Le casse-tête des masques : de nouvelles pièces d’information s’ajoutent

Depuis hier, la course aux (bonnes) informations est lancée en ce qui concerne les masques recommandés, voire obligatoires pour les travailleurs de la construction sur les chantiers. Ils seront de plus en plus nombreux à cogner à la porte des quincailleries et des centres de rénovation. On partage d’autres renseignements au fur et à mesure qu’on les reçoit, histoire de réduire le risque de bris dans la chaîne d’approvisionnement et donc, dans la reprise économique.  

Les marchands sont invités à prendre en compte les renseignements ci-dessous afin d’ajuster leurs commandes en quantité et en qualité de masques selon la lecture de leur marché, de la nature et de l’envergure des chantiers prévus dans leur région. 

Pour les travaux de maçonnerie, ce qui est obligatoire et ce qu’on utilise le plus, selon Martin Cormier, directeur général de l’Association des entrepreneurs en maçonnerie du Québec, ce sont les masques P-100 avec les cartouches pour particules fines. Il y aurait trois marques ou fabricants : 3MHoneywell et North.   

À propos des masques N95 et de son clone, le KN95 : 

La CNESST, dans un guide couvrant spécifiquement la question des appareils de protection respiratoire en milieu de travail, nous rappelle les exigences réglementaires et normes utilisées au Québec. 

Dans le Règlement sur la santé et la sécurité du travail, on peut notamment y lire que l’employeur doit fournir gratuitement au travailleur et s’assurer qu’il porte l’équipement de protection des voies respiratoires prévu au Guide des appareils de protection respiratoire utilisés au Québec publié par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail du Québec tel qu’il se lit au moment où il s’applique. La liste des appareils de protection respiratoire de ce document est établie à partir des appareils approuvés par l’organisme américain National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)Le RSST ne prévoit qu’une seule exception à cette règle : lorsque l’exposition d’un travailleur à l’amiantene dépasse pas cinq fois la valeur d’exposition moyenne pondérée, l’employeur peut lui fournir gratuitement un masque certifié au minimum FFP2, en vertu de la norme Appareils de protection respiratoire : demi-masques filtrants contre les particules : exigences, essais, marquage, EN-149 2 , par un laboratoire accrédité par le Comité européen de normalisation. 

Il est aussi précisé que cette disposition ne diminue en rien l’obligation de l’employeur de réduire à la source même les dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs. 

Le RSST fait aussi référence au Code de sécurité pour les travaux de construction en ce qui concerne les travaux susceptibles de générer de la poussière contenant de l’amiante. Ce code détermine, entre autres, les différents types de protection respiratoire nécessaires selon la nature des travaux effectués.  

Or, le NIOSH ne fait nulle mention du modèle KN95. Ci-dessous, le tableau comparant toutes les classes de filtres. 

Le Centre patronal SST confirme que les masques KN95 sont homologués, mais pour la lutte contre la COVID-19 seulement. 

Les produits homologués par Santé Canada dans le contexte de la COVID-19 sont tous listés ici, et le KN95 en fait effectivement partie : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/covid19-industrie/instruments-medicaux/instruments-autorises-arrete-urgence.html .  

Comme nous l’écrivions hier, les travailleurs de la construction ne sont pas moins exposés, mais plus que les travailleurs de la santé d’un point de vue contact avec différents types de particules dans l’air ambiant. Nombre de fournitures vont les protéger contre le coronavirus, mais il ne faut pas oublier de les protéger aussi contre les éléments polluants propres à leur travail et lesquels ne se sont pas évaporés dans la nature parce que la COVID-19 occupe la première page de l’actualité. 

Le Centre national SST poursuit sa recherche au regard des travaux de constructiondont les filières ignifugation et décontamination d’amiantesablage de béton, pose de peinture ignifuge. Dans ces cas, seuls les masques identifiés par la CNESST sont requis, soit : N95, P100 ou masque à ventilation assisté de cartouche. 

Déjà un cinquième des entrepreneurs en travaux d’isolation seraient en pénurie de masques, selon l’association qui les représente. Un sondage de l’AIQ indique que cette pénurie doublera d’ici un mois si la situation ne change pas puisque les délais de livraison seraient de 4-6 semaines. 

« Il n’y a pas que le milieu de la santé qui a besoin de N95, nos entreprises aussi, mais le produit n’est plus accessible pour nous, seulement pour les hôpitaux », rappelle Lyne Laperrière, directrice générale de l’Association de l’isolation du Québec.

Rappelons que lguide de la CNESST ne recommande pas le port d’un masque aux travailleurs de construction, sauf lorsque le 2 mètres de distanciation ne peut être respecté, dans quel cas le document recommande le port d’un masque de procédure normal et donc, pas forcément un N95 ni un P100. 

L’AQMAT va poursuivre son investigation auprès des autres secteurs de l’activité de construction, notamment pour valider ces deux hypothèses : les masques de silicone avec pastilles ou cartouches ainsi que les masques de polypropylène, réutilisables ou non, représentent-ils des alternatives valables ? 

« On va en arriver à dresser un tableau des types de masques les plus courants », promet Isabelle Champagne, directrice des communications et du marketing de l’AQMAT. 

Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT, ne peut être plus insistant auprès des quincailleries et centres de rénovation : « Je sais que vous êtes tous débordés et préoccupés, mais suivez attentivement nos renseignements et bougez vite parce qu’à défaut, des centrales d’achat pourraient se créer et vous perdriez une belle occasion de renforcir votre relation avec les entrepreneurs de votre région ».  

On termine souvent les articles pour la phrase « Dossier à suivre ». Mais dans le cas des masques, c’est vrai : la situation va encore changer la semaine prochaine. 

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *