Les proprios de multiplex subissent aussi la crise du logement

Des données récemment compilées par la plateforme Soumission Rénovation mettent en lumière les défis croissants des propriétaires d’immeubles locatifs liés à la crise du logement.

Dans le contexte actuel où la crise du logement prend de l’ampleur au Québec, les propriétaires d’immeubles locatifs se retrouvent à un carrefour décisif, devant faire face à des décisions importantes en matière de gestion immobilière. L’arrivée du printemps annonce aussi l’approche d’une course contre la montre pour la recherche d’un nouveau chez-soi pour plusieurs. Une analyse récente réalisée par Soumission Rénovation révèle des tendances significatives qui ajoutent une nouvelle perspective à cette situation complexe.

Soumission Rénovation est une plateforme de mise en relation entre clients et entrepreneurs en rénovation, offrant une analyse approfondie des tendances du marché québécois de la rénovation pour l’année 2024. Avec ses 14 000 entrepreneurs vérifiés et une satisfaction client élevée, Soumission Rénovation offre un aperçu unique des évolutions récentes dans le secteur.

Les chiffres recueillis par Soumission Rénovation soulignent un déclin notable des projets d’envergure entrepris par les propriétaires d’immeubles locatifs, avec une diminution de 16,09 % des travaux d’une valeur comprise entre 10 001 $ et 50 000 $, et une baisse encore plus marquée de 27,65 % pour les projets dépassant les 50 000 $. Bien que compréhensible dans le contexte économique actuel, cette tendance soulève des questions quant à l’accessibilité des logements bien entretenus à des prix abordables pour les locataires.

Les rénovations axées sur le confort des locataires, telles que l’installation de systèmes de climatisation ou la rénovation de salles de bain, sont également touchées, le deux-tiers des coupures enregistrées visant les travaux intérieurs. Selon les données de la plateforme pour l’année 2023, les propriétaires optent davantage pour les travaux urgents, comme ceux concernant la toiture, la fondation et la plomberie, correspondant à des problèmes qui mettent en péril l’intégrité de leur bâtiment.

“La juxtaposition de deux facteurs rend plus difficile que jamais la rénovation du parc résidentiel locatif”, explique Éric Sansoucy, président de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ). “La hausse des taux d’intérêt rend bien souvent déficitaire un immeuble le moindrement hypothéqué. Dès lors, la seule marge de manœuvre à la disposition du propriétaire sera de retarder les rénovations et de s’en tenir aux urgences. Également, face à la pénurie de logements, les locataires prennent davantage la décision de ne pas déménager et de conserver leur logement plus longtemps. Les déménagements ont fondu de moitié en 2023, par rapport à ce que nous sommes habitués d’observer. Sachant que les travaux de rénovation majeurs dans un logement se réalisent surtout entre deux occupations, ceci pourrait bien contribuer à expliquer la chute des dépenses en rénovation.”

Michel Jodoin, propriétaire et co-fondateur de Soumission Rénovation, encourage les propriétaires à saisir les opportunités financières actuelles : « Les propriétaires qui ont les moyens financiers de réaliser les travaux devraient profiter de la situation. Les taux d’intérêt pourraient baisser dans les prochains mois, rendant ainsi plus difficile de trouver un entrepreneur disponible. » Cette remarque met en évidence l’importance de l’action préventive pour les propriétaires face à ces défis.

Les propriétaires d’immeubles locatifs se retrouvent ainsi devant un défi délicat : concilier la nécessité de maintenir la valeur de leurs investissements avec l’impératif moral de fournir des logements décents à des prix abordables. « Avec les taux d’intérêts élevés, les travaux d’entretien des logements deviennent plus coûteux. Cependant, je m’efforce toujours de garantir le confort de mes locataires en effectuant certains travaux prioritaires », témoigne Sarah Dow, propriétaire d’un immeuble locatif à Montréal. La gestion équilibrée entre investissement financier et engagement social demeure cruciale pour répondre aux défis de la crise du logement au Québec.

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