Les intimideurs

De la parole gouvernementale mise en texte via la Loi 33 mettant fin au placement syndical dans l’industrie de la construction à son application sur les chantiers, il va s’en passer des cônes oranges et des travaux. 
Pourquoi? Parce que les trois centrales syndicales qui appuient la nouvelle législation ne le font que par partisanerie, pas par conviction. Ce qu’elles veulent, c’est gagner des parts de marché, marauder ces 70 % des travailleurs fidèles aux puissants FTQ-Construction et Conseil provincial des métiers de la construction. Leur appui à la législation affiche du coup une bonne volonté qu’apprécieront la population en général et nombre d’ouvriers désireux de travailler.
Il est certain qu’une loi est un pas dans la bonne direction. Un geste courageux du gouvernement du Québec qui en est l’initiateur et de l’Assemblée nationale qui l’a appuyé. Courageux car l’intimidation est la saveur du mois.
Si on parle ces jours-ci à raison d’intimidation dans les écoles secondaires, il faut rappeler que le quotidien du maçon non militant, du plâtrier moyen, c’est-à-dire pas aveuglé par une doctrine ouvrière, n’est pas de tout repos. Les zélés se font rabaisser la tête quand elle sort trop du plafond de productivité moyen. Les petits contracteurs reçoivent des visites et des avis quand ils dérogent à la ligne de parti syndical. Bref, travailler dans la construction, à moins d’être patron de son affaire, ça oblige trop souvent à adopter l’attitude du fonctionnaire russe. Celui qui s’en tient à sa bulle. Celui chez qui on tue l’intrapreneurship. 
Pendant ce temps, on est en droit de s’inquiéter, comme membres de la grande famille de l’industrie de la construction et de la rénovation sur le climat de travail qui régnera sur les chantiers à partir de maintenant, en fait aussi longtemps que le mode de référence de la main-d’oeuvre nouveau et amélioré ne sera effectif.
Quels moyens de persuasion détient la ministre du Travail pour forcer les deux syndicats récalcitrants à joindre le comité de transition? Comment les directions de ceux-ci peuvent garder la face aux yeux de leurs membres tout en décidant de participer aux travaux menant à la destruction du système qu’ils avaient érigés?

Du côté patronal, les associations d’entrepreneurs et de constructeurs ont aussi formulé leurs réserves quant à la capacité de la Commission de la construction du Québec de mettre au monde et d’opérer à un coût décent un système reposant sur des données fiables de compétences et d’expériences ouvrières.

Au mieux, on héritera de chantiers ralentis. Au pire, la paralysie nous guette. Ou la violence. Après tout, ce ne sont pas des enfants de choeur dont il s’agit ici. En tout cas, quand petit je servais la messe, aucun du groupe ne se faisait appeler Rambo!

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *