Cette semaine, je fais trêve. Ou plutôt, je choisis délibérément de laisser mon espace textuel à mes collègues de l’Association Béton Québec, l’ABQ, regroupant les producteurs de béton prêt à l’emploi, en raison de l’actualité qui nous concerne tous: le prochain pont entre la Rive-Sud et l’île de Montréal.
Ce qu’écrivent Claude Dupuis et Luc Bédard, respectivement président et directeur général de l’ABQ, est une réaction à l’éditorialiste de La Presse, André Pratte, qui avoue douter du choix du béton qu’ont fait l’architecte et le gouvernement fédéral pour le futur pont Champlain numéro 2. Il aurait préféré l’acier.
Avant de leur laisser défendre les vertus du béton, puis-je me permettre d’espérer que le pont conserve son nom? Laissons d’autres honneurs à Maurice Richard ou à Robert Bourassa. Comme me le rappelait hier un ami, cet ouvrage ne demeurera-t-il pas le lien avec les États-Unis qu’on aborde par le prestigieux Lac Champlain sis à quoi, une centaine de kilomètres?
Si cependant on voulait conférer au dit pont un caractère francophone encore plus marqué tout en assurant plus de cohérence avec son voisin qui s’appelle Jacques-Cartier, peut-être conviendrait-il de l’appeler lui aussi par son nom complet, à savoir Samuel-de-Champlain. C’est beau, me semble-t-il.
Les bétons d’aujourd’hui sont aussi différents de ceux des années 60 que les téléviseurs actuels le sont de ceux de l’époque.
Au moins deux ponts sur trois, incluant le pont Champlain et l’échangeur Turcot, furent construits entre 1950 et 1970, lorsque notre société s’est dotée des infrastructures que nous devons aujourd’hui remplacer. Les bétons de cette époque n’avaient pas les propriétés requises pour résister à la dégradation par le gel-dégel en présence de sels fondants.
Une simple recherche sur l’internet avec les mots clés «pont en béton» permet de vérifier à quel point le béton est utilisé pour la construction d’ouvrages d’art majeurs partout dans le monde.
Or, les bétons résistants d’aujourd’hui sont très différents. L’univers du béton a connu durant les années 80 une véritable révolution avec le développement des superplastifiants et l’utilisation des ajouts cimentaires telle la fumée de silice. La combinaison de ces produits permettent d’obtenir des bétons de très haute performance.
Les bétons modernes possèdent une faible porosité et une excellente imperméabilité leur conférant ainsi une grande durabilité. Ils sont résistants aux agressions chimiques et aux cycles gel-dégel, donc très bien adaptés en milieu marin.
Un projet phare
Voilà pourquoi la plateforme de forage Hibernia est construite avec un béton armé de haute performance. Elle est conçue pour survivre à l’impact direct d’un iceberg de six millions de tonnes. Le pont de la Confédération entièrement construit en béton, inauguré en 1997, est conçu pour durer 100 ans. D’une longueur de 12,9 kilomètres, Il traverse le détroit de Northumberland, un environnement marin caractérisé par de forts courants et la présence importante de glace en hiver. Ce projet phare de l’industrie a mis à contribution l’expertise québécoise en matière de béton, notamment pour la formulation des bétons et les essais de caractérisation.
Le béton est fabriqué avec des matériaux locaux et met à contribution l’expertise québécoise, dont la renommée est mondiale. Enfin, le béton s’inscrit bien dans une approche de développement durable par l’utilisation d’ajouts cimentaires qui permettent d’offrir une meilleure durabilité à long terme.
En résumé, le béton moderne est un matériau de choix pour construire le nouveau pont.