Congrès des Décideurs de l’AQMAT: cinq résolutions votées avec un souci de plus d’engagements et de partenariats entre les maillons de notre chaîne

La dixième édition du Congrès des Décideurs qu’organisait l’AQMAT hier et avant-hier au Manoir Richelieu dans Charlevoix aura été plus qu’un retour en présentiel, qu’un moment de retrouvailles. L’à-propos de son thème, « Se retrouver pour mieux s’allier », s’est reflété dans les débats animés, concertants, d’où émanent cinq résolutions engageant l’AQMAT et ses membres vers des partenariats tissés encore plus serrés.

 

D’entrée de jeu, le président du conseil d’administration de l’AQMAT, le marchand RONA Dominique Bélanger, a utilisé le mot « historique » pour qualifier ce congrès. « Quand je regarde l’importance des sujets à l’horaire, je me dis en effet que nous sommes appelés à réfléchir, même à se prononcer sur certains des enjeux les plus névralgiques auxquels font face nos quincailleries et les fournisseurs qui nous permettent d’opérer, c’est-à-dire les fournisseurs et nos groupements d’achats ».

« Tous les médias, tous les experts nous le répètent, a martelé M. Bélanger, le consommateur change assez radicalement et nous aussi, on doit changer. Votre association également devra adapter son offre de services et donc ses ressources pour être encore plus utile à nous, les membres, propriétaires collectifs de l’AQMAT. »

Les travaux des quelque cinquante délégués ont été concentrés autour de quatre ateliers menés sous un format « World Café », c’est-à-dire où les participants étaient subdivisés en petits groupes de 7-8 personnes, ce qui a permis des conversations non censurées entre clients, fournisseurs et experts.

 

Il n’est jamais facile pour un quincaillier de s’absenter deux ou trois jours pour assister aux assises annuelles de l’AQMAT, en plus des heures de transport. Mais on a dénombré 18 personnes provenant de quincailleries et de centres de rénovation, ce qui est fort louable dans les circonstances.

 

La métaphore de l’éléphant dans la pièce a été proposée aux délégués en début de travaux pour illustrer que l’occasion leur était donnée d’aborder, poliment, mais courageusement, les sujets névralgiques qui à première vue les séparent et pourtant pourraient aussi mieux les réunir.

Le premier atelier a permis d’entendre les porte-parole de l’Association professionnelle des constructeurs d’habitation du Québec (APCHQ) et du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) livrer leurs interprétations sur les prix et les disponibilités de bois en montagnes russes depuis plus d’un an.

Le premier, François Bernier, a rappelé à quel point il a été difficile de mener à terme plusieurs chantiers parce que les prix étaient trop élevés ou parce qu’il n’y avait pas assez de matériaux. Il a confirmé l’intention de son organisme à collaborer avec l’AQMAT à la recherche de solutions réduisant ces écarts pour le bien de toutes les parties prenantes, incluant celui des scieries.

 

Cliquer ici pour accéder à l’entretien vidéo avec François Bernier, économiste, premier vice-président aux affaires publiques à l’APCHQ.

Le second, Jean-François Samray, a plutôt soutenu « que le Québec, et ses différentes catégories de consommateurs, n’a pas manqué de bois. En fait, le marché n’en a jamais eu autant ». Il a affirmé avoir communiqué à ses membres « l’importance de supporter la demande locale sans pour autant leur dire quoi faire. Ils ont individuellement pris des décisions. La réponse a été à géométrie variable ».

Les discussions étaient convergentes entre les diverses équipes où participaient souvent un dirigeant de scierie et de grands courtiers en bois: on apprécie le marché libre tout en reconnaissant la nécessité de protéger un peu mieux, par des changements de pratiques, notre économie, nos approvisionnements en bois, nos chantiers et nos scieries du fait que des pics de demande, il y en aura encore.

Les délégués ont effectivement pris connaissance du fait que le bois québécois sera encore en forte demande parce que la consommation nord-américaine est appelée à franchir des records depuis 2007: combinée, la production de bois Canada/États-Unis (1,9 milliard de pmp) ne parvient pas à suivre celle de la consommation (2,16 milliards de pmp). À ce portrait s’ajoute la relance post-COVID qui s’annonce demandante en matériaux.

Les délégués ont donc voté une résolution à l’effet non pas d’aller vers une mutuelle ou un contrôle systémique des prix, mais non plus en laissant seule « la main invisible » réguler le marché des offres et des demandes. Il en est résulté la création d’un instrument d’information permettant d’établir des prévisions de la demande en bois plusieurs mois à l’avance. Un algorithme, possiblement composé de données provenant des mises en chantier de la SCHL, des cours boursiers à Chicago, des projets identifiables par les entrepreneurs et les promoteurs résidentiels, des données aussi provenant des municipalités grâce aux permis de bâtir et de rénover, pourrait contribuer à ce que les acheteurs des bannières et les cours à bois obtiennent plus d’informations fiables au moment de passer leurs commandes.

Résolution 1a

Soutenez-vous l’initiative de l’AQMAT et de l’APCHQ de mettre sur pied un indicateur d’information multicomposite à la disposition des centres de rénovation et de leurs groupements pouvant réduire l’incertitude lors des prises de commande et conséquemment, réduire également les fluctuations des prix et des quantités de bois québécois ?

