L’AQMAT dénonce l’offensive démagogique du Conseil de l’industrie forestière du Québec à l’endroit des quincailleries

Le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) a tenté d’utiliser le journal Les Affaires de ce matin pour faire paraître les centres de rénovation comme des voleurs. Mais comme on dit, l’arroseur a été arrosé et le journaliste François Normand n’est pas tombé dans le piège.

Sans doute par méconnaissance de la gestion d’un commerce de détail, Jean-François Ramsay, nouveau PDG du CIFQ déplore ce matin dans le journal que les prix de détail du bois dans les quincailleries ne reflètent pas les cours boursiers. Cela montre à la face publique sa méconnaissance du dossier et l’article en fait brillamment la démonstration. À lire en cliquant ici.

On sait en effet qu’entre le moment où le prix d’une marchandise est affiché en bourse à la baisse et le reflet de cette fluctuation sur le prix du détail, il s’écoule forcément plusieurs semaines, voire mois.

Par exemple, si un marchand a acheté des madrier au prix de 10 $ pièce il y a trois ou quatre mois et que le marché boursier chute drastiquement, comme cela vient d’arriver dans le bois d’œuvre, même s’il fait de nouveaux achats de madriers à un prix aussi bas que 2 $ pièce, sa saine gestion doit l’amener à proposer aux clients un prix moyen de vente apte à lui permettre d’absorber le grand écart. Il vendra par exemple ces madriers 5 $ pièce, ce qui lui fera perdre aussi 5 $ par rapport à son coût d’achat initial, mais cela lui permettra de « suivre la parade » par rapport à un autre marchand qui, lui, aurait peu d’inventaire à écouler et pourrait proposer un prix de détail plus bas que lui.

L’AQMAT avait déjà remis les pendules à l’heure dans un article vendredi midi dernier. Cette fois, les directions de deux bannières (Canac et Lowe’s Canada) citées par Les Affaires sont venues renchérir la position que nous avions alors défendue.

M. Ramsay a par ailleurs affirmé en entretien avec le média qu’il y avait plus de bois que jamais sur le marché, ce qui est faux. Il y a certes eu un peu plus de production de bois ce printemps en comparaison à la même période l’an passé, mais on sait tous que 2020 a été une récolte exceptionnellement basse en raison de la fermeture des scieries quelques semaines ou quelques mois, selon les établissements, en plus de difficultés plus grandes de main-d’œuvre et d’accès à la ressource. Le graphique ci-dessous démontre clairement que la production actuelle est au contraire plus basse que la moyenne des cinq dernières années, si on met le printemps 2020 entre parenthèses.

On voit que la cuvée de bois 2021 est un peu meilleure que celle du début de la pandémie alors que plusieurs scieries du Québec peinaient à opérer, mais elle est sous la moyenne des dernières années.

Le CIFQ a également tenté d’influencer le journaliste en affirmant que les scieries avaient globalement moins exporté de bois aux États-Unis depuis la pandémie afin de soutenir le boum de rénovation au Québec. Encore là, les statistiques officielles ne confirment nullement cette tendance.

On voit que les valeurs de l’exportation de bois vers nos voisins du Sud sont relativement semblables d’une année à l’autre, sauf en 2021 où après six mois seulement, on a déjà atteint 85 % de la moyenne des cinq dernières années.

« Nos cours à bois peuvent nommer sur les doigts d’une main les quelques moulins parmi la centaine qui opèrent au Québec qui ont effectivement modifié leurs carnets pour tenter de satisfaire au mieux leurs clients locaux plutôt qu’américains », affirme Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT. Ce qui conduit ce dernier a vouloir mettre les bouchées doubles pour obtenir l’intervention de l’État afin de modifier les règles du jeu : « Avec l’APCHQ et d’autres partenaires, on réfléchit sérieusement à la création d’une mutuelle groupant les achats de bois local et répartissant ainsi le risque sur plusieurs joueurs. Cette piste ne souffre pas de la lourdeur intransigeante d’un contrôle de l’offre comme on le voit pour certaines filières agricoles tout en ayant le mérite de garantir des quantités à des prix établis comme justes pour les deux parties.

 

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