers s’étendaient à tout contrat avec un organisme public.

Imaginez si les fonctionnaires de tout niveau – et leurs élus – devaient signer un code de déontologie enrichi d’un cadre d’imputabilité les obligeant moralement à ne servir que l’intérêt général des citoyens plutôt que de se sentir à l’abri de toute représaille.

Franchement, il faut continuer longtemps de voir les demi-sourires de France Charbonneau à l’écran. Et que ses travaux débouchent sur un contrat social avec des dents bien aiguisées.

L’ex journaliste en moi sourit en se rappelant que toute la saga a commencé avec un article de Rue Frontenac, ce média temporairement diffusé par les journalistes du Journal de Montréal durant le lock out, où on révélait des liens entre le candidat à la mairie Benoit Labonté, Tony Accurso et le contrat des compteurs d’eau. 

Voyez comment on en apprend des choses depuis. Ou il serait plus juste de conclure ainsi: voyez comment se confirment nos doutes.


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