L’habitation en crise: pratiquement absente du premier débat des chefs

L’AQMAT déplore que le premier des deux débats télévisés entre les cinq chefs de parti en lice en vue des élections québécoises du 3 octobre n’ait pas accordé une place prépondérante à la crise du logement que toute la société subit.

«Et pourtant, ironise Richard Darveau, porte-parole de l’AQMAT, les angles de conversation permettant de confronter les valeurs et les budgets des différents partis n’auraient pas manqué!»

Le président de l’association citant cinq exemples de sujets reliés à l’habitation qui auraient mérité une place au premier Face à face continue d’espérer que ce sera le cas lors du deuxième et dernier débat télévisé des chefs, le 22 septembre.

  1. Le manque cruel de nouveaux logements

Selon l’autorité en la matière, la SCHL, il faut construire 680 000 logements au Québec d’ici 2030 pour arriver à un stock qui permette à tous les citoyens d’avoir un toit à un prix décent eu égard à leur budget. Soulignons notamment que plus de 200 000 ménages québécois consacrent plus de 50 % pour se loger; leur pauvreté nous handicape tous.

  1. Les prix en yoyo des matériaux et les bris d’approvisionnement

La souveraineté a été soulevée comme projet politique par certains chefs, mais l’affaiblissement de notre tissu manufacturier et l’opportunité de mieux contrôler les quantités de matériaux dont on a besoin pour soutenir notre industrie et les besoins de la population n’ont été mentionnés par aucun des cinq chefs. On doit les entendre parler de solutions pour réguler les écarts de prix et réduire les délais de livraison, car tout le monde est présentement victime de la situation, ce qui menace tant les chantiers privés que publics.

  1. L’efficacité énergétique des bâtiments résidentiels

Bien que le thème de l’environnement représentait un bloc important des discussions entre les chefs, la question spécifique du rôle du bâtiment dans la lutte contre les gaz à effet de serre n’a pas été abordée. Pourtant, des maisons mieux isolées avec des matériaux et des techniques de qualité, cela grâce à un crédit d’impôt encourageant et des normes de consommation plus sévères, constitueraient un grand pas vers l’atteinte des promesses de l’Accord de Paris, en plus d’apporter aux citoyens plus de confort.

  1. La densification et l’habitation intergénérationnelle

Les chefs ont parlé d’environnement et des soins aux personnes âgées. Mais personne ne s’est franchement commis durant le débat télévisé en faveur d’un programme pouvant encadrer la demande croissante des citoyens pour réorganiser leurs maisons afin d’accueillir leurs parents et grands-parents. Or, on sait que les lois et règlements ne sont pas actualisés, la conversion et l’agrandissement des habitations, incluant la réorganisation des cours arrières représentant un parcours du combattant pour quiconque veut occuper mieux son territoire et offrir à sa parenté une alternative au CHSLD.

  1. Les taux et conditions de prêts hypothécaires

C’est par milliers que des Québécois seront privés de leur rêve d’acquérir une maison à cause de l’inflation en général et de l’augmentation des taux d’intérêt en particulier, sans oublier les conditions qui se resserrent pour qualifier les emprunteurs. Et plus nombreux encore seront ceux, déjà propriétaires, dont les fins de mois budgétaires seront cauchemardesques, au point de devoir céder leur maison au premier offrant, voire de la remettre à la banque par défaut de paiement. Il serait opportun de savoir de chacun des partis ce qu’ils projettent comme mesures pour favoriser l’accès à la propriété et prévenir les faillites personnelles en cette ère particulière.

En fait, les sujets qui ont été traités par les chefs et proposés par l’animateur du débat (sécurité publique, immigration, environnement, santé, éducation) ont une chose en commun: ils ont un ministère qui les coiffent.

Pour Richard Darveau, « il ne fait aucun doute que l’absence au conseil des ministres d’un élu en autorité, mandaté pour couvrir tous les aspects de l’habitation et non seulement le volet social, empêche les médias et l’opinion publique d’accorder toute l’importance que mérite le secteur résidentiel dans cette campagne et au lendemain de l’élection ».

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