De la fuite dans les idées


J’aurais aimé être une petite souris pour épier le premier ministre du Québec et son ministre des Ressources naturelles, peut-être aussi celui du Développement économique, afin de comprendre pourquoi l’accouchement d’une modernisation du Code de la construction, correspondant grosso modo à la barre de qualité établie par le programme Novoclimat, a été retardé de cinq ou six ans.


J’aimerais encore être cette petite souris pour m’infiltrer afin de saisir comment il se fait que le projet réglementaire devant améliorer le bilan énergétique des maisons comporte lui-même un vice d’étanchéité systémique.
Ah! l’infiltration, parlons-z-en!
«Il n’y a pas d’économie d’énergie sans étanchéité à l’air », rappelle ÉcoHabitation. Une bonne isolation ne fonctionne que si elle est accompagnée d’une bonne étanchéité. Raison pour laquelle la pétition en ligne demandait que la Régie du bâtiment du Québec mette en place un contrôle de qualité des inspections, via des tests d’infiltrométrie réalisés par échantillonnage. 
Par échantillonnage, on entend une maison sur dix d’un même promoteur, testée avant la pose du gypse. Ça nous donnerait l’heure assez juste.

Car la pourriture peut venir d’une sur isolation aussi bien que de la condensation générée par des fuites d’air au fil des ans. Et la pose encouragée d’un isolant à l’extérieur peut accélérer ce phénomène de moisissures! 
Soyons positifs. Les modifications apportées au Code porteront notamment sur l’isolation, les ponts thermiques, l’étanchéité à l’air, la fenestration et la ventilation mécanique.
Le temps a fait son oeuvre grâce aux pressions multiples et à la pétition déposée à l’Assemblée nationale par ÉcoHabitation, l’AQMAT et une douzaine d’autres organismes. L’hésitation valseuse du gouvernement du Québec a cédé devant une décision devenue inéluctable, celle de resserrer les normes énergétiques de la construction résidentielle.
La nouvelle réglementation se calquera donc sur les normes établies par le programme Novoclimat. Son application conditionnera toute mise en chantier de maison neuve à compter de juillet prochain, sinon octobre. À moins , bien sûr, de surprises survenant durant la période de consultation commencée et se terminant au début d’avril.
Bien qu’elles permettent d’économiser au moins 22 % d’énergie, ces normes demeureront en deçà des normes fédérales R-2000 et des standards pratiqués tant chez nos voisins ontariens que dans les pays leaders d’Europe.
L’actualisation du vieux Code du bâtiment qui date d’un quart de siècle était urgente, comme l’est le contrôle des frais de chauffage que paient les consommateurs et la lutte menée pour afficher un meilleur bilan énergétique au Québec. 
Au fond, on s’en balance du pourquoi et du pour qui, justifiant les reports répétés d’un code du bâtiment ajusté aux attentes de la société moderne. L’important est qu’on l’ait obtenu.

Par ailleurs, méchante révolution sur les fabricants. Nos membres, pour la plupart sinon tous, offrent des produits qui satisfont déjà les normes écoénergétiques les plus rigoureuses. Il y en a un paquet d’autres qui se feront sortir du marché en raison des faiblesses de leurs produits. 

Un grand ménage tout à fait le bienvenu!

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