Perte économique et perte de temps, parfois perte de calme, la congestion dans le Grand Montréal fait plusieurs victimes. La trilogie d’articles publiée dans La Presse ces derniers jours a joué au médecin légiste sur un agonisant, étouffé par l’indécision et le chevauchement.
Non seulement y a t-il encore 82 maires et mairies à tirer chacun de son côté autour d’un Gérald Tremblay dont le style consensuel, dans ce genre de dossiers, nuit à la décision, il y a en plus l’éternelle et stérile rivalité entre la Communauté urbaine de Montréal et l’Agence métropolitaine des transports, nanties de missions trop semblables en matière de transport collectif.
Le puzzle ne saurait être complet si on omettait de rappeler que Montréal a perdu son statut de métropole pour être rabattu au simple statut de région administrative, comme 16 ou 17 autres, égales en droits et en pouvoirs au yeux de Québec. Cette fixation à tout égaliser a même transformé Laval en région administrative propre. N’importe quoi, même le premier Lavallois doit en être encore surpris!
Enfin, le transport en commun n’est pas suffisamment priorisé par le gouvernement, sinon que dans les discours. À preuve, la part consacrée au financement du transport collectif dans les droits d’immatriculation est restée plafonnée à 30 $ depuis 15 ans, aucun ministère délégué n’existe pour se pencher plus spécifiquement sur la question, le Québec consacre sept fois plus d’argent au transport automobile qu’au transport en commun.
Moi j’aime stationner le vendredi sur le Plateau Mont-Royal où j’habite pour tenter de ne reprendre ma voiture que le lundi matin. Parfois j’y arrive. J’enfourche aussi à l’occasion mon vélo pour traverser le pont Jacques-Cartier et ses vents, et me rendre au bureau, jonction Longueuil et Boucherville. Mais la vraie solution serait de m’offrir un transport en commun à la hauteur de mes besoins, ce qui veut dire: plus de fréquences de bus dans le parc industriel où l’AQMAT se situe, idem pour le nombre de métros, trop souvent bondé, et un seul tarif embrassant les voyagements sur les deux rives. Si l’option m’était proposée et que je la refusais délibérément, alors, c’est sans sourciller que j’accepterais d’acquitter un péage.
Tout cela, pour arriver, demande un leadership qui n’existe pas, un grand ménage dans les doublons de structures et un message « loud and clear » de l’administration Charest sous la forme d’enveloppes dédiées plus importantes et d’un ministère spécifique.
On n’en est pas là…