C’est dans ces mots colorés, rappelant l’expression qu’utilisaient semble-t-il les chauffeurs de tramway jadis, que Richard Darveau a appris que des dizaines de municipalités votent pour le gel de la construction sur leur territoire.
« On constate qu’on est vraiment dans la petite politique quand des élus ont négligé d’investir dans les infrastructures pendant des décennies au point de paralyser les besoins en logement de leurs citoyens », s’exclame Richard Darveau, président de l’AQMAT.
Explications.
Des villes comme Gatineau font face à un manque de capacité des infrastructures d’eau, potable ou usée.
Dans la même région outaouaise, le quotidien Le Droit nous apprend que la municipalité de Chelsea a décrété un moratoire dans son centre-village au début du mois de novembre en raison d’un problème semblable de capacité en eau potable.
Ailleurs, la Ville de Lévis s’apprête à confirmer son intention d’imposer un moratoire sur la construction dans deux secteurs importants de son territoire. D’autres grandes villes comme Sherbrooke et Terrebonne y réfléchissent aussi.
Entre février 2022 et septembre 2024, la Ville de La Prairie avait mis en place un moratoire sur les projets de construction, le temps de trouver des solutions pour optimiser la capacité du réseau d’égout municipal.
Un moratoire temporaire sur l’émission de certains permis de construction entrera en vigueur à compter du 17 janvier 2025 à Saint-Boniface, en Mauricie, et ce, pour une période indéterminée. La municipalité souhaite s’assurer du bon fonctionnement et de la pérennité de ses infrastructures, notamment le réseau d’aqueduc municipal. Une étude de capacité de charge est en cours et orientera les prochaines étapes du développement urbain.
La municipalité des Cèdres en Montérégie est passée de la parole aux actes le 10 septembre dernier alors que le conseil municipal a adopté un règlement sur la gestion de l’alimentation et l’assainissement de l’eau et des égouts qui se trouve à imposer un moratoire visant à interdire la construction de projets résidentiels sur le territoire municipal pendant une durée de deux ans. L’objectif de la démarche est d’interdire l’ajout de nouveaux logements et la réalisation de projets de développements le temps nécessaire pour augmenter ses capacités de rejets d’eaux usées.
La Ville de Trois-Rivières resserre ses règles pour les projets de construction sur une vaste partie de son territoire, sans toutefois tout interdire. La capacité de ses infrastructures souterraines est tout simplement insuffisante pour suivre le rythme de construction engendré par la crise du logement. Elle a mis en place un Règlement de contrôle intérimaire (RCI) pour limiter les rejets dans son réseau pluvial.
Philosophe, M. Darveau voit que la classe politique attend trop souvent d’être au pied du mur pour agir, mais comme le dit l’adage : « Mieux vaut tard que jamais! ».