Dans son blogue d’aujourd’hui, le président de l’AQMAT joint sa voix aux autres observateurs de la scène immobilière qu’on peut qualifier de trop stagnante pour réclamer un engagement des gouvernements à l’égard de la rénovation du parc immobilier, lequel s’effrite sous nos yeux.
Depuis la fin de la pandémie, le Québec est en proie à une rareté historique des logements. Les taux d’inoccupation ont plongé à des niveaux abyssaux, créant un environnement où les loyers explosent et où la pression sur les locataires est devenue insoutenable. La réalité est simple : sans un parc immobilier existant en bon état, parler de logements abordables n’est qu’un mirage.
Stimuler la rénovation est une urgence collective : nous devons agir pour préserver l’abordabilité et assurer des milieux de vie dignes et durables pour les Québécois.
Des loyers qui grimpent : un effet direct de la pénurie
Il ne s’agit pas d’un mystère économique. Moins il y a de logements disponibles, plus les loyers montent en flèche.
En 2023, avec un taux d’inoccupation de seulement 1,3 %, les loyers ont bondi de 7,4 %.
On subit donc une crise annoncée.
Un parc vieillissant et des rénovations paralysées
Plus de la moitié des logements québécois datent d’avant 1980. Cela signifie des immeubles vieillissants, souvent inadéquats, qui nécessitent des rénovations majeures.
Pourtant, les propriétaires de multiplex – on parle ici d’environ 250 000 Québécois qui possèdent des duplex, des triplex ou des quintuplex – sont freinés à chaque étape :
- leurs revenus sont insuffisants à couvrir les rénovations nécessaires;
- l’encadrement des hausses de loyer autorisées par le Tribunal administratif du logement (TAL) ne permettent pas d’amortir correctement les investissements;
- la main-d’œuvre est peu accessible, et le plafond placé sur l’immigration n’aidera pas la situation.
Conséquence ? Des logements qui se dégradent et des propriétaires qui, à la poche moins profonde que les grandes sociétés immobilières, sont poussés à vendre leurs immeubles… ou à les laisser se décrépir.
Pire encore, il arrive que ce cercle vicieux entraîne des rénovictions, subterfuge inventé par des investisseurs sans scrupules qui rachètent pour maximiser leurs profits au détriment des locataires.
Des solutions dans les tiroirs, mais pas encore sur le terrain
Certaines associations demandent une révision des règles de fixation des loyers pour permettre un amortissement adéquat. Je suis d’avis que l’approche sociale-démocrate qui protège les locataires est humainement juste.
La mesure à plébisciter, selon moi, serait l’octroi de subventions aux propriétaires de multiplex et de conditionner son versement à la preuve que les travaux ont bel et bien été effectués et à ce que les loyers n’augmentent pas plus que les barèmes prescrits par le TAL.
Ceci serait une première : tous les programmes de subvention en habitation ont toujours ciblé les propriétaires-occupants.
Une telle initiative ne serait pas un caprice : elle me semble indispensable pour maintenir des appartements en état et, à terme, réduire les coûts énergétiques souvent assumés par les locataires.
Un défi collectif à relever immédiatement
Le statu quo n’est plus une option. Maintenir des formules vieilles de 40 ans pour encadrer la fixation des loyers est une erreur coûteuse. Laisser le parc immobilier se détériorer davantage, c’est condamner des milliers de Québécois à des logements insalubres ou inabordables.
Un vaste chantier de rénovation, c’est une solution qui profiterait aux propriétaires, aux locataires et à la société dans son ensemble.