
Alors que le Canada s’apprête à construire des millions de nouvelles maisons dans les années à venir, les experts affirment que le secteur de la construction assistée fait partie de l’arsenal des solutions, d’autant que la main-d’œuvre s’avère plus rare et plus coûteuse.
Par exemple, sur un chantier de construction de logements à Gananoque, en Ontario, le robot Val (photo principale) aide à construire 26 unités de maisons de ville superposées du promoteur Horizon Valley qui l’a lui-même construit pour gérer les éléments à forte intensité de main-d’œuvre d’un projet de construction afin d’assembler des maisons plus rapidement et plus efficacement.
Exploité par une équipe de trois à cinq techniciens et programmeurs, le robot Val «effectue la plupart des tâches lourdes et répétitives ou les parties que les gens ne veulent pas faire dans la construction», indique la présidente-directrice générale de Horizon Legacy, Nhung Nguyen.
«Cela n’a pas été fait à grande échelle auparavant. Nous pensons que cela pourrait vraiment être une façon différente d’aborder les problèmes que nous rencontrons et une solution qui peut être évolutive pour répondre à la crise du logement et à la crise de la pénurie de main-d’œuvre au Canada», souligne-t-elle dans un entretien avec La Presse Canadienne.
L’entreprise affirme que les compétences de Val sont uniques parmi les personnes sur le chantier. Le robot peut soulever plus de 440 livres par lui-même et gérer le travail d’une vingtaine d’artisans.
Ses patrons reconnaissent qu’il n’est pas parfait. Ils espèrent qu’avec le temps, il pourra travailler deux fois plus vite et être formé pour gérer d’autres «tâches subalternes» qu’il n’a jamais effectuées auparavant.
«Le robot peut être programmé pour faire plus de choses à l’avenir. Cela peut aider à améliorer les emplois sur les chantiers de construction et à donner aux jeunes une raison de revenir dans le domaine de la construction, qui a du mal à attirer de la main-d’œuvre parce que les gens ne veulent pas faire des tâches abrutissantes et recherchent des environnements technologiques», explique-t-elle.
Selon Mme Nguyen, trois équipes seraient nécessaires pour effectuer le même travail que Val.
À Sudbury, en Ontario, le chercheur Steven Beites et une équipe d’ingénieurs ont travaillé sur leur propre prototype de robot constructeur de maisons, qui serait capable de saisir un panneau mural, de le déplacer, de le faire pivoter et de le mettre en place.
«Tout cela se fait par un processus automatisé grâce à la vision artificielle», dit M. Beites, professeur adjoint à l’École d’architecture McEwen de l’Université Laurentienne.
Il a déclaré que l’objectif est que le système comprenne quel panneau saisir et où il est censé être situé dans la structure, tout en évitant les collisions.
L’Association canadienne des constructeurs d’habitations prévoit que 22 % des travailleurs de la construction résidentielle prendront leur retraite au cours de la prochaine décennie.
Un rapport de la RBC publié l’année dernière estimait que le Canada aurait besoin de plus de 500 000 travailleurs supplémentaires en moyenne pour construire toutes les maisons nécessaires d’ici 2030 afin d’améliorer l’accessibilité.
Le problème se fait sentir de manière aiguë dans des régions comme le nord de l’Ontario, où la pénurie de travailleurs qualifiés et la hausse des coûts de la main-d’œuvre sont aggravées par des saisons de construction limitées par des hivers plus longs, ce qui fait grimper le coût de construction des maisons, indique M. Beites.
«Notre industrie connaît un déclin. Nous avons une main-d’œuvre vieillissante et nous n’attirons pas les jeunes adultes ou les personnes averties en technologie dans l’industrie de la construction», souligne-t-il.
Le PDG de l’Association canadienne des constructeurs d’habitations, Kevin Lee, prédit que l’adoption de la robotique s’accélérera à mesure que la technologie deviendra moins chère.
Le mois dernier, la société canadienne d’intelligence artificielle Promise Robotics a annoncé l’ouverture d’un nouvel entrepôt de 60 000 pieds carrés à Calgary, qui accueillera la construction de logements hors site grâce à des robots pilotés par l’IA.
À partir de cet été, la nouvelle installation pourra produire jusqu’à un million de pieds carrés de logements par an. Plutôt que de devoir créer leurs propres usines, les constructeurs de maisons pourront accéder à la technologie grâce au modèle «usine en tant que service» de Promise Robotics, qu’elle propose également dans son usine existante d’Edmonton.