Alors que plus de 8 immeubles locatifs sur 10 nécessitent des travaux de rénovation, s’ils avaient accès à des mesures incitatives, la presque totalité de leurs propriétaires seraient disposés à investir davantage dans les travaux de rénovation permettant d’améliorer l’efficacité énergétique.
C’est ce le constat révélé par un sondage mené conjointement par la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) et l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) en octobre et portant sur les besoins en matière de rénovation des logements locatifs.
Parmi les résultats du sondage, auquel ont répondu 1 155 propriétaires d’immeubles locatifs, 81 % d’entre eux possèdent un immeuble qui nécessite des travaux de rénovation.
De ces immeubles, un peu plus de la majorité a besoin de travaux d’entretien (59 %), alors que près du quart a besoin de rénovations mineures (24 %) et que 17 % devront subir des travaux majeurs.
Pour la haute direction de l’AQMAT, l’état des logements, surtout les multiplex où le propriétaire n’est pas occupant, est un enjeu de société, en plus d’être économique et financier.
« Le confort et la sécurité de la population sont en jeu, précise Richard Darveau, président et chef de la direction. Or, l’équation financière ne peut être résolue en raison d’un retour sur investissement trop long pour les propriétaires ». Mais ne nous méprenez pas, prévient M. Darveau,« nous n’encourageons nullement le gouvernement à réviser le filet social que représentent les règles de la Régie du logement qui protègent les locataires contre toute augmentation inopinée de loyer. Nous pensons comme nos collègues que la solution se trouve dans des aides financières de l’État pour aider les proprios rigoureux dans leur projet d’amélioration locative à absorber les frais de travaux et de matériaux. »
Efficacité énergétique
La proportion de propriétaires qui reconnaissent le besoin d’effectuer des travaux de rénovation en efficacité énergétique dans au moins un de leurs logements est de 73 % pour ceux qui possèdent 1 à 6 logements, 80 % pour ceux qui possèdent de 7 à 50 logements et 90 % pour ceux possédant plus de 50 logements.
Malgré la reconnaissance de leurs besoins, peu de propriétaires prévoient faire des rénovations énergétiques en 2017 dans au moins un de leurs logements.
Parmi les propriétaires qui comptent faire des rénovations en efficacité énergétique en 2017, 95 % seraient prêts à investir davantage en rénovation pour améliorer l’efficacité énergétique si le gouvernement offrait une aide financière.
Le résultat est sensiblement le même pour ceux qui ne comptent pas en faire en 2017 : 87 % seraient prêts à investir en rénovation pour améliorer l’efficacité énergétique si le gouvernement offrait une aide financière.
Ces données démontrent que les propriétaires d’immeubles sont conscientisés à l’importance d’effectuer des travaux améliorant l’efficacité énergétique de leur immeuble locatif. Or, les deux associations regrettent que les crédits d’impôt qui ont été instaurés jusqu’à maintenant n’aient visé que les propriétaires-occupants. Le locatif en était donc exclu, ce qui correspond à près de 40 % des logements du Québec.
« Le constat que nous faisons est le suivant : le parc immobilier locatif au Québec a réellement besoin d’être mis à niveau. Il faut rappeler qu’il a été majoritairement construit entre les années 1960 et 1980 et qu’il n’a que peu été entretenu depuis. Il a donc mal vieilli et ses besoins sont criants. Malheureusement, les règles actuelles ne facilitent pas la tâche des propriétaires qui désirent rénover leurs immeubles », a déclaré Benoit Ste-Marie, directeur général de la CORPIQ.
Crédit d’impôt demandé
Afin d’énoncer quelques principes directeurs d’une éventuelle modification de la réglementation, les deux organisations ont rédigé une déclaration commune. La CORPIQ et l’APCHQ recommandent que les gouvernements du Québec et du Canada mettent respectivement sur pied un crédit d’impôt remboursable ou une mesure d’aide semblable permettant de stimuler l’investissement à caractère écoresponsable dans les immeubles locatifs et que le gouvernement du Québec maintienne le crédit d’impôt RénoVert pour les propriétaires-occupants au-delà du 1er avril 2017, date de fin prévue.
« Avec la Politique énergétique 2030, le gouvernement du Québec veut notamment améliorer de 15 % l’efficacité avec laquelle l’énergie est utilisée. Pour y parvenir, nous croyons que non seulement l’industrie de la construction résidentielle a un rôle important pour y parvenir, mais que l’amélioration du parc immobilier locatif est un élément incontournable. Encore faut-il que des mesures incitatives soient mises en place pour aider les propriétaires d’immeubles locatifs », a conclu François-William Simard, vice-président Développement stratégique et Communications à l’APCHQ.