Je ne me ferai que des amis en écrivant que les gouvernements doivent surtaxer la consommation des produits néfastes. En spécifiant les produits visés, certains passeront dans le camp ennemi parce qu’ils en font (trop) usage. Je pense ici aux produits du tabac, aux boissons alcoolisées, aux aliments vides sur le plan nutritif et, bien sûr, aux grosses cylindrées (sauf pour usage professionnel). D’autres ajouteraient les services de bronzage ou de chirurgie esthétique, les courses de voitures, etc.
On arrête où, au fait?
L’État est mal barré s’il se dirige dans cette voie. Il fait encore plus mauvaise route s’il se met à tarifer « steady pis égal » tout le monde, confondant alors deux mots proches : l’équité et l’égalité.
Tout le monde, à gauche comme à droite, sera d’accord pour dire que les familles nombreuses et pauvres ne pourraient ingérer une augmentation des tarifs d’électricité aussi facilement qu’un couple aisé et consommateur.
De telles mesures ne feront qu’exacerber une frange de nos compatriotes, dont on fait tous partie à un moment ou à un autre. Se considérant alors victimes, voire martyrs, les surtaxés enragent contre le percepteur et, par extension, contre l’autre population, la plus verte, plus saine, plus énervante pour eux.
De fait, de telles mesures, tout comme les tickets modérateurs, ont autant d’effet que des diachylons sur des bobos. Il faut s’attaquer à la racine des maux pour les régler.
Ainsi, avant de surpénaliser les gestes négatifs envers la planète, il convient de s’assurer de ne pas alourdir la charge fiscale globale. Tous les statisticiens nous la sorte parce qu’elle est fondée : on est fortement imposés. Faut pas en rajouter. Par exemple, j’ai une amie qui était tout heureuse de revenir au Québec après quelques années à Toronto, d’autant plus qu’elle gagnerait 3 000 $ supplémentaire. Elle déchante après sa première paie, car son revenu net est inférieur d’environ 2 000 $!
Une pression maximale pèse sur les revenus du travailleur québécois. Il faut certes réorienter les modes de production et de consommation vers un modèle plus durable, sans cependant toucher ni le pouvoir d’achat des ménages, ni la compétitivité des entreprises, ni le budget de l’État.
Une délicate ingénierie fiscale doit commencer pour faire en sorte que les modes de production − et pas seulement de consommation − les plus respectueux de l’environnement deviennent financièrement les plus avantageux et les comportements écoresponsables s’imposeront d’eux-mêmes. Les recettes générées par une approche dite de « fiscalité verte » sont naturellement appelées à décroître progressivement, affaissement en revanche compensée par un allègement des dépenses sèches. Par exemple, la diminution du trafic automobile induira une réduction des budgets pour l’entretien des routes, des frais de santé liés à la pollution, des coûts liés au temps perdu dans les embouteillages, etc.
Je suis de l’école qui prétend que pour être équitable, on est parfois obligé d’être inégal. Cette même façon de penser préférera la discrimination au nivellement vers les médianes. Haussons le ton en faveur d’un développement durable et éduquons plutôt que de simplement hausser nos taxes et nos impôts.