Chantiers Chibougamau fait l’acquisition des actifs de la Corporation Interfor au Québec pour un montant de 30 millions de dollars. L’entreprise met la main sur l’usine de Matagami, où l’on fait du sciage et du séchage, ainsi que deux usines à Val-d’Or où sont réalisées des opérations de sciage, du séchage, du rabotage et des produits à valeur ajoutée avec comme fer de lance des sommiers de lit, ainsi que toutes les opérations forestières qui se rattachent à ces usines.
Interfor a décidé de mettre fin à ses activités au Québec étant donné les baisses d’approvisionnement en bois décrété après les feux de forêt de l’été 2023. C’est ce qui a mené à la vente de ses trois usines et de son bureau de Montréal.
« Cette acquisition nous permet de sécuriser l’entrée de 630 000 mètres cubes de bois en plus dans notre cycle de transformation », mentionne Frédéric Verreault, directeur exécutif au développement corporatif chez Chantiers Chibougamau.
Cet investissement permet ainsi de sécuriser l’approvisionnement en matière première de l’entreprise, alors que des feux de forêt et la protection du caribou forestier ont grandement limité la quantité de bois disponible dans ce secteur. L’approvisionnement supplémentaire lié à l’acquisition des usines permet une meilleure prévisibilité de livraison pour les différents matériaux de construction, mais aussi pour les copeaux pour la production de pâte Kraft et pour l’utilisation des résidus dans la production d’énergie.
« Ça va nous permettre de renforcer nos opérations actuelles », note Frédéric Verreault.
Les nouvelles usines permettront de garantir un volume de bois suffisant pour la production de bois, mais aussi pour l’approvisionnement en copeaux pour la pâte Kraft et en résidus pour la production d’énergie.
Ces scieries appartenaient jadis à Domtar, qui opérait également l’usine de pâte de Lebel-sur-Quévillon jusqu’en 2005. Vingt ans plus tard, l’écosystème industriel de l’époque est recomposé sous l’égide de Chantiers Chibougamau.
Ces nouvelles usines s’ajoutent à celles de Chibougamau, Béarn, Landrienne et La Sarre, à l’usine Nordic Kraft de Lebel-sur-Quévillon (300 000 tonnes de pâte kraft par an) et l’équipe d’ingénierie et de gestion de projet, Nordic Structures, à Montréal. Trois cents travailleurs s’ajoutent ainsi à l’équipe de Chantiers Chibougamau, qui comptera maintenant 1800 employés.
Avec cette transaction, l’entreprise aura désormais une capacité de transformation de plus de 3,5 millions de mètres cubes de bois, soit une capacité pour construire 55 000 maisons par an. Cette dernière produit également près de 40 MW d’énergie renouvelable avec son usine de cogénération.
« On demeure lucide dans le contexte où l’approvisionnement en bois a baissé au même moment où les prix du bois sont au plancher », soutient Frédéric Verreault. Ce dernier souligne que les baisses d’approvisionnement décrétées après les feux font en sorte qu’il y a un énorme manque à gagner, correspondant à l’approvisionnement total de deux usines de sciage pour les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec.
Un examen complet des opérations sera réalisé lorsque Chantier Chibougamau prendra officiellement possession des usines.
La décision de Interfor serait motivée par le désir de concentrer ses efforts sur les « zones de plus grand potentiel futur pour le reste de l’entreprise. »
Le prix d’achat est basé sur la valeur de certains éléments du fonds de roulement au 30 juin 2024. De plus, les parties concluront un contrat pluriannuel pour la fourniture de bois classé selon la résistance mécanique (MSR) à l’usine de produits de bois d’ingénierie I-Joist d’Interfor à Sault-Sainte-Marie, en Ontario.
La vente n’inclut pas les dépôts de droits compensateurs (CV) ou de droits antidumping (AD) liés au différend commercial en cours sur le bois d’œuvre entre les États-Unis et le Canada; tous les dépôts CV et AD historiques jusqu’à la date de clôture seront conservés par Interfor. Le total des dépôts CV et AD liés aux installations jusqu’au 30 juin 2024 s’élevait à environ 56 millions de dollars US, hors intérêts.
Dans le cadre du plan de sortie, Interfor a également annoncé son intention de fermer définitivement son bureau corporatif à Montréal dans les mois à venir.
Interfor continuera de posséder et d’exploiter ses cinq scieries et son usine de produits de bois d’ingénierie I-Joist en Ontario, ainsi que ses deux scieries et son activité de gestion forestière au Nouveau-Brunswick.
« Après un examen attentif des options futures pour nos opérations au Québec, nous croyons que la vente à Chantiers Chibougamau est la meilleure solution à long terme pour Interfor », a déclaré Ian Fillinger, président et chef de la direction. « La décision de quitter nos opérations au Québec a été influencée par des développements récents qui ont restreint la disponibilité de fibre économique, y compris les incendies de forêt records en 2023. Cette cession nous permet de concentrer nos ressources sur nos scieries de l’Est du Canada situées en Ontario et au Nouveau-Brunswick, qui sont bien positionnées avec des coûts de grumes compétitifs et un mélange de produits de bois d’œuvre épinette-pin-sapin de plus en plus précieux. »
Les scieries de Val-d’Or et de Matagami ont une capacité de production de bois d’œuvre en deux équipes combinées de 255 millions de pieds-planche par an, représentant environ 5 % de la capacité totale d’Interfor. Cependant, les scieries n’ont produit que 206 millions de pieds-planche de bois d’œuvre au cours des douze mois précédant le 30 juin 2024, soit un taux d’utilisation d’environ 80 %. Depuis début août 2024, les scieries fonctionnent à un taux d’utilisation d’environ 50 %.
La finalisation de la transaction est soumise aux conditions habituelles, y compris les approbations réglementaires, et devrait être conclue en décembre 2024.
Interfor prévoit de prendre une charge de dépréciation au troisième trimestre de 2024 en lien avec cette annonce.