Commerces de détail et usines: moins attrayants pour les chercheurs d’emploi

S’il y a tant d’emplois à pourvoir dans les quincailleries et les manufacturiers qui les alimentent, ce n’est ni en raison des programmes gouvernementaux de type PCU, ni d’un phénomène de démission généralisée. C’est surtout parce que des dizaines de milliers d’employés choisissent de quitter les commerces et les usines pour travailler ailleurs.

C’est ce que révèle un rapport sur la main-d’œuvre que vient de rendre public l’Institut du Québec, un organisme à but non lucratif qui axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face.

Depuis le début de la crise sanitaire, les travailleurs sont de retour sur le marché de l’emploi dans une proportion similaire à celle qui prévalait en 2019. Les Québécois de 25 à 54 ans affichent même des taux d’activité supérieurs à ceux observés à cette époque.

Ce sont les déplacements de travailleurs entre les secteurs qui comptent parmi les phénomènes qui ont transformé le marché de l’emploi au cours de la pandémie.

Source: Statistique Canada, calculs de l’IDQ

Les besoins en main-d’œuvre explosent dans le commerce et la fabrication alors que ces secteurs peinent à recruter par manque d’attractivité, notamment sur les plans du salaire et des horaires de travail

Des secteurs en croissance comme l’enseignement, les services professionnels, la finance et les assurances, et les administrations publiques arrivent à attirer les employés du commerce et de la fabrication.

Il semble y avoir eu moins de changements de métier que de changements de secteur. Autrement dit, on exerce la même profession, le même métier, mais dans une autre industrie. Un conseiller-vendeur dans une quincaillerie continue à vendre, mais il va préférer vendre par exemple de l’assurance. Une serveuse de restaurant préférera le service client d’une banque.

Un taux de chômage à son plus bas pour finir l’année 2021

Quand on dit que les employés ont en ce moment le gros bout du bâton, il faut regarder aussi du côté des chiffres de chômage.

Alors que 2021 débutait sur une note négative, avec un soubresaut du taux de chômage à 8,8 %, le reste de l’année a vu une baisse constante de cet indicateur. Le taux de chômage au Québec est même redescendu à des niveaux planchers en fin d’année, s’établissant à 4,7 % en décembre. Depuis 2016, le taux de chômage est d’ailleurs plus bas au Québec qu’au Canada ou en Ontario.

Davantage de postes vacants que de chômeurs

Au-delà de la récupération des pertes d’emplois accusées au cours des premières vagues de la pandémie, le marché du travail se resserre indéniablement. Le nombre de postes que les employeurs tentent de combler augmente plus rapidement qu’avant la pandémie. Si bien que, entre les troisièmes trimestres de 2019 et 2021, l’écart entre le nombre de chômeurs et de postes vacants a été réduit des deux tiers. Du 3e trimestre de 2019 au 3e trimestre de 2021, six secteurs sont responsables de près de 80 % de la croissance des postes vacants. Cependant les dynamiques à l’œuvre sont de deux types : alors que certains secteurs ne parviennent pas à attirer assez de travailleurs pour retrouver le niveau d’emploi d’avant la pandémie, dont ceux de la fabrication et du commerce de détail), d’autres ont largement dépassé ce niveau, mais sont quand même aux prises avec une hausse importante des postes à pourvoir (construction, des services professionnels, scientifiques et techniques, et des soins de santé et assistance sociale).

La variable salariale va peser avec l’inflation qui pointe

Avant Omnitron, les attentes salariales montaient, mais raisonnablement, de l’ordre de 2,1 %. La pression monte, on parle d’augmentations de 3,4 %.

En fait, il s’agira d’un rattrapage, car les données disponibles montrent que le salaire réel, celui ajusté à l’inflation, a bel et bien diminué, ce que les syndicats ne rateront pas d’utiliser dans leurs négociations à venir…

Le commerce de détail pourrait être confronté à des difficultés de recrutement persistantes, et être même contraint à revoir son modèle d’affaires et son organisation du travail bien au-delà de la pandémie, d’autant qu’il est en plus frappé par trois autres facteurs démographiques:

– le vieillissement rétrécit la population active disponible;

– une certaine tendance à la retraite hâtive semble plus populaire à cause de la pandémie;

– les lenteurs bureaucratiques à l’égard de l’immigration freinent l’afflux de sang neuf sur le marché.

Avec la possibilité accrue de travailler de chez soi ou en mode « hybride » dans de nombreux secteurs, les emplois en quincaillerie et en usine qui, évidemment, ne permettent pas cette flexibilité perdent encore plus en popularité.

Parmi les recommandations de l’étude, on note d’accroître la formation continue pour augmenter les compétences du personnel disponible, de revoir l’organisation du travail, d’améliorer les processus en lien avec l’attraction et la rétention des immigrants et des travailleurs temporaires et de mieux soutenir les entreprises pour accélérer leur virage numérique.

Cliquez ici pour prendre connaissance de l’étude « Bilan 2021 de l’emploi au Québec: transformations sectorielles et déficit de compétences en vue » de l’Institut du Québec.

 

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