Le méthanol, également appelé alcool méthylique ou alcool de bois, est un composant essentiel de nombreux produits industriels tels que les décapants pour peinture, les détachants, les solvants pour bois et divers adhésifs. Pourtant, ce composé organique volatil (COV) est au centre de préoccupations croissantes concernant la santé publique en raison de sa haute toxicité et de son caractère inflammable. Déjà interdit dans plusieurs pays européens, le Canada pourrait emboîter le pas.
Le méthanol est dangereux lorsqu’il est ingéré, inhalé ou absorbé par la peau. Une fois dans l’organisme, le méthanol est métabolisé par le foie en formaldéhyde, une substance cancérigène, puis en acide formique, qui est également toxique. À des niveaux d’exposition plus élevés, le méthanol peut causer des lésions oculaires irréversibles ainsi que des atteintes graves au cerveau et au système nerveux. Dans les cas les plus graves, l’exposition au méthanol peut entraîner le coma ou la mort. Une exposition prolongée, même à de faibles concentrations, peut également endommager les organes vitaux, notamment les reins et le foie.
Pourquoi alors l’industrie hésite-t-elle à remplacer le méthanol?
Le méthanol reste l’un des solvants les moins coûteux sur le marché, ce qui explique pourquoi des fabricants sont réticents à le remplacer par des alternatives plus respectueuses de la santé humaine et de l’environnement. Les alternatives au méthanol, bien qu’elles existent, sont souvent plus coûteuses à produire, ce qui pose un défi concurrentiel aux entreprises plus progressistes.
Depuis le 1er janvier 2024, la réglementation canadienne impose des restrictions plus sévères sur les COV dans les produits de consommation et les produits industriels, ce qui pousse notamment de plus en plus d’entreprises à investir dans la recherche et le développement pour créer des substituts aux formulations à base de méthanol.
La réglementation en évolution au Canada
Le gouvernement canadien travaille actuellement sur un rapport final d’évaluation du méthanol. Publié sous peu, il vise à déter[1]miner les risques que présente cette substance pour la santé publique et l’environnement. Une évaluation provisoire a déjà été publiée et les conclusions initiales suggèrent que le méthanol est libéré dans l’environnement en des quantités susceptibles de représenter un danger pour la vie et la santé humaines.
Le méthanol pourrait être ajouté à la Liste des substances toxiques sous la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE), entraînant des mesures réglementaires visant à réduire l’exposition de la population canadienne au méthanol, notamment dans les décapants pour peinture et vernis.
Les impacts potentiels de cette interdiction pour l’industrie
Si le méthanol est effectivement réglementé ou interdit, les impacts pour l’industrie seraient considérables. Dave Saucier, directeur à l’Association canadienne de l’industrie de peinture et de revêtement (ACIPR), souligne que la plupart des décapants pour peinture et vernis actuels contiennent des concentrations significatives de méthanol, allant de 10 % à 35 %. Si le rapport final conclut que l’utilisation de méthanol est trop risquée, ces produits pourraient ne plus être vendus que pour un usage extérieur, ou être retirés du marché.
Il est clair que remplacer le méthanol dans des produits tels que les décapants pour peinture et solvants nécessiterait des investissements en intrants plus onéreux ainsi qu’en recherche et développement, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix pour les consommateurs.