En début de pandémie, toute l’industrie de la construction, dont nous sommes, a été subjuguée devant la rapidité des travaux d’érection d’un hôpital à Wuhan en Chine, foyer de l’épidémie qui nous assaille encore. Dix jours!
Pendant ce temps, ici, l’installation d’une simple hotte de cuisine oblige l’intervention de six métiers différents, selon les critères de la Commission de la construction du Québec (CCQ).
Le Réseau express métropolitain (REM) expérimente une approche où l’on construit avec la confection de plans et devis qui sortent au fur et à mesure. On commence à apprécier la vélocité d’un plus grand nombre de pièces préfabriquées. Ça change lentement…
N’empêche, il nous a fallu attendre neuf mois de crise, jusqu’au 11 décembre, pour que le gouvernement arrive à faire sanctionner une loi permettant d’accélérer la construction de 180 projets d’infrastructure.
Même délai pour obtenir un Plan d’action gouvernemental aux fins d’alléger les règlements et l’administration publique, finalement présenté par le ministre Pierre Fitzgibbon, le 17 décembre.
C’est le prix à payer pour vivre en démocratie, on ne s’en plaindra certainement pas.
Dans ce train de 44 mesures développées pour réduire les entraves à l’entrepreneuriat québécois, plein de bonnes choses pour nous.
L’État prend au sérieux le problème de non-harmonisation des codes de construction. L’AQMAT ne peut que souscrire à l’idée de favoriser l’adoption des codes 2020 en bâtiment de prévention des incendies, de plomberie et d’efficacités énergétiques, ce qui aiderait à faire appliquer uniformément et plus promptement les publications du Conseil national de recherches Canada.
Le ministre de l’Économie et de l’Innovation mandate la CCQ pour accroître l’agilité et la polyvalence dans l’organisation du travail, notamment dans les tâches des métiers ainsi que pour contrer les effets de la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction, notamment grâce à la révision du ratio apprenti/compagnon afin d’accroître la capacité d’accueil.
On ignore cependant si la Commission sera disposée à s’attaquer au protectionnisme syndical des grutiers dont l’action engendre une augmentation faramineuse des coûts et une diminution de l’efficience sur les chantiers de construction. Pourquoi? Parce que les grutiers ne sont pas légion et coûtent cher, sans oublier qu’ils interviennent en moyenne 15 minutes par heure tout en étant payés à temps plein.
Il faut savoir que ce n’est qu’au Québec qu’on assimile les chariots élévateurs télescopiques à des grues. Les normes ISO mondiales, les lexiques en force dans l’industrie dans le reste du pays sont unanimes. Le politique doit, selon nous, forcer la CCQ à actualiser sa réglementation afin de ne plus associer les actions des chariots munis de paniers, de fourchettes ou de fléchettes à l’activité de levage d’objets lourds, propre aux grues mobiles et au métier de grutier.
M. Fitzgibbon demande par ailleurs à la Régie du bâtiment du Québec de revoir les libellés des licences des entrepreneurs afin de clarifier les travaux inclus en tenant compte des nouvelles techniques de construction et la recherche d’une réglementation plus harmonieuse. Bravo.
Le Plan s’attaque aussi à la mise en place d’un outil de gestion des permis de façon à en faciliter les renouvellements pour que les entrepreneurs de chantiers cessent de perdre un temps coûteux à remplir de la paperasse. Se dirige-t-on vers un guichet unique mettant fin aux silos entre la RBQ, la CCQ, Revenu Québec et l’Autorité des marchés publics quand vient le temps pour un entrepreneur d’obtenir un service gouvernemental? Rêvons…
La Chine n’a certes pas à composer avec la vie parlementaire ni avec les normes sociales et environnementales en vigueur ici et auxquelles on est tous attachés.
Mais entre dix jours et plusieurs années pour mener à bien un projet jugé urgent, peut-on espérer faire bien, mais plus vite?