Le ministre Morneau plus optimiste que nous face au volontariat de Visa et MasterCard

Après « vérification indépendante », le gouvernement canadien estime que «  les sociétés Visa et MasterCard ont toutes deux rempli leurs engagements respectifs de réduire les frais d’interchange des cartes de crédit », dont pour les petites et les moyennes entreprises. Une annonce du ministre des Finances qui n’est pas passée inaperçue dans l’industrie.

Porte-parole de l’AQMAT, Richard Darveau n’a pas tardé à réagir hier, dans les minutes suivant l’annonce: « Je ne cache pas ma déception d’apprendre, par le communiqué officiel du ministre des Finances du Canada, que le gouvernement table encore sur le code volontaire signé par les autorités de Visa et MasterCard pour que baissent les frais d’interchange exigés des marchands. »

M. Darveau renchérit: « Bien sûr que les émetteurs de cartes vont réduire leurs taux, cependant pas à la hauteur de ce qui est pratiqué en Europe et en Australie. Mais j’espère avoir tort. »

Ce qui dérange la direction de l’AQMAT et d’autres observateurs, c’est que le ministre ne semble pas tenir compte du tout de la grogne croissante exprimée par les marchands et leurs associations.

Le communiqué souligne aussi que le gouvernement procédera à une autre évaluation des frais imposés par les émetteurs de cartes de crédit et examinera aussi les effets de la réduction des frais.

« La surveillance continue du secteur des services financiers par le gouvernement vise à garantir que ce secteur demeure stable et concurrentiel, et qu’il répond aux besoins des consommateurs et des entreprises de manière à soutenir notre conviction selon laquelle lorsque l’économie est à l’œuvre pour la classe moyenne, le pays est à l’œuvre pour tout le monde », a indiqué Bill Morneau.

Le CCCD rappelle les hauts coûts

Bien qu’il considère encourageant l’engagement pris par le ministre des Finances, le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) souhaite en profiter pour attirer l’attention sur les coûts se chiffrant à des milliards de dollars qui sont imposés à tous les Canadiens, y compris les détaillants, par Visa et MasterCard.

Autrement dit, les frais d’interchange des cartes de crédit sont beaucoup trop élevés en raison du duopole de cartes de crédit qui facture aux détaillants canadiens, et ultimement aux consommateurs canadiens, cinq fois ce qui est exigé dans d’autres marchés pour les mêmes services.

« Ces taux d’interchange exorbitants signifient que les consommateurs canadiens déboursent chaque année au moins 4,5 milliards de dollars de plus pour tous les achats à crédit qu’ils le feraient si nos taux étaient comparables à ceux de l’Union européenne, a affirmé Nathalie St-Pierre, Vice-présidente, Québec du Conseil canadien du commerce de détail. Avec le taux actuel moyen de 1,50 %, au cours des quatre années restantes à l’accord volontaire, les Canadiens verseront au moins 18 milliards de dollars de plus qu’ils ne le devraient. »

La FCEI encouragée

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante s’est dit heureuse d’observer les premiers signes d’une diminution des frais de transaction par carte de crédit conformément aux engagements qu’elles avaient pris à cet égard en 2015.

La FCEI reconnaît également le travail effectué par ces deux entreprises, de concert avec les PME et le gouvernement fédéral, afin de cheminer vers davantage d’équité au sein de l’industrie des paiements.

De plus, elle se dit satisfaite de l’engagement pris par le ministre des Finances de procéder à une évaluation supplémentaire à laquelle elle entend collaborer pour continuer la mise en place d’améliorations en ce sens.

« Même si nous devons reconnaître les progrès réalisés jusqu’à présent, nous souhaitons évidemment que l’industrie continuera de poser des gestes concrets en vue de réduire les frais de carte de crédit imposés aux PME canadiennes. Il faut en effet rappeler que ces frais sont beaucoup moins élevés en Europe, en Australie et dans d’autres parties du monde », fait remarquer Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI.

 

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