Hausses et baisses de prix en même temps: un marché en montagnes russes avec des pertes de stock et de marges à l’horizon

Au vu de la pénurie, les marchands, sous les auspices des bannières, ont acheté beaucoup de matériaux et d’articles de quincaillerie afin de ne pas se faire prendre une deuxième fois avec des ruptures de stock. Ils vivent actuellement avec la crainte de rester « collés » avec un surplus de marchandise dû à un double phénomène: la capacité de payer des consommateurs et l’appel du déconfinement.

À TVA et QUB Radio, le journaliste Pierre-Olivier Zappa citait hier : Simon Brière, stratège de marché chez R.J. O’Brien, qui suggère aux consommateurs et aux institutions de repousser de quelques mois leurs projets de rénovation et de construction afin de profiter de baisses de prix appréhendées de l’ordre de 30 % des prix d’ici 2022.

La division Marchés des capitaux de la Banque de Montréal, a publié des prévisions où elle entrevoit une baisse de prix qu’elle qualifie de « violente » au second semestre. « Les problèmes d’abordabilité pourraient s’intensifier si les taux hypothécaires augmentaient », peut-on lire dans sa note publiée cette semaine.

« Les portefeuilles des ménages ne sont pas illimités, et à un moment donné, la demande pourrait diminuer en raison d’une réticence à débourser davantage pour le même colombage et le même revêtement. »

Le journaliste Zappa, selon l’AQMAT, a raison d’affirmer que « la capacité de payer des clients a des limites ». Il précisait d’ailleurs que la flambée des prix du bois d’œuvre ajoute présentement au coût de construction d’une nouvelle maison environ 30 000 $ au Canada, selon l’Association canadienne des constructeurs d’habitations, et jusqu’à 43 000 $ chez nos voisins américains.

L’observation du marché actuel permet de constater que le contreplaqué se vend encore à prix fort, l’OSB aussi. Plusieurs composants électriques et produits d’importation connaissent des hausses. Mais le bois traité et divers bois d’œuvre commencent à être offerts au rabais. Bref, des montagnes russes qui donnent le vertige aux quincailleries.

En général, les inventaires sont redevenus acceptables dans la plupart des catégories, mais trop de stock conduira à des rabais de 15 à 30 %, notamment sur le bois traité.

Parmi les baisses de prix à surveiller, outre le bois traité, énumérons les dalles de patio, les planches à terrasse et leur ferronnerie, la peinture et la teinture, les herbicides et pesticides, la terre à jardin et le paillis et tous les outils pour la clientèle bricoleuse de type DIY (scies, perceuses, etc.), cela pour deux raisons : les ouvriers se font rares et c’est la fête des Pères bientôt.

À propos des baisses de prix, le journaliste Mathieu Locas, également propriétaire de multiplex, disait ceci hier sur les ondes du 104,7 FM à Gatineau:

« C’est une bonne nouvelle. Il y a quelques semaines à peine, j’ai acheté des 2x6x10 à 20$ l’unité et je viens de recevoir le dernier listing et ils sont à 16,49 $. En termes de pourcentage, c’est quand même 17,5 %. Même chose pour le 2×4, à pareille date l’an passé, on le payait 3 $, rendu au mois d’août, ç’avait monté autour de 6,5 $ et il y a quelques semaines, on payait 11,50 $ et là, il est à 8,38 $. Encore là, c’est loin de ce qu’on était, mais quand tu as des rénovations à faire, si tu réussis à sauver 3 piastres du morceau x 500 morceaux, ça va assez vite merci !»

Des mois de jonglage délicat à prévoir pour les quincailliers

« Depuis fin 2019, j’ai plus l’impression de jouer au poker que d’être un marchand de matériaux », confie le dirigeant d’un grand centre de rénovation.

Il s’avère que sur toutes les gammes de produits, les ventes sont plus élevées de 25 % en période de pointe. Mais les soldes sont à la porte, on les voit arriver. Et cela prendra toute l’année 2021, sans doute une bonne partie de 2022 aussi pour rééquilibrer les inventaires.

« Les quincailliers ne font pas pitié », disait ce matin Richard Darveau à l’animatrice Isabelle Maréchal sur les ondes du FM 98,5. « Ils ont engrangé de beaux bénéfices pendant des mois d’affilée, mais c’est quand même tout un travail d’équilibriste qui les attend », spécifie le président et chef de la direction de l’AQMAT.

« J’ai 140 chaises de camping pliables en stock croyant en avril dernier que le confinement durerait. Les ventes ont cassé tout d’un coup, il y a deux semaines. C’est deux ans de ventes pour un seul produit ! s’exclame un quincaillier de quartier.

Les consommateurs veulent aller en terrasse, mais moins sur leur propre terrasse, pourrait-on croire. D’ailleurs, la planche à balcon et terrasse ne se vend presque pas en ce moment.

Le risque n’est pas de conserver du bois traité jusqu’à la saison prochaine, le stock pourra encore être mis à vendre, il ne sera pas trop sec. C’est plus un enjeu financier : tout le monde a acheté à prix cher lors des grosses commandes de novembre à janvier. « Nos marchands ne veulent pas restés collés avec trop de marchandise qu’il faudra se débarrasser en bas du coûtant pour faire tourner l’inventaire », d’avertir le porte-parole de l’AQMAT à l’animatrice radio.

Écoutez l’intégrale de l’entrevue accordée à 11 h ce matin par Richard Darveau à l’animatrice de radio Isabelle Maréchal

M. Darveau a profité de l’entrevue de ce matin pour féliciter Isabelle Maréchal pour toutes ces années au micro du FM 98,5 et lui souhaiter une bonne poursuite de carrière. Sa dernière émission est prévue pour demain.