Le prix du gypse américain soulève la zizanie dans l’Ouest

Résultats directs d’une enquête de dumping,  les nouveaux droits de douane provisoires sur les plaques de plâtre en provenance des États-Unis font réagir dans l’Ouest canadien.

À l’origine de la plainte ayant mené à l’ouverture de l’enquête par le Tribunal canadien du commerce extérieur, l’entreprise CertainTeed Gypsum Canada a tenu à défendre son action. Cliquez ici pour une mise en contexte.

«  Nous avons déposé une plainte antidumping parce que les fabricants de produits de cloisons sèches, établis aux États-Unis, au cours des dernières années, en exportaient à l’ouest du Canada des volumes élevés et croissants, et ce, à des prix bien moins élevés que ceux auxquels ils sont vendus aux États-Unis », a indiqué Matthew Walker, directeur général, CertainTeed Gypsum Canada.

«  Ce dumping se traduit par un préjudice appréciable à l’endroit des fabricants canadiens sous forme de perte de parts de marché et de compression des prix et des marges. Aux termes de la loi canadienne, cette pratique commerciale est considérée comme une pratique déloyale sanctionnée par un droit ou tarif compensateur. L’ampleur du droit provisoire annoncé reflète le très grand écart des prix entre les États-Unis et le Canada et l’énorme marge de dumping qui a un effet dévastateur sur la valeur des plaques de plâtre dans l’Ouest canadien », a-t-il précisé.

Le responsable s’est dit aussi surpris et déçu «  par le récent appel au boycott de nos produits de cloisons sèches qu’ont lancé des clients canadiens et certaines associations de l’Ouest canadien, appel relayé dans les médias canadiens ».

Des mécontents

Rappelons que la compagnie américaine Georgia-Pacific faisait part de son mécontentement à ses clients à propos de l’augmentation de ses droits d’importations de 105,2 % à 276,5 %.

«  Veuillez noter que l’imposition de tels droits d’importations dans l’Ouest canadien ainsi que les  dommages engendrés aux entreprises et aux clients sont le résultat direct de la décision de CertainTeed de se servir du gouvernement pour s’isoler des effets du libre marché et pour augmenter les profits de ses actionnaires », a écrit Leo Bissonnette, directeur régional pour le Canada chez Georgia-Pacific en ajoutant que sa compagnie s’opposerait à de telles augmentations.

De son côté, Radio-Canada Saskatchewan rapporte que les nouveaux droits émis par l’Agence des services frontaliers du Canada ébranlent l’industrie de la construction. «  Il ne faut pas oublier que quand les compagnies ressentent ces pressions, c’est en fin de compte les gens qui achètent des maisons qui vont les ressentir  », a expliqué au média Christine Guérette, directrice générale, Association des constructeurs d’habitations de Saskatoon

Une tentative d’élimination

«  L’ouverture du marché ne signifie pas pour autant qu’on doit permettre au capitalisme de s’exprimer de manière sauvage. On assiste ici à un cas patent de tentative d’élimination de la fabrication de gypse en terre ouest-canadienne  », de réagir Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.

En effet, les manufactures de ce côté-ci de la frontière ne peuvent fournir qu’environ 50 % des besoins en gypse pour la construction neuve et la rénovation. Il y a donc place pour l’export et celui-ci vient naturellement de nos voisins du Sud.

«  Jusque là, tout est sain. Les clients de l’Amérique du Nord sont alors bien desservis, on profite de la bonne entente continentale entre les parties.  Sauf qu’une guerre de prix s’est instaurée l’hiver dernier et s’est intensifiée en avril, au point où CertainTeed a senti l’obligation d’utiliser les tribunaux pour protéger son marché domestique. Une enquête est en cours. Et les règles internationales prévoient des mesures temporaires qui prennent la forme de tarifs douaniers plus élevés. Dans le cas qui nous occupe, beaucoup plus élevés  », a continué le porte-parole de l’Association.

L’AQMAT croit en l’État de droit. Nous croyons aussi fermement que les règles doivent être les mêmes pour tous les joueurs évoluant sur un même marché, comme c’est le cas pour deux équipes de hockey jouant sur la même glace. Enfin, nous appuyons aussi le rôle des arbitres en cas de différends.

«  Il nous reste à espérer que la situation sera traitée avec zèle par l’Agence canadienne des services frontaliers  », a conclu M. Darveau.

Pas la première fois

CertainTeed rappelle qu’en 1992, une affaire antidumping de plaque de plâtre avait aussi été intentée au Canada.

«  Dans ce cas, la part de marché des importations américaines était de l’ordre de 8 à 9 % tandis que, dans le cas présent, elles représentent plus de la moitié du marché de l’Ouest canadien. De même, si les marges de dumping déterminées en 1992, par le gouvernement canadien, étaient d’environ 27%, les marges préliminaires en l’espèce vont d’un peu plus de 100% à 276% », a déploré M. Walker.

Devant l’ampleur du phénomène, CertainTeed a dû licencier des employés de l’Ouest canadien, réduire son investissement dans ses usines de fabrication ainsi que ses exploitations minières et ses entreprises.

« Nous ne pouvions pas laisser pénaliser encore l’activité et les emplois de nos employés canadiens et miner la viabilité et la survie de nos usines par le dumping inique, sans nous prévaloir du recours légal prévu en vertu des lois commerciales canadiennes.

La suite

Les entreprises qui désirent participer à l’enquête et à l’audience doivent déposer au Tribunal un avis de participation avant le 21 septembre prochain.  Détails ici.

Le 5 décembre, une audience publique aura lieu à Ottawa afin d’entendre les témoignages des parties intéressées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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