Plus de taxes sur le bois exporté aux États-Unis pourrait servir la cause des entreprises et des consommateurs d’ici

On dit que le malheur des uns peut faire le bonheur des autres. Et si l’attitude défensive des Américains par rapport au bois d’œuvre canadien pouvait servir la cause de notre industrie de la construction d’ici, de nos gouvernements et des consommateurs d’ici ?

C’est en tout cas ce que défend dans les médias ces jours-ci l’expert Luc Bouthillier, professeur de politique forestière à l’Université Laval : d’éventuelles surtaxes pourraient contribuer à rendre plus payant de vendre au Canada pour nos producteurs plutôt que d’exporter aux États-Unis.

Luc Bouthillier, ing.f., professeur titulaire, département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval

Sur les ondes de Radio-Canada hier, le professeur Bouthillier souligne notamment que l’écart de presque 20 % en taxes que les scieries québécoises et canadiennes n’auraient pas à payer en vendant sur le marché domestique peut faire toute une différence sur la rentabilité des opérations.

Le marché local n’est pas aussi gros que l’Américain, mais l’effet serait qu’il y aurait plus de bois disponible pour nos centres de rénovation avec possiblement un recul des prix.

Rappelons l’affaire. Les droits compensateurs et antidumping actuellement fixés à 8,99 % sur le bois canadien que les Américains accusent de faire l’objet de subventions déguisées pourraient grimper à 18,32 %.

Précisons cependant que si des tarifs sont imposés unilatéralement par les États-Unis, cela surviendra seulement en décembre 2021 ou en janvier 2022.

« La NLBMDA, association équivalente à l’APCHQ aux États-Unis, critique vivement la décision du département du Commerce des États-Unis de doubler les droits de douane sur les produits de bois d’œuvre résineux canadiens et exige que l’administration Biden revienne sur sa décision avant que cette augmentation ne prenne effet », a déclaré Jonathan Paine, président et chef de la direction de la NLBMDA. « Ces droits de douane sont une taxe imposée aux consommateurs américains et ils aggraveront encore davantage la crise du logement abordable qui afflige les collectivités partout au pays. »

L’organisme de défense des entrepreneurs en construction déplore que la décision du ministère survienne alors que les prix du bois d’œuvre atteignent des sommets sans précédent. Elle évalue à 36 000 $ (américains) le coût supplémentaire d’une maison unifamiliale neuve moyenne en raison des prix actuels, donc avant l’application d’un nouveau tarif.

Chez nos voisins comme ici, on constate que des lobbys aux intérêts opposés s’affrontent : les scieries américaines prennent des moyens pour protéger leur marché alors que ce dernier a besoin de tout le bois qui se produit en Amérique du Nord pour soutenir la demande encore forte.

Ce qui fait dire à Richard Darveau, porte-parole de l’AQMAT, que le bois mérite un statut spécial : « On a protégé jadis notre hydro-électricité. Il est vraiment temps qu’on se penche sur le bois, du moins celui issu de territoires publics comme l’eau, mais exploité par le secteur privé, afin que l’intérêt commun des contribuables, entreprises comme citoyens, demeure bien servi ».

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