Nos quincailleries victimes d’un consommateur affaibli

En 2012, l’activité dans les quincailleries et les centres de rénovation semble s’être mieux portée dans l’ensemble canadien qu’au Québec. Le constat est généralement vrai pour tous les autres secteurs du commerce de détail. 
C’est du moins ce qui ressort d’une étude du Groupe Altus portant sur le bilan de l’année 2012 et les prévisions économiques pour 2013, dévoilée le 15 février dernier par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).
Notre secteur d’activités représente environ 6 % de toute l’activité dans le commerce de détail au Québec et au Canada, encore dominée par l’automobile et l’alimentation qui s’accaparent ensemble 45 % de tous les dollars des consommateurs.
Sauf que notre part relative a baissé de 1,2 % en 2012 par rapport à 2011 alors qu’elle a augmenté timidement de 0,6 % dans le reste du pays.
Plus important encore est le fait qu’il s’agit de la troisième baisse consécutive, ce qui fait cumuler la perte de chiffre d’affaires de nos marchands à 5,7 % depuis 2010. En dollars, il s’agit d’une perte estimée à 353 millions $ en trois ans. Préoccupant.
Puisqu’il faut se dire les choses en toute transparence, partageons une autre statistique troublante : pendant la même période de trois ans (2010-2011-2012), l’ensemble des détaillants québécois a cumulé une croissance de 6,6 %, 2,5 % et 1,4 % équivalent donc à 10,5 %. Ceci contextualise les données du paragraphe précédent, à savoir que les consommateurs magasine de moins en moins dans nos magasins.
Circonstances atténuantes
Le recul des ventes moyennes par quincaillerie et centre de rénovation résulte d’une série de facteurs circonstanciels qu’il est nécessaire de peser ». Je soulève ici trois éléments macroéconomiques.
  1. Le resserrement des conditions hypothécaires qu’a imposé le gouvernement du Canada (plafond à 25 ans et hausse des mises de fond), mais il faut admettre que cela a un effet sur les mises en chantier et les achats de maisons existantes. L’AQMAT appuie néanmoins ces mesures qui, à long terme, aident à la lutte au surendettement et préviennent la création d’une bulle immobilière à l’américaine.
  2. L’endettement progressif des consommateurs et en particulier sur le plan hypothécaire (qui est passé en dix ans de 70 % à près de 100 % du revenu personnel disponible) a effrité les élans des rénovateurs.
  3. Le fait que pendant la même période, les Québécois ont réduit leur niveau d’épargne de moitié (passant de 4 % de leur revenu à 2 %) contribue aussi aux hésitations qu’on ressent avant les grands travaux. Devant la concomitance de ces deux facteurs, les faibles taux d’intérêt pour emprunter ne font pas le poids.
Maintenant, si on scrutait plus en détail les gains et les pertes de nos quincaillers et centres de rénovation par départements, je ne serais pas du tout surpris de constater que ce sont les achats coûteux, c’est-à-dire l’acquisition de biens dits durables, qui ont le plus plombé les chiffres d’affaires.
D’ailleurs, l’enquête du CQCD révèle que les ventes les plus en baisse au Québec proviennent des magasins d’électroménagers avec une réduction record de 9,3 %.
Quant à savoir pourquoi les quincailleries du reste du Canada ne semblent pas avoir été aussi affectées par ces facteurs que les nôtres, je place au banc des accusés l’écart croissant entre le revenu personnel disponible au Québec par rapport à celui de nos compatriotes : il était de 1500 $ en 2002, il est de 3750 $ en 2012. C’est assez pour remettre à l’an prochain une ou deux visites à son centre de rénovation!

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