L’AQMAT sera entendue dans les semaines à venir afin de bonifier un projet de loi qu’a promis le ministre du Travail, Jean Boulet, débouchant notamment sur plus d’inspections sur les chantiers de construction, donc plus de protection du public et une meilleure qualité des bâtiments. Il semble qu’il serait de huit à quinze fois plus cher de reprendre des travaux mal exécutés lors de la construction initiale d’un bâtiment que de bien les faire dès le début. Or, un excellent moyen d’action pour contrôler la qualité est d’inspecter et de surveiller les travaux in situ.
Au cours des quatre dernières années, près de la moitié des inspections de la Régie du bâtiment du Québec ont permis de détecter au moins un élément de non-conformité. En moyenne, cela correspond à environ 6 350 éléments décelés par année en vertu du Code de construction. En 2022, la RBQ en a détecté dans 55 % des inspections effectuées dans les immeubles d’habitation.
En amont des consultations officielles, Richard Darveau, président de l’AQMAT, a pris soin d’écrire au cabinet du Ministre Boulet pour lui rappeler que la qualité d’une construction résidentielle dépend certes de la compétence des concepteurs et des installateurs, mais qu’à la base, le choix du bon matériau pour le bon usage doit faire partie de l’équation. « Cela revêt une importance particulière où l’ère est au plus bas prix, ce qui ne va pas nécessairement de pair avec la durabilité, l’empreinte sur la planète ou l’esthétique. »
M. Darveau a ajouté avec déception que « les promoteurs immobiliers et les entrepreneurs ne sont ni forcés ou stimulés à acheter des produits durables ou écologique, et qu’il n’existe aucun incitatif non plus à acheter local ».
Au nom des membres, le président de l’AQMAT a assuré le ministre de sa pleine collaboration afin d’explorer l’idée d’un code de conduite liant tout l’écosystème de la construction, à l’image de ce que les épiciers sont à concocter avec leur chaîne agro-alimentaire.
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) accueille favorablement l’annonce du Programme d’inspection 2025-2029 de Garantie de construction résidentielle (GCR). Selon elle, un programme d’inspection plus robuste permettra de mieux garantir la construction d’un parc immobilier de qualité, durable, sain et conforme à la réglementation ainsi qu’aux normes applicables de l’industrie, notamment l’aspect de l’inspection à murs ouverts.
Toutefois, l’APCHQ soulève quelques points d’attention :
- l’impact potentiel sur les délais de construction, particulièrement dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de crise de l’habitation;
- la nécessité d’une approche collaborative lors de l’identification de non-conformités;
- les projets d’autoconstruction et de rénovation ne sont pas inclus dans ce programme, alors qu’ils sont fréquemment des sources de non-conformités.
« Nous souhaitons être davantage sollicités pour notre expertise lorsque des points de non-conformité sont soulevés. Nous recevons plus de 8 000 appels de nos membres par année, nous sommes donc à l’avant-plan des enjeux qu’ils peuvent rencontrer sur les chantiers », ajoute Marco Lasalle, directeur du service technique à l’APCHQ et également formateur au Collège AQMAT.
Pour leur part, l’Ordre des ingénieurs du Québec et l’Ordre des architectes du Québec saluent la volonté du ministre, se réjouissent de l’annonce d’un projet de loi à venir à ce sujet et transmettront également leurs recommandations aux parlementaires en temps opportun. De l’avis des deux ordres professionnels, rendre obligatoire la surveillance des travaux par des professionnels (architectes, ingénieurs, technologues professionnels) permettrait de réduire grandement le risque et les impacts pour le public.