Le bois : une solution stratégique face à la crise que pourraient engendrer d’autres tarifs douaniers

L’industrie forestière canadienne doit déjà composer avec des tarifs de 14,5 %. L’éventualité de tarifs supplémentaires de 25 % porterait la charge désavantageuse pour nos producteurs à 39,5 %.

Rappelons en effet que depuis le 16 août 2024, les droits compensateurs et antidumping pour le bois d’œuvre canadien exporté aux États-Unis sont passés de 7,99 % à 14,54 %, ce qui a conduit à des fermetures temporaires de scieries et à une réduction de la production.

Or, les États-Unis sont loin d’être autosuffisants en matière de bois d’œuvre pour la construction de maisons. Un bon pourcentage de la consommation de bois d’œuvre aux États-Unis provient du Canada. Cette situation est en partie due à la capacité de production limitée des scieries américaines, qui ne peuvent pas satisfaire entièrement la demande intérieure.

Dans les circonstances, le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) et ses homologues dans le reste du pays proposent que soit lancé un vaste chantier de construction où le bois servirait de pierre angulaire pour répondre à la crise de l’habitation et soutenir les projets d’infrastructures institutionnelles.

Jean-François Samray, le président-directeur-général: « Le bois est un matériau local et renouvelable qui peut aider à compenser l’impact des hausses de prix causées par les tarifs douaniers. Il représente une alternative économique qui peut contribuer à maintenir la compétitivité des projets de construction au Québec. Il est également une solution clé dans la transition vers des bâtiments plus écologiques et plus durables ».

Les projets institutionnels, qu’il s’agisse de la construction d’écoles, d’hôpitaux ou d’infrastructures publiques, requièrent des investissements conséquents. L’impact des tarifs douaniers sur des matériaux comme le bois, l’acier ou le béton a des répercussions sur les budgets alloués à ces projets, menaçant leur viabilité.

Outre les tarifs qui pourraient changer rapidement – selon les humeurs de Donald Trump ! – le prix du bois et la valeur du dollar canadien sont aussi des facteurs qui influenceront les marchés. D’où l’opportunité pour l’industrie du sciage et de la transformation du bois de tenter de diversifier ses marchés, mais à court terme, de provoquer la construction ici, domestiquement.

Rappelons que le Québec dispose déjà d’une politique en matière d’utilisation du bois, laquelle repose sur plusieurs axes stratégiques visant à promouvoir ce matériau local et durable à la fois pour des raisons économiques, environnementales et sociales :

  1. Soutien à l’industrie forestière

Le gouvernement du Québec soutient activement l’industrie forestière en mettant en place des mesures pour encourager la production et la transformation du bois. Ces initiatives incluent des investissements dans la modernisation des équipements, le développement de nouvelles technologies, et la promotion de l’innovation dans le secteur. L’objectif est de faire du bois un produit phare de l’économie québécoise, en diversifiant son utilisation dans des secteurs comme la construction, la fabrication de produits dérivés, et la bioénergie.

  1. Intégration du bois dans la construction

L’une des politiques les plus marquantes du Québec est l’intégration accrue du bois dans la construction, notamment dans les bâtiments de grande hauteur et les infrastructures publiques. Le gouvernement a mis en place des initiatives pour favoriser l’utilisation du bois dans les projets de construction, y compris la révision de la réglementation pour permettre l’usage du bois dans des structures plus complexes et de grande envergure, comme les immeubles de plus de six étages. Cette politique vise à encourager la construction de bâtiments durables et écologiques.

L’initiative la plus notable dans ce domaine est le programme « Bois, un choix gagnant », qui encourage l’utilisation du bois dans les projets gouvernementaux et publics. Le gouvernement subventionne des projets de construction en bois et encourage les architectes, les ingénieurs et les entrepreneurs à adopter ce matériau pour réduire les coûts de construction tout en respectant les normes écologiques.

  1. Engagement pour le développement durable

Le Québec met un accent particulier sur les avantages écologiques du bois. Le bois, en tant que matériau de construction, est reconnu pour ses propriétés de séquestration du carbone, ce qui en fait un élément clé dans la stratégie du Québec pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La politique forestière du Québec est alignée avec les principes de développement durable, où la gestion responsable des forêts est essentielle pour préserver les écosystèmes tout en permettant une exploitation raisonnée et renouvelable du bois.

Le Québec incite également les industries à adopter des pratiques de gestion forestière durable, ce qui favorise que les forêts du Québec soient gérées de manière à répondre aux besoins des générations actuelles tout en préservant la biodiversité et la santé des écosystèmes pour l’avenir.

  1. Formation et recherche

Le gouvernement investit dans la recherche pour améliorer les technologies de transformation du bois, ainsi que dans la formation des professionnels du secteur, afin de garantir que les compétences locales restent à la pointe des innovations et des tendances du marché.

  1. Promotion des produits du bois

Enfin, le Québec met en œuvre des programmes de promotion des produits dérivés du bois. Ces initiatives visent à augmenter la demande pour les produits québécois à l’échelle nationale et internationale, notamment à travers des campagnes de marketing qui soulignent la durabilité et la performance du bois dans la construction. Le Québec cherche à renforcer l’image du bois comme un matériau moderne et écologique, capable de répondre aux défis du XXIe siècle, tout en soutenant son économie locale. 

La principale association de constructeurs américains, la National Association of Home Builders (NAHB), estime que le président Trump fait fausse route en relevant les tarifs douaniers sur les matériaux de construction canadiens.

« Les droits de douane sur le bois d’œuvre et les autres matériaux de construction augmentent le coût de la construction et découragent les nouveaux développements, et les consommateurs finissent par payer les droits de douane sous la forme d’une augmentation du prix des logements », peut-on lire dans un communiqué de la NAHB.

Dans une lettre envoyée au Président Trump, l’association mentionnait aussi qu’elle craignait que les droits de douane de 25 % ralentissent l’industrie nationale de la construction résidentielle.

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