Effervescence

« Ces discussions surviennent dans un contexte commercial effervescent pour les distributeurs et détaillants québécois spécialisés en produits de quincaillerie, rénovation, machines agricoles et jardinage. »

C’est fou comme ce mot, effervescent, tiré du communiqué conjointement émis par les directions de La Coop fédérée et le Groupe BMR, a retenu l’attention des médias.

TVA, le Canal Argent, La Presse, le Courrier du Sud m’ont tous cuisiné pour connaître mon interprétation.

Il faut dire que le communiqué était plutôt bref,  les journalistes avaient peu à se mettre sous la dent. Son écriture trahissait une volonté d’éviter que la machine à rumeur dégénère en inquiétudes chez le personnel comme chez les fournisseurs…

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Le secteur de la quincaillerie et des matériaux est-il vraiment bouillonnant et agité? Outre que l’offensive de Lowe’s sur Rona a fait couler de l’encre un temps, je dirais que nous vivons plutôt une grande stabilité.

À preuve, en 2012, à peine 2 % des 900 quincailleries et centres de rénovation que compte le Québec ont changé de mains. 

Sans doute que les auteurs du communiqué Coop/BMR ont choisi ce mot pour qualifier ce que pourrait devenir notre secteur advenant une fusion ou alliance quelconque entre eux.

Là, en effet, le milieu s’agiterait, au point de bouillir.

Le portrait serait changé en termes de nombres de portes. La position de chef de file de Rona/Réno Dépôt, avec plus ou moins 300 magasins affiliés et corporatifs au Québec, serait moins dominante avec un tandem Unimat/BMR qui totaliserait à peu près le même nombre de portes. Certes, la comparaison ne tiendrait pas la route en termes de pieds carrés car la taille moyenne des Rona est plus grande et la vingtaine de Réno Dépôt de 100 000 pieds carrés et plus vient changer la donne. Mais on pourrait parler de deux réseaux d’entreprises aussi étendus l’un que l’autre. Sur le plan marketing, l’effet ne serait pas négligeable.

Bouleversement appréhendé aussi du côté des fournisseurs. Les chaînes d’approvisionnement des deux entités sont parallèles, il faudra les unifier, profiter de l’alliance en renégociant avec les fournisseurs de l’un et de l’autre sur une base d’offre consolidée. Du coup, des manufacturiers feront coup double sur le dos de leurs concurrents qui n’auront pas été retenus.

C’est à l’interne que les fiancés anticipent peut-être un autre potentiel d’effervescence d’ici leur mariage. On en en cause ici deux cultures bien plus différentes que peuvent l’être Rona et Lowe’s. BMR, une entreprise verticale, prototype pur de l’entrepreneuriat, gérée par des individus sans trop d’entraves bureaucratiques, devant La Coop fédérée, entreprise horizontale, administrée par une légion de comités aux valeurs commensales.

« Du choc des idées jaillit la lumière », disait Boileau. Si l’union Coop/BMR se consomme, on verra si le philosophe avait raison…

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