Le bandit qui a offert des pots-de-vin année après année s’affiche en victime, arguant qu’il n’avait pas le choix. Un système s’imposait, s’opposait à ses valeurs.
Le fonctionnaire qui les a accepté, contrat après contrat, se dit aussi pion d’une machine. L’enfer c’est les autres, disait Sartres. Il est la pute qui n’existerait pas sans client. On ne peut lui donner tort, ce qui ne lui donne pas raison pour autant.
Les élus logent à la même auberge, celle de l’irresponsabilité. Ce sceau de l’impuissance qui brille d’une apparence de bonne conscience, mais qui au fond, ne trompe personne, pas même son auteur.
Face à tant de manque d’hommes dignes, je ne me sens pas désabusé. Inquiet. Désireux de passer de la parole à l’acte. Explications.
On peut bien se faire croire que la Commission Charbonneau n’enquête que sur l’octroi et la gestion des contrats publics. Pour le commun des mortels, sa portée irradie sur toute l’industrie de la construction.
Oeuvrer dans l’univers des travaux de rénovation et de construction est en voie de devenir une tare de naissance.
Au point où journalistes et grand public pourraient suspecter que vous versez en amont dans la collusion avec vos pairs et en aval, que vous corrompez vos clients pour le simple fait que vous êtes un marchand desservant un marché municipal ou que vous fabriquez des tuyaux. On peut jouer au golf ou manger dans un restaurant italien sans problème quand on est infirmière ou libraire, mais si on est associé à la construction, c’est louche.
On n’a donc pas le choix de se sentir concernés par ce qui est mis au grand jour par le travail concomitant des commissaires, des policiers et des médias. Par le risque d’éclaboussures. Par obligation morale. Pour notre pérennité.
Pendant que le linge se lave en public, notre communauté d’affaires, qui brasse environ 15 milliards de dollars au Québec, il faut agir.
Un capitalisme débridé, sans règles garde-fou ni pare-feu ou sans pouvoir de les appliquer, se mue en far-west où les 99 % des entreprises et des clients qui compétitionnent dans les règles se sentent floués.
À l’AQMAT, on a commencé l’exercice il y a trois ans avec l’adoption d’un code de déontologie couvrant trois points : la qualité des produits fabriqués et vendus eu égard aux codes et normes en vigueur ; le respect des lois et règlements, incluant des mesures pour combattre le travail au noir ; la prévention de la collusion en donnant préséance à l’intérêt général devant tout intérêt particulier.
Nous en sommes à se donner les moyens collectifs de faire connaître notre éthique auprès de nos publics. Histoire d’offrir un plancher rassurant à ceux qui veulent faire affaire avec les nôtres. Histoire de montrer que nous voulons contrer tout stratagème de corruption et de collusion pour instaurer de meilleures pratiques dans l’avenir.
Le plan triennal 2013-2015 qui vous sera proposé au Congrès des décideurs (le 17 mars 2013, Hostellerie des Deux Rives, Beloeil) abordera le défi de faire connaître la qualité comportemen- tale des membres formant l’AQMAT.
Nous ne sommes victimes d’aucun système. Nous gouvernons notre destinée.