Le mot étapisme est accolé au Parti québécois pour les raisons que l’Histoire connaît. Le gouvernement libéral semble s’en inspirer avec la nomination de Diane Lemieux à la tête de la Commission de la construction du Québec et l’arrivée de Lucien Bouchard à l’Association pétrolière et gazière du Québec, sans doute provoquée par le même gouvernement. L’étapisme du PQ n’est jamais parvenu à destination. Quel sort la population réservera à la démarche des petits pas de Jean Charest…
Lemieux et Bouchard, deux citoyens au-dessus des lignes de partis, parmi les rares politiciens à avoir conservé la sympathie et une relative confiance du peuple, sont au pied de deux montagnes peut-être infranchissables, constituées de scepticisme et de cynisme.
Masochistes (ou maso schistes !) nos deux guerriers? En manque de travail ou de défi? Questions idiotes. Ce qu’ils ont en commun, c’est d’abord de croire en leur capacité personnelle. Ce sont en quelque sorte des êtres surdimensionnés. En fait, ils grandissent au fur et à mesure que les obstacles se dressent plus forts devant eux.
Les deux nominés partagent également une non-allégeance libérale, du moins quand on regarde leur feuille de route jusqu’à hier. En acceptant leur mandat respectif, c’est comme s’ils avaient choisi d’appliquer leur intérêt pour la cause nationale du Québec sur deux cas concrets qui la bloquent selon eux : la suspicion gangrénée dans l’industrie de la construction et le projet économique de l’exploitation du gaz de schiste paralysé, pour ne pas dire miné.
Dans le cas de l’industrie de la construction, il faut bien admettre qu’il est anormal qu’on doive s’en remettre à une commission d’enquête comme recours pour nettoyer la maison alors que le Québec a des institutions clairement mandatées et payées pour faire cela, la CCQ en étant une, la Régie du bâtiment en étant une autre, et il y a d’autres mécanismes potentiels et réels.
Pour les gaz de schiste, Me Bouchard se montre tant convaincu de l’importance économique de la nouvelle filière du point de vue des emplois, des recettes pour l’État et d’une plus grande indépendance énergétique pour le Québec, qu’il semble apte à s’accommoder raisonnablement d’un tango avec le parti qu’il a autrefois combattu.
Étapes dans leurs carrières: certes. Terrains minés pour leur avenir personnel : possible. Issues de secours pour le gouvernement: probable. Débats de société en instance : sans doute.