  • Oui 95 %
  • Non 5 %

Résolution 1b

Soutenez-vous l’idée d’impliquer financièrement et techniquement le ministère de l’Économie et de l’Innovation dans la confection d’un instrument d’information fiable au problème de fluctuations des prix et des quantités de bois québécois ?

  • Oui 99 %
  • Non 1 %

L’atelier 2 a abouti sur une résolution adressée au gouvernement du Canada à l’effet de légiférer pour plafonner à 1 % les frais d’interchange facturés aux marchands par les émetteurs de cartes de crédit. Rappelons que depuis le premier ministre Harper, Visa et MasterCard ne sont assujettis qu’à un code volontaire.

Les délégués ont semblé apprécier recevoir un exposé magistral de l’avocat expert en actions collectives, Me Éric Bouchard, sur le long chemin à parcourir en vue d’en arriver à obtenir réparation pour les frais élevés et d’autre part, aléatoires, que le duopole des cartes de crédit impose aux marchands en fonction d’un critère sur lequel ces derniers n’ont aucun contrôle: la couleur des cartes de crédit.

L’un des éclaircissements importants a été de saisir qu’un éventuel jugement ou règlement à l’amiable face à Visa et MasterCard n’entrave nullement une démarche législative. « Au contraire, a renchéri l’expert: on voit que les États sont motivés d’actualiser leurs réglementations ou leurs lois quand un comportement ou un stratagème a été mis au jour par un recours publicisé auprès des consommateurs ».

Cliquer ici pour visionner une vidéo maison amusante sur la progression des transactions par cartes de crédit et son impact sur les finances des quincailleries.

Résolution 2

En marge de l’éventuelle action collective, souhaitez-vous que le gouvernement du Canada plafonne les frais d’interchange exigés des marchands au taux fixe de 0,5 %, comme en Australie.

  • Oui 92 %
  • Non 8 %

Le troisième atelier portait moins sur le fond d’une question que sur son financement. Pour chiffre les impacts de fermer les dimanches et donc, de demander un changement législatif, l’AQMAT demandait plus de moyens.

Cliquer ici pour accéder à une vidéo sur les plaisirs des dimanches en congé

Après avoir appris que l’État québécois ne daignerait se pencher sur la problématique que s’il était démontré que le statu quo a des effets dommageables sur les commerces concernés et le tissu socio-économique, les délégués ont compris qu’une étude indépendante devenait nécessaire. Qui plus est, si les conclusions appuyaient la revendication de l’AQMAT, l’étude motiverait d’autres secteurs du commerce de détail de demander également un changement à la Loi sur les heures et jours d’admission du public dans leurs établissements.

Résolution 3

Êtes-vous disposé à ce que l’AQMAT ajoute 25 $ aux cotisations annuelles en 2022 afin de nourrir la réflexion par une étude indépendante sur les impacts socio-économiques de la fermeture les dimanches ?

  • Oui 82,5 %
  • Non 17,5%

Note aux lecteurs: c’est cependant le conseil d’administration qui aura le dernier mot en matière de tarifs de membership et de l’application de tous autres frais extraordinaires de la sorte.

La journée s’est soldée sur sans doute le débat le plus attendu, celui concernant les relations entre les bannières et les fournisseurs.

Les bris dans la chaîne d’approvisionnement et le besoin de plus de souplesse dans les contrats ont mobilisé les fournisseurs depuis ces derniers mois. Et leurs attentes d’un partenariat plus gagnant-gagnant avec les groupements d’achats en quincaillerie ont été rehaussées en voyant les collègues des marchés d’alimentation avancer à pas de géants vers un code de bonnes pratiques, eux-mêmes inspirés des mêmes tendances dans plusieurs pays d’Europe.

Un entretien avec l’une des artisanes de la conversation entamée entre les différents joueurs du secteur alimentaire a permis aux délégués d’en apprendre sur la genèse de leur projet de code, la diversité des points de vue et au-delà de ceux-ci, les principes sur lesquels groupements d’achats, fabricants, distributeurs et détaillants semblent s’entendre.

Cliquer ici pour entendre Sylvie Cloutier, pdg du Conseil de la transformation alimentaire du Québec.

Dans la même veine, la présence du président-directeur général de l’Association des détaillants en alimentation du Québec semble avoir ajouté une belle valeur aux travaux des congressistes de l’AQMAT. Pierre-Alexandre Blouin a exprimé l’avis que l’AQMAT, du fait qu’en son sein sont représentés équitablement toutes les parties prenantes en quincaillerie représente un grand avantage: « Pour avancer en alimentation, il faut concerter une bonne dizaine d’associations différentes et parfois divergentes, ce qui ralentit notre capacité d’avancer », a-t-il soutenu.

Résolution 4

Aimeriez-vous que l’AQMAT assume un rôle de leadership dans l’élaboration d’un Code volontaire de bonnes pratiques en quincaillerie ?

  • Oui 89 %
  • Non 11 %

« Un peu comme les lettres de mandat que viennent de recevoir les nouveaux ministres aujourd’hui à Ottawa, je me sens investi de missions claires et engageantes pour le bien collectif des membres de notre communauté ». – Richard Darveau, Président et chef de la direction de l’AQMAT.

 

 

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