Une fois coulé, le ciment capturerait l’équivalent de 43 % des émissions de gaz à effet de serre qui ont été émises lors de sa fabrication.
Ces données tirées d’une nouvelle étude américaine s’ajoutent à celles publiées en 2014 par la revue Materials and Structures, qui estimait que la production de ciment était responsable de 90 % des émissions industrielles de dioxyde de carbone (CO2,), un gaz à effet de serre.
« Le ciment qui est exposé à l’air libre est un puits de carbone », a expliqué à La Presse Zhu Liu, géologue chinois qui fait actuellement un postdoctorat conjoint à Caltech et à l’Université Harvard et qui est l’auteur principal de l’étude publiée hier dans la revue Nature Geoscience.
« Durant sa vie utile, il capte beaucoup de CO2, l’équivalent de 43 % de ce qui a été émis lors de sa fabrication. C’est une relation très stable, peu importe le type de ciment ou la température ambiante. »
Les scientifiques envisagent maintenant une minéralisation du CO2 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
« Si le CO2 produit par les cimenteries était capté et minéralisé à la source, le ciment pourrait devenir une source négative de CO2, une solution au problème des changements climatiques », a ajouté M. Zhu en entrevue.
Des chercheurs ont même démontré que le CO2 injecté dans certains types de formations rocheuses souterraines en Islande est transformé en solide beaucoup plus rapidement que prévu.
L’équipe de M. Zhu s’est penchée sur la capacité de quatre types de ciment en Chine, en Europe et aux États-Unis à capter ce gaz. Ils ont découvert que le CO2 ne se minéralise pas qu’en surface. En pénétrant par les pores, il interagit même avec les couches de ciment ou de roches qui ne sont pas exposées à l’air. Les couches minces de ciment comme le mortier capturent le gaz plus rapidement.
C’est la première fois qu’un tel exercice est réalisé avec ce matériau. « Il faut des modèles numériques assez sophistiqués, et l’étude de la minéralisation du CO2 ne s’est jamais attardée au ciment, plutôt aux formations souterraines dans le but de mettre hors d’état de nuire le CO2 émis par les usines et les centrales thermiques », a conclu M. Zhu.