Interdire les plafonds suspendus dans les sous-sols : refus global des membres de l’AQMAT

C’est sans aucune nuance que l’AQMAT a écrit aujourd’hui à la direction de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) en lui demandant de ne pas aller de l’avant avec son intention d’interdire les plafonds suspendus dans les sous-sols.

En moins de deux jours ouvrables, 127 des entreprises membres de l’AQMAT ont tenu à répondre à la question suivante :

Appuyez-vous le projet du gouvernement de forcer le recouvrement des plafonds des sous-sols des maisons neuves avec des panneaux de gypse et d’interdire l’option des tuiles de plafond suspendu ?

C’est presqu’unanimement que les quincailliers et les fabricants de matériaux sont contre cette idée de la RBQ. En effet, seulement 3 des 127 répondants appuient le projet.

Non 97 %
Oui2 %
Sans opinion ou incertain1 %
  1. « Si la RBQ persiste, il faudra demander au nouveau propriétaire s’il veut isoler et/ou insonoriser son sous-sol, déterminer à l’avance quel type d’éclairage il préfère, si la balayeuse centrale sera déjà installée, etc. avant de le fermer avec du gypse. »
  2. « Accessibilité aux services, c’est quoi l’idée? Les panneaux amovibles offrent l’esthétisme et l’acoustique souhaité. »
  3. « La moindre modification nécessiterait de couper le gypse et le réparer par la suite, ça fait un non-sens! »
  4. « Du gypse avec plein de trappes d’accès, pas nécessairement plus esthétique. Et il existe des tuiles à suspendre résistantes au feu. »
  5. « C’est un choix qui appartient à l’acheteur et personne d’autres. Libarté!»
  6. « Tout casser le gypse et refaire, c’est un méchant tracas et salissant en plus pour un sous-sol fini! »
  7. « Décision de cravateux qui n’ont jamais cogné un esti de clou! »
  8. « La norme pourrait simplement être de finir le plafond coupe-feu, peu importe le type de matériel utilisé. »
  9. « Inconcevable d’exiger aux propriétaires d’immeubles de faire un choix à leur place de recouvrement. Plus de coûts, plus de délais, car les maisons neuves doivent être plâtrées par un professionnel. »
  10. « J’ai un client qui a eu deux problèmes. La première fois, son « vent » a coulé, détruisant le placo plâtre. La deuxième fois, le renvoi de l’évier de cuisine s’est bouché, il a fallu défaire le plafond de gypse. Un enfer, deux fois. »
  11. « Une option serait d’obliger l’installation de rails et de tuiles de résistance au feu, mais d’autoriser un délai de 3 à 5 ans pour écouler les stocks avant d’interdire la vente des produits qui ne résistent pas au feu. »
  12. « La tuile commerciale est coupe-feu, insonorisante et favorise l’accès aux composantes électriques et de plomberie. Elle assure une option abordable aux propriétaires de maisons en plus d’être un excellent vendeur en quincaillerie qui permet également aux marchands de dégager de meilleures marges que le gypse. »
  13. « Le plafond suspendu est beaucoup plus pratique et ne nécessite pas de plastrage. »
  14. « Les dégâts d’eau vont faire de la moisissure au-dessus du placo plâtre. »
  15. « Moins coûteux pour les assurances quand surviennent des dégâts. »
  16. « Ridicule, une maison est déjà fait pour brûler si un incendie se déclare. Vous vous inquiétez pour les incendies ? Forçez l’installation de gicleurs dans celles-ci tant qu’à faire! »
  17. « Savez-vous combien de temps ça prend pour observer un dégât d’eau venant d’une fuite au plafond avec un plafond de gypse ? Plusieurs mois ! Pendant ce temps, moisissures et champignons y trouvent une nouvelle maison. Une situation qui peut devenir dévastatrice pour le système respiratoire de l’humain. Chez un enfant de 10 ans, cela peut déclencher son cycle hormonal à la puissance 25. Chez un adulte, une perte irréversible de l’odorat. Plus le champignon se nourrit d’humidité, plus il devient dangereux pour l’humain qui le côtoie. »
  18. « Tout ce que ça fera, c’est de diminuer l’accès à la propriété pour les jeunes familles en augmentant les coûts de main-d’oeuvre et de matériaux tout en affectant la possibilité d’évolution d’une maison. Lorsqu’on achète une maison et qu’on a seulement un enfant, on préfère souvent attendre avant de finir le sous-sol. Si le plafond est terminé en gypse, il faudra le défaire pour recommencer : plus de déchets, plus de coûts. »

Mentionnons que le changement de règlement fait partie d’un vaste chantier d’actualisation du chapitre I, Bâtiment, du Code de construction.

Le projet vise à adopter, ironiquement, l’édition 2015 du Code national du bâtiment (CNB), avec notamment comme but de « diminuer les risques de propagation d’un incendie ».  

« L’AQMAT et ses membres voudront toujours s’inscrire dans l’encadrement de normes réduisant le gaspillage énergétique et augmentant le confort et la sécurité des citoyens dans leur maison, notamment en réduisant les risques d’incendie », a écrit Richard Darveau au nom des membres aujourd’hui à la direction de la RBQ. « Toutefois, il faut s’assurer que de nouvelles normes ne soient pas tatillonnes. Cela nous semble être le cas de la section du projet de règlement où l’on aborde la question de la finition des sous-sols ».

La nouvelle exigence fait son apparition à l’article 9.10.8.1: voir page 241 du PDF. Elle obligerait de fermer les plafonds des sous-sols, donc d’interdire les plafonds à nu, et d’employer pour ce faire un seul matériau : des plaques de plâtre (gypse) d’au moins 12,7 mm d’épaisseur.

« Il est vrai que le panneau de placoplâtre est ignifuge par nature et que des modèles coupe-feu offrent des indices de résistance supérieurs pour affronter la moisissure en surface », a poursuivi M. Darveau dans sa lettre. Cependant, sa pose requiert le port d’un masque alors que son application et celle du ruban suppose de respecter certaines normes ».

« Les Québécois préfèrent, pour des raisons pratiques, faire eux-mêmes le plafond de leur sous-sol après la livraison de l’immeuble. Ils le font généralement en plafond suspendu, une option simple, jugée esthétique, du moins pour un sous-sol, et surtout pratique. »

En effet, il est pas mal plus facile et moins cher de passer des câbles, de la tuyauterie, en déplaçant quelques tuiles qu’on replace ensuite. Les matériaux requis (tuiles à suspendre et moulures) coûtent plus cher que les panneaux de gypse, mais s’avèrent vraiment plus utiles dans la durée, en plus de procurer aux marchands de meilleures marges lors de la vente que la transaction de feuilles de gypse.

Mentionnons également que des modèles de plafonds suspendus sont offerts avec des résistances contre le feu.

Recommandation de l’AQMAT :

L’avenue à recommander selon l’AQMAT est d’imposer un revêtement qui présente des vertus coupe-feu bien documentées sans pour autant spécifier le matériau. Et si le gouvernement veut être pratico-pratique, il devrait permettre aux centres de rénovation et aux usines qui les approvisionnent en amont un certain délai, par exemple trois à cinq ans, avant d’interdire la vente de produits non conformes pour servir de revêtements de plafond de sous-sols lors de constructions neuves et de rénovations majeures.

Pour prendre connaissance la lettre adressée à la secrétaire générale et directrice des affaires institutionnelles par intérim de la Régie du bâtiment du Québec, cliquez ici

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