L’évasion fiscale, c’est pas joli comme image. Ça sent la fuite qu’utilise les bandits. D’où la naissance d’une expression plus raffinée pour aborder le même sujet: l’évitement fiscal.
Il s’agit d’une acrobatie légale datant de la création des personnes légales, ce qu’on appelle des corporations, consistant à créer une coquille incorporée dans un pays où l’imposition est basse et où on y dépose une partie de ses revenus d’entreprise afin de donner un portrait moins rentable de la créature juridique principale qui fait des vraies affaires ici au Québec.
Stratagème anecdotique? Pas du tout. Selon les économistes consultés par les médias ces jours-ci, en additionnant les sommes mises à l’abri dans un paradis fiscal aux impôts économisés par la société incorporée au Québec en raison de ses états financiers amendés, on obtiendrait l’équivalent du déficit du gouvernement du Québec. Le président de l’agence Revenu Québec évalue même ce manque à gagner à 3,5 milliards par année.
Heureusement, une frange d’entrepreneurs ose parler de capitalisme conscient, de citoyenneté corporative, de responsabilité sociale. Des paradigmes d’affaires où le but d’une compagnie dépasse son profit.
Il faut saluer que Revenu Québec lance le deuxième volet de sa campagne de sensibilisation sur l’importance de lutter contre l’évasion fiscale, qui comprend la diffusion, à la télévision et sur le Web, d’un message publicitaire sur les planifications fiscales abusives mises en œuvre par les entreprises.
La campagne montre que ces dollars qui nous échappent, c’est autant d’argent qui n’est pas investi dans le financement des services publics, ce qui oblige chaque citoyen à assumer une part plus élevée du fardeau fiscal.
S’assurer que chacun paie sa juste part du financement des services publics, voilà ce qu’on attend légitimement du gouvernement. Car quel enfer sont ces paradis!