Parce qu’elle survient à mi-année, la parenthèse des vacances de la construction permet de jeter un œil frais dans le rétroviseur et de dégager ce qui a marqué les six premiers mois de l’année. Chauds, ont-ils été, si on les mesure à l’échelle de l’intensité des activités.
Nos principaux gains
Notre plus grande victoire – et celle de l’APCHQ pour ses membres aussi – demeure sans l’ombre d’un doute l’obtention d’un deuxième prolongement du crédit d’impôt RénoVert.
En permettant aux consommateurs de réduire de 20 % le coût de leur investissement en produits et travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique de leur maison d’une valeur de plus de 2500 $, l’action de l’AQMAT provoque des dizaines de milliers de dollars en achats dans chaque quincaillerie et centre de rénovation, autant d’argent qui, n’eut été de RénoVert, s’en irait dans des voyages, des vêtements ou autres dépenses.
Par contre, le fait que le programme soit limité aux propriétaires occupants empêche les gestionnaires de petits immeubles de procéder à des travaux et ainsi, de participer pleinement à la lutte au réchauffement climatique.
Nous nous sommes par ailleurs engagés dans un groupe de travail, volet bâtiment, dans le cadre de la stratégie gouvernementale menant à ce qu’il est convenu d’appeler la transition énergétique.
Rappelons d’abord un taux porteur d’un drame social et aussi d’opportunités d’affaires : 75 % du 1,2 million de logements construits au Québec avant 1960 ont besoin de réparations mineures ou majeures. L’occasion est donc belle de renouveler le parc immobilier selon des principes d’efficacité énergétique plus rigoureux.
Or, la transition énergétique induit des changements majeurs au niveau de la fabrication et de l’installation d’une foule de gammes de produits, avec à leur tête les portes et fenêtres, les isolants et les appareils de chauffage.
L’AQMAT a par ailleurs appuyé de tout son poids l’Ordre des architectes du Québec en faveur d’une politique de l’architecture. La méthode du plus bas prix sans accorder assez de poids à l’esthétique, à la durabilité, à l’ergonomie des bâtiments a pour effet que nos ouvrages, surtout publics, sont souvent anonymes, chers d’entretien, peu résistants au temps. On souhaite plus de créativité, d’où une modification en profondeur des appels d’offres soporifiques et des jurys plus indépendants des impératifs politiques à trop courte vue.
Victoires communes
Nous avons aussi appuyé plusieurs actions publiques menées par des associations patronales collègues, notamment les trois dossiers ci-dessous.
L’AQMAT a contribué à exercer des pressions sur les deux niveaux de gouvernement sous le leadership du Conseil québécois du commerce de détail et du Conseil canadien du commerce de détail. Le but est d’assujettir à des taxes équitables les ventes virtuelles par rapport aux ventes en magasins qui ont pignon sur rue. La lutte n’est pas finie.
L’AQMAT a joint une ne coalition contre les retards de paiement afin que les quincailleries et centres de rénovation délivrant des matériaux sur des chantiers publics soient eux aussi payés dans des délais raisonnables. Ces délais sont passés de 50 à 80 jours depuis vingt ans. Les entrepreneurs en construction n’étant eux-mêmes pas payés, ils font subir la situation sur les marchands qui, à leur tour, jonglent au mieux avec leur bannière et leur banque. Pendant ce temps, en Ontario, le gouvernement a adopté une loi faisant en sorte que les entrepreneurs généraux soient payés en temps opportun, et que les sous-traitants et fournisseurs bénéficieront des mêmes conditions de paiement sans délai. D’autres pays hautement industrialisés, de même que 49 des 50 États américains ont officiellement mis en place une sorte de législation sur le paiement sans délai. Le Québec, pour sa part, mène un projet-pilote. L’AQMAT va suivre de près ces travaux pour qu’ils débouchent sur un nouveau cadre réglementaire gagnant-gagnant.
Auprès de 55 autres associations de tout le Canada, nous avons réussi à faire plier le genou au ministre fédéral des Finances. Bill Morneau a retraité avec une réforme de la planification fiscale des entreprises moins incidente. La pression est maintenue pour que les PME conservent leurs droits à des déductions fiscales sur leurs revenus de placements dits passifs.
Chantiers à venir
Parmi les chantiers en gestation, je vous partage les cinq suivants :
- une campagne de promotion des carrières en quincaillerie avec le soutien des bannières ;
- un partenariat afin de promouvoir dans les quincailleries des entrepreneurs certifiés plutôt que n’importe quel « jobber » ;
- une trousse et une campagne pour identifier les produits faits au Québec et les promouvoir avec une phase 2 embrassant l’ensemble des produits faits au Canada. Dans cette optique, un partenariat a été signé avec le Conseil de l’industrie forestière du Québec aux fins que les produits du bois soient privilégiés dans pareille campagne ;
- la création d’une alliance en faveur de constructions et de rénovations innovantes ;
- l’écriture d’un mémoire prônant en faveur de l’instauration d’avantages fiscaux lorsqu’un commerce est transféré à la prochaine génération.
Bref, les vacances seront les bienvenues pour tous, afin d’être en forme pour attaquer un automne appréhendé comme chaud !