Les producteurs d’acier demandent au gouvernement canadien de lever le pied

Maintenant que le gouvernement du Canada a exercé des représailles contre les tarifs américains injustes appliqués à l’acier et à l’aluminium canadiens, la Coalition canadienne de l’acier de construction exhorte le gouvernement à agir avec prudence avant d’adopter d’autres mesures, notamment des mesures de protection, qui pourraient perturber gravement l’industrie de la construction au Canada.

La CCAC représente les fournisseurs, aciéristes, centres de service et importateurs d’acier de construction établis partout au Canada. Ses membres sont responsables de la construction de logements à prix abordable pour les Canadiens, d’infrastructures essentielles comme les routes, les ponts, les aéroports et les barrages.

La position de la Coalition est synthétisée dans cette citation : « Nous appuyons la réaction mesurée du gouvernement face aux tarifs américains et nous comprenons les choix difficiles qu’il a dû faire en décidant quels produits il devait cibler. Toutefois, nous sommes inquiets en raison du fait que le gouvernement envisage de prendre des mesures de protection – une combinaison de tarifs ou de quotas – à l’égard des importations de barres d’armature et d’autres produits d’acier de construction provenant des autres partenaires commerciaux du Canada. »

Le secteur de la construction au Canada est essentiel pour l’économie canadienne, employant près de 1,2 million de Canadiens, ce qui en fait le secteur qui génère le plus d’emplois pour la classe moyenne au pays, prétend la Coalition.

Or, le secteur dépend fortement des produits d’acier importés. Les producteurs d’acier canadiens ont la capacité de répondre à environ 50 % seulement de la demande canadienne en acier de construction.

Historiquement, le Canada s’est appuyé sur les États-Unis pour la moitié du reste de la demande. Pour le reste, le Canada a toujours eu besoin et continuera d’avoir besoin d’acier qui est importé de l’extérieur de l’Amérique du Nord. Ce besoin est plus pressant que jamais maintenant que les importations américaines font l’objet de représailles tarifaires canadiennes.

Les prix de l’acier de construction ont augmenté considérablement au cours des six derniers mois et ils frôlent déjà des sommets records. S’il n’a pas accès aux importations des autres pays – il s’agirait là de la restriction qu’imposerait une mesure de protection à l’échelle mondiale –, le secteur canadien de la construction sera confronté à des pénuries liées à de nombreux types d’acier et à des prix plus encore plus élevés.

Les projets d’infrastructure essentiels partout au pays et les projets de construction résidentielle pour notre population croissante, qui dépendent d’un approvisionnement adéquat et à prix abordable en acier, seraient tous menacés.

Par exemple, le remplacement du pont Champlain, à Montréal, nécessite de la tôle d’acier et des barres d’armature en acier inoxydable qui ne sont pas produites au Canada.

Le Residential Construction Council of Ontario prévoit que le coût d’une unité moyenne de logement en copropriété pourrait connaître une augmentation allant jusqu’à 10 000 $ ou 12 000 $ en raison de l’augmentation des coûts de l’acier.

Les problèmes liés à l’approvisionnement en acier de construction sont particulièrement graves pour la Colombie-Britannique et le Canada Atlantique. Les coûts de transport terrestre au Canada sont prohibitifs et la production est effectuée en grande majorité dans le centre du Canada, une région éloignée de nombreux marchés canadiens.

« Autrement dit, analyse Richard Darveau, président de l’AQMAT, pour les projets réalisés dans les deux extrémités du pays, la Coalition sous-entend qu’il est parfois financièrement plus avantageux de s’alimenter au sud, donc aux États-Unis, option devenue plus compliquée en raison de la guerre tarifaire en escalade. »

Par conséquent, la CCAC exhorte le gouvernement du Canada à mener de vastes consultations auprès des utilisateurs d’acier et à s’assurer d’obtenir un portrait complet de la situation avant d’imposer d’autres restrictions aux Canadiens en matière d’approvisionnement.

Un autre membre de la Coalition prévoit le pire : « De nombreux pays sont touchés par les tarifs américains, mais le fait de dresser des obstacles à l’acier de construction provenant de ces pays s’avérera autodestructeur pour notre économie. Cela signifiera que des projets seront annulés et que les coûts de construction des ponts, des routes et des maisons neuves augmenteront. De plus, pour chaque emploi potentiellement protégé dans une aciérie canadienne, 10 emplois ou plus en aval seront menacés. »

 

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