L’AQMAT a compilé les données généreusement fournies par ses membres afin d’évaluer le prix de vente d’une dizaine de matériaux à trois moments précis : avant, pendant et après la pandémie, soit en février 2019, 2021 et 2024.
Étant donné que la plupart des répondants gère entre cinq et trente quincailleries et centres de rénovation chacun, ce qui représente plus de 200 points de vente de toutes tailles, régions et bannières, on peut affirmer que le recensement reflète la réalité.
Les hausses des prix parfois fortes de certains matériaux sont en mettre en perspective avec l’indice cumulé des prix à la consommation depuis 5 ans, les augmentations de salaires et les taux d’intérêt.
En gros, on constate que tous les formats de bois d’œuvre sont vendus à peu près au prix de 2019, le bois traité, le contreplaqué et l’OSB sont quant à eux vendus un peu plus chers tout en demeurant tout de même en dessous des prix pratiqués pendant la pandémie, mais le gypse, la laine isolante, le bardeau d’asphalte et la peinture sont en général vendus en 2024 plus cher qu’au cœur de la COVID-19.
Si un consommateur achetait un seul article de chacune de ces catégories (cas hypothétique, bien sûr), ça lui coûterait aujourd’hui 301 $ au lieu de 305 $ en février 2021 et 234 $ en février 2019. L’augmentation cumulée est de l’ordre de 28,5 % sur cinq ans.
Force est de donc constater que nos manufacturiers, nos importateurs et leurs réseaux de vente sont tout aussi affectés que les autres industries par les coûts de la main-d’œuvre qui croissent de 3 à 4 % ces dernières années, contrairement à des hausses de l’ordre de 2 % durant les années antérieures.
Le coût des composants entrant dans la fabrication de nombre de produits, surtout ceux venant de chaînes internationales, semble aussi touché par la volatilité géopolitique, laquelle entraîne des augmentations de tout ordre : sous-traitance, contrôles de diligence, assurances, carburant, transport, etc. Statistique Canada estime que le prix des matières premières a grimpé de 21 % entre juillet 2022 et 2023, après avoir augmenté de plus de 32 % entre 2021 et 2022.
On aura remarqué que le bois d’œuvre, provenant généralement du Québec ou du moins de l’Est du Canada, se vend à peu près au prix de 2019, ce qui représente en fait une aubaine dans le contexte inflationniste ci-haut décrit. Ceci donnerait raison à ceux qui soutiennent que plus un produit est local et moins il est transformé, plus il peut être à l’abris de facteurs externes affectant le coût de revient de sa production et de son transport.
Notre écosystème subit également les coûts du loyer de l’argent, nos marchands, leurs groupements et leurs fournisseurs devant dépenser beaucoup plus en frais de financement pour acheter et vendre. Les taux plus élevés font passer le fardeau du financement de 21 % à 39 % sur les épaules des PME qui sont maintenant une sur deux à avoir besoin d’aide pour maintenir le flux de trésorerie ou acquérir des stocks. Pire, les refus de financement sont plus nombreux en raison du risque considéré non gérable par les institutions bancaires, en particulier pour les commerces de détail.
Commentaire de Richard Darveau : « Notre industrie doit prendre acte du pouvoir d’achat rétréci des ménages et des entrepreneurs expliquant le ralentissement des chantiers de construction neuve et la réduction de l’ampleur des travaux de rénovation. Tout comme les épiciers et les autres entreprises, les quincailliers montrent qu’ils font partie de la solution en multipliant les efforts afin de garder les prix de vente au détail les plus abordables possible. Et du même souffle, on demandera aux clients de faire preuve d’indulgence en se rappelant que leur quincaillier et les usines qui les alimentent font face à la même inflation qu’eux. »
Le président de l’AQMAT prévoit « qu’on est à l’aube d’une petite révolution dans nos chaînes d’approvisionnement » et que « notre regard collectif face à l’achat local est en train de changer par la force des choses ».
Voici le lien menant aux détails de notre enquête.
La direction de l’AQMAT tient à remercier ceux et celles qui ont pris de leur temps précieux pour participer à l’exercice qualifié non pas d’utile, mais de NÉCESSAIRE pour être en mesure d’adopter une maturité collective face à cette crise du logement et aux besoins exprimés par la population.
Très intéressant merci
Le bois d’œuvre est anormalement bas avec un prix de vente au même niveau que 2019 mais avec des coût d’opération de l’ordre de 40 à 50% plus élevé. Les moulins sont tous déficitaires actuellement. La situation doit changer rapidement sinon d’autres fermetures sont à prévoir. Le prix normal pour une rentabilité acceptable du 2x4x8 devrait actuellement se situer autour de 4.75 et celui du 2x6x8 à 7.50 (Prix vendu par le détaillant)
Bonne soirée