La direction de l’AQMAT avoue être partagée par l’annonce du ministre responsable du Logement du Canada d’un catalogue de logis préapprouvés et standardisés.
L’idée de produire en série et à bas prix le plus de logements possibles afin de juguler la crise en habitation est à supporter sans aucune réserve. On a tous en mémoire l’opération vétérans réussie après la Deuxième Guerre mondiale. Des milliers d’ouvriers avaient aussi pu trouver un toit.
Cette fois, on vise avec raison des plans standardisés pour des multiplex, des logements étudiants et des résidences pour aînés.
Là où l’annonce ministérielle blesse, c’est dans l’affirmation suivante : « Il y aura moins de frais d’architecte et ça va accélérer le processus ».
« Il a vraiment dit cela ?», s’étonne le président de l’AQMAT, tout comme Lucie K. Morisset, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain récemment interviewée par Le Devoir : « C’est un peu comme envisager de construire des routes sans recourir aux ingénieurs, ou encore d’avoir un département de cancérologie à l’hôpital, mais sans médecin, afin de réduire les coûts… ».
De son côté, François Saillant, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), se questionne. « Est-ce qu’on va faire des logements de moindre qualité juste pour économiser? Contourner des lois, des règlements de zonage, tout ça, c’est la porte ouverte pour construire n’importe quoi. »
Richard Darveau considère que la création d’un nouveau catalogue de logis préapprouvés a un beau potentiel et pourrait avoir un impact tangible sur la pénurie du logement actuelle. « Il faut juste ne pas paniquer face à la crise et avoir la sagesse de démarrer le projet sur les bonnes fondations ».
Pour le porte-parole de l’AQMAT, il s’agit de prendre le projet à l’envers et de stimuler l’énergie créatrice des architectes par un concours clairement paramétré en termes de productivité de construction, d’utilisation des matériaux faits au Canada et de participation à la lutte au réchauffement climatique par des concepts efficients énergétiquement parlant.
Les membres auront compris que l’AQMAT prendra les moyens pour se faire entendre lors des consultations promises pour le début de janvier afin d’enrichir l’idée du ministre Fraser.