Construction résidentielle : le bonnet d’âne à Montréal et au Québec

Si au premier semestre de 2023, les mises en chantier d’habitations dans l’ensemble du pays ont légèrement augmenté, ce n’est pas le cas dans La Belle Province. Du moins, si on prend comme baromètre les statistiques de Montréal.

Dans son Rapport sur l’offre de logements, la Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCH) souligne qu’il est primordial d’augmenter fortement la productivité du secteur de la construction pour résoudre à long terme la crise de l’abordabilité et de l’offre de logements car le rythme actuel de la construction résidentielle demeure insuffisant.

Constatons d’abord l’extrême variabilité de l’activité d’un grand centre urbain à un autre. Alors que l’inflation sévit partout et que les taux élevés d’intérêt sont aussi uniformes d’un océan à l’autre, il est étonnant de voir que les mises en chantier du premier semestre à Toronto et à Vancouver ont dépassé en 2023 les niveaux des cinq dernières années alors qu’elles sont inférieures à ces niveaux historiques dans les autres grands centres.

En moyenne, dans les six plus grandes villes du Canada, la construction de logements toutes catégories confondues (unifamiliales, condos, appartements locatifs, etc.) a augmenté de seulement 1 % durant les 6 premiers mois de 2023 par rapport à la même période en 2022.

Le resserrement des conditions d’emprunt et le haut niveau des taux d’intérêt, le manque de productivité dans l’industrie de la construction et le manque de main-d’œuvre ont créé des conditions difficiles pour les constructeurs d’habitations.

Mises en chantier par type de logement, premier semestre de 2023

Commentaires de Richard Darveau, président de l’AQMAT : « Le fait que Québec et Ottawa se chicanent sur le partage du financement des logements sociaux n’est sans doute pas étranger qu’on fait pire ici qu’ailleurs ». Il ose ajouter que « le manque de polyvalence entre les corps de métier de construction ralentit aussi les chantiers au Québec, tout comme l’application à géométrie variable du Code de construction et sans oublier la réticence du gouvernement du Québec face au recrutement international quand on compare l’ouverture et mes moyens pris dans les autres provinces ».

Dans le camp des bonnes nouvelles, rappelons quand même quelques annonces récentes :

  • Le 26 septembre 2023, le ministère des Finances a annoncé que la limite annuelle des Obligations hypothécaires du Canada passera de 40 milliards de dollars à 60 milliards de dollars. Cela indiquera aux constructeurs qu’ils peuvent compter sur du financement à faible coût supplémentaire et permettra à un plus grand nombre de projets de logements locatifs d’aller de l’avant.
  • Le 21 septembre 2023, le gouvernement du Canada a présenté un projet de loi visant à éliminer la partie fédérale de la taxe sur les produits et services (TPS) sur les nouveaux ensembles de logements construits pour la location. Cette mesure s’ajoute à d’autres politiques récentes qui aideront à relever les défis abordés dans le dernier Rapport sur l’offre de logements. Elles permettront aussi d’améliorer la viabilité des ensembles de logements locatifs, dont le manque est criant partout au pays.
  • Les données de la SCHL sur les mises en chantier d’habitations en juillet et en août 2023 montrent que malgré notre perception, la construction résidentielle est demeurée relativement stable à l’échelle nationale.Monsieur Darveau se dit optimiste pour plusieurs raisons : l’écart global de l’offre à combler au Canada demeure à environ 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030, en plus de ceux dont la construction est déjà prévue, comme l’a démontré la SCHL dans son rapport récemment mis à jour Pénurie de logements au Canada. Face à de telles données aussi dramatiques que non contestables en raison de la source, les trois paliers de gouvernement vont devoir multiplier les programmes et revoir promptement leurs politiques pour compter sur plus de travailleurs de la construction, mieux synergisés entre eux et aptes à livrer des logements rapidement pour toutes les couches de la société, mais en priorité pour les plus défavorisés.

Relire à ce sujet son dernier blogue intitulé « S’attaquer à la crise du logement en trois temps ». 

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