C’est l’été. Les vacances. De retour d’un hiking dans les montagnes corses au moment où la Banque du Canada engendre une remontée en chaîne des coûts d’emprunt.
Rapport? Les deux situations ont en commun la même nécessité de trouver un bon poids, la charge parfaite. Celle qui permettra de se rendre à destination et ce, dans les meilleures conditions.
Contextualisons les deux histoires.
Huit fois par année, la Banque annonce sa décision relative au taux directeur, pourcentage à partir duquel les institutions prêteuses établiront leurs fourchettes de loyers d’intérêts applicables sur l’argent auquel consommateurs comme entreprises voudront ou devront accéder pour assurer leur qualité de vie et leur propre développement.
Annonce après annonce, 55 fois d’affilée depuis 2010, le gouverneur n’avait pas éprouvé le besoin d’augmenter le fameux taux : il demeurait fixé depuis le début de l’ère statistique à un niveau record, tout près de zéro (0,50 %), aux antipodes des pourcentages stratosphériques (20 %), vécus, que dis-je, subis, par les citoyens et les entreprises au tournant des années ’80.
Et voilà qu’à la mi-juillet 2017, le taux directeur augmente à 0.75 %, entraînant la remontée des taux hypothécaires et des autres prêts offerts par les institutions financières, incluant les emprunts et les marges contractés par les entreprises. Entraînant aussi des inquiétudes, lesquelles je ne partage pas.
L’impression qu’on peut tout se procurer est pernicieuse. Elle est aussi dangereuse qu’une approche bas de laine où les ménages comme les entreprises assujettissent leur progrès à l’état de leur trésorerie, n’attribuant aucune confiance à leur actif.
La quasi absence de taux d’intérêt génère l’endettement excessif. À preuve, la dette des ménages québécois et canadiens atteint un ratio de 170 %, soit un taux similaire à ce que connaissaient les Américains avant le krach financier de 2008.
Autrement dit, pour chaque tranche de revenus bruts de 100 000 $, les ménages ont une dette moyenne de 170 000 $ alors qu’il y a tout juste 15 ans, ce taux d’endettement était de 105 %. Si bien qu’on prévoit que 50 000 consommateurs et entreprises vont déclarer faillite cette année. Un autre triste record qui, à moyenne échéance, vient miner l’activité dans nos commerces et du coup, la production de biens.
Je suis de ceux qui souhaitent que le taux directeur s’établisse au moins à 1 % afin de provoquer deux conséquences : continuer d’être alléchant pour ceux et celles qui désirent investir sans donner en échange leur chemise à la banque tout en représentant un certain prix à payer, avec pour effet de ne pas encourager l’endettement trop facile.
Certes, un tel relèvement du loyer de l’argent fera grimper le dollar canadien par rapport au billet vert et un tel tonus handicapera les exportations québécoises et canadiennes. Notre tourisme aussi deviendra moins attirant.
Mais soyons francs, si nous devons tabler sur de tels escomptes pour vendre nos produits et nos services aux Américains, n’est-ce pas le signe de problématiques plus sérieuses, questionnant notre productivité et notre créativité ?
Je me dis que même à 1 %, le taux de change restera à notre avantage. Pour le reste, devenons meilleurs ou aussi bons que nos voisins, un point c’est tout.
En parallèle, revenons sur mon expédition en montagne, qui me fait saisir à quel point un juste poids, la charge parfaite, constitue un facteur critique de toute activité humaine.
Ma conjointe et moi avons surestimé notre capacité de franchir les 20 000 mètres de dénivelé que représentait le mythique sentier appelé GR20 avec, sur le dos, de quoi boire, dormir et manger.
Il est à la portée de tout le monde de faire du camping pimenté d’une bonne marche en montagne avec un sac trop lourd ; on se repose os, muscles et tendons le lendemain, un verre de vin, une bonne bouffe et un bain chaud aidant. C’en est une autre de recommencer le même manège, à coups de montées et de descentes assaisonnées de quelques acrobaties imposées par moult parois, jour après jour, deux semaines durant, sept ou huit heures par jour.
Comme ces propriétaires résidentiels en 1980, nous nous sentions littéralement crouler sous un fardeau trop lourd et dont on ne voit pas l’issue.
À la sixième des 16 étapes du parcours, nous avons opté pour un plan B. Ah, le luxe d’une alternative dont ne disposaient pas les centaines de milliers de propriétaires en 1980 acculés à la faillite.
Sereinement, nous avons lâché le parcours balisé et parcouru cette Corsica si justement appelée l’île de beauté par son plus illustre fils, Napoléon Bonaparte. Les randonnées ultérieures ont été appréciées un peu grâce au vin, charcuteries et fromages en récompense, mais surtout parce qu’on portait alors des sacs à dos raisonnables.
Je vous souhaite un merveilleux été, avec les ressources adéquates pour faire bonne route !