Un vent de passéisme a soufflé frais dans les esprits des congressistes, le 15 mars, quand un membre s’est rappelé tout haut la belle époque des dimanches sans commerce. L’ère a semblé révolue. Jusqu’au moment où un autre a lancé que le dimanche continuait d’être sacré dans plusieurs provinces et États de l’Amérique.
Ah oui?
Eh bien! oui. Les sceptiques seront confondus d’apprendre que les quincailleries et les centres de rénovation de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba, de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick n’ouvrent pas les dimanches. De fait, aucun commerce n’ouvre, à part les marchés d’alimentation, les pharmacies, les restaurants, les bars et les stations-services.
Histoire de s’entrer un couteau dans la plaie, cela veut dire que nos collègues de ces provinces bénéficient de pratiquement deux mois de congé!
Par rapport à nos chiches six jours actuels, pas de comparaison possible. Les différences sont trop extrêmes. Je suis bouche bée et clavier coupé.
C’est comme si la fameuse différence canadienne, que vénère souvent le cinéaste Michael Moore et bien d’autres américains jaloux de notre caractère européen, ne s’exprimait pas au Québec. Comme si seul le modèle floridien nous inspirait, alors que des villes américaines tout près se gouvernent sur d’autres modèles que celui du 24 h/7 j. Nous ne sommes quand même pas des dépanneurs!
Pourtant, comme disent les anglais, « money talks », ou pourrait-on dire : « seul l’argent a un sens ». Du moins pour les gens d’affaires. Or, aucune étude ne démontre que plus on ouvre de longues heures, plus on vend. Par contre, les coûts d’exploitation, eux, grimpent. Qui peut croire qu’un consommateur va acheter plus si son magasin est ouvert plus longtemps? Il est le même individu avec le même budget, peu importe les heures d’ouverture.
Même les conservatrices Alberta et Ontario permettent neuf jours de congé par année à leurs commerçants et à leurs employés. La Colombie-Britannique aussi. C’est même un peu mieux en Saskatchewan, à Terre-Neuve et au Nouveau-Brunswick, où on accorde dix jours fériés par année.
Quand je regarde le paysage statistique au regard de notre résolution votée en assemblée générale − laquelle propose au gouvernement le retour à sept jours de congé − je me dis qu’on est modestes dans nos demandes. En tout cas, personne ne va nous qualifier d’extrémistes!
Le problème est ailleurs. Il est dans la permissivité qu’on s’est donnée de laisser tout commerce vendre n’importe quoi. Ailleurs, les raisons d’être d’entreprises semblent appliquées avec plus de fermeté qu’ici. Nous reviendrons sur cette question fondamentale.
Pour l’heure, étant convoqué au cabinet du ministre Bachand, je m’en vais à Québec et vous en dirai plus la semaine prochaine